« Le marché est d’une certaine façon un guide. Si c’est utile les gens l’achétent, le produit est viable. Si il ne l’est pas personne ne l’achéte et on en parles plus. » « Viable commercialement » n’est pas synonyme d’ « utile ».
Pourtant des tas de choses inutiles sont vendues et achetées tous les jours. C’est même une part prépondérante du marché. Des tas de produits viennent seulement répondre à des besoins artificiellement créés : susciter des besoins est d’ailleurs une des bases de la stratégie marketing...
« Parce que finalement tous les comités de bio-éthique truc-éthique et merde-éthique ca ne sert qu’à payer des grabataires minables. » Jugement péremptoire à 2 balles (avec un mépris évident de l’âge).
« Si vous avez l’impression qu’un gadget chasse l’autre c’est que le progrès est très rapide (...) » Ou bien c’est juste que vous êtes à fond formaté dans cette manière de penser de l’éphémère consumériste.
« Si les ingénieurs remplacent les sorciers, il n’y a en soit rien de mal. La société conserve ses sorciers. » Ce n’est pas une question de bien ou mal. Le statut de « sorcier » est compatible avec une société qui ne se fonde pas sur la Raison. Or le paradoxe est que de facto, les tenants de la technoscience (comme de la médecine, d’ailleurs), sous prétexte d’être détenteurs de la rationalité scientifique, investissent ce rôle social d’autorité de référence dans le registre de l’irrationnel.
Le fait que cela détruise les rapports sociaux de l’ancienne société et les remplace par des nouveaux est un fait. Une nouvelle société stable va se batir dessus." Sauf que la société actuelle paraît bien loin de la stabilité...
« La recherche du progrès et de la connaissance est en train de remplacer la recherche du paradis et de la spiritualité. Les ingénieurs en sont le clergé. Les marchands en sont la noblesse. Et tout le reste est à reconstruire... »
Vous semblez donc approuver un modèle social basé sur une noblesse et un clergé, grand bien vous fasse... Le paradigme qui associe nécessairement l’idée de « progrès » au savoir (plutôt qu’à la connaissance) est lui-même amené à être dépassé. Dans une perspective éthique, il s’agirait de mener la recherche du savoir scientifique à son terme dans un domaine donné avant d’envisager l’éventuel « progrès » qui pourrait en découler (sauf à risquer des catastrophes) ; or, sous la pression du marché, le système actuel fonctionne exactement à l’inverse. Dès qu’une découverte permet d’envisager un profit, on cherche à l’exploiter, sans même savoir si on maîtrise les conséquences de son utilisation (je vous passe les exemples de préjudices commis envers l’humain ou son environnement, nombreux depuis plus d’un siècle).