J’ai pris un grand plaisir à regarder la course, et au vu du résultat, je n’ai pas pu penser autre chose que : dopage, mais...
J’ai fait de l’athlétisme plus jeune (à l’époque de carl Lewis, ça ne nous rajeunit pas !) et le record du 100m, il s’améliore en comptant les centièmes de secondes grignotés.
Le plus grand écart enregistré depuis l’avènement du chrono électronique (1975, je crois) était de 5 centièmes de secondes avec le record de Maurice Greene en 1999, là, le record est passé de 9.74 à 9.58 en deux ans, soit un gain de 16 centièmres de secondes à comparer avec les 16 ans qu’il a fallu attendre pour passer de 9.90s à 9.74s...
Il n’a pas pulvérisé le record, il l’a plus que tchernobylisé !!! C’est du jamais vu.
J’ai d’ailleurs trouvé très intéressante la réaction des commentateurs lorsque les chiffres sont tombés : pas de grands cris sur le record en lui même, mais beaucoup plus sur le niveau de la finale (un seul coureur au dessus de 10.0s !) sur l’exploit de Gay (9.71s) etc... Pas un mot de Diagana sur le coup au sujet record lui même, parce que c’est tellement énorme, qu’on ne peut que penser « dopage », c’est inévitable, mais impossible à dire à l’antenne, surtout sans preuves...
Peut-on pour autant affirmer avec certitude qu’il s’est dopé ?
Non, je ne le pense pas
En premier lieu, c’est un débutant au 100m, une amélioration de plusieurs dixièmes de secondes de son record personnel les premières années est tout à fait possible et cohérente.
En deuxième lieu, les technologies sont beaucoup plus poussées, aussi bien au niveau des pistes (autrement plus rapides que les pistes cendrées), qu’au niveau des chaussures (plus légères et ergonomiques, qu’au niveau de l’entraînement des athlètes (utilisation de la vidéo, connaissances très poussées en biomécaniques...)
De plus, il ne faut pas oublier le coté psychologique : le seuil des 10s au 100m est une barrière psychologique très difficilement franchissable, réservée à quelques privilégiés (il est intéressant de noter d’ailleurs, que selon wiki -à vérifier donc- aucun blanc ou asiatique n’a encore franchi la barre des 10s !)
Pour l’analogie, c’est comme le smash au basket : il y a un cap mental à franchir pour parvenir à la hauteur du panier, si le mental n’y est pas, c’est mission impossible !
De toute évidence, coté mental, ils sont sûrs de pouvoir courir dans des temps chronos impossibles, ce qui change un peu la donne ;
Enfin, il y a le physique du personnage, son anatomie est hors de la « norme » jusqu’à présent préconisée pour faire du 100m. On verra bien si c’est un nouveau gabarit plus propice à cette course si d’autres sprinters avec les mêmes caractéristiques pointent le bout de leur nez à cette épreuve. C’est une possibilité ! (Les entraineurs d’athlé orientent généralement les jeunes sur les différentes disciplines en fonction de leur profil et des besoins du club, les perf sont généralement « relativisées », car sans technique, la perf n’indique pas grand chose, et le « flair » pour détecter les « surdoués » relève plus de l’expérience que de l’analyse des perfs du débutant.)
Du coté dopage, le souci est qu’à l’heure actuelle, les produits crées le sont pour être indétectables.
Florence Griffith Joyner, sprinteuse historique, n’a jamais été « contrôlée positive », mais est décédée à 39 ans, laissant derrière elle des records qui tiennent encore aujourd’hui (la 3ème meilleure perf mondiale de l’histoire réalisée en 2009 est à 24centièmes de seconde du record établi en 1988 ! Et pour le 200m, les meilleures aujourd’hui se « trainent » à 40 centièmes du record, tout en décochant le 8ème meilleur temps de l’histoire)
Pour Joyner, son décès prématuré laisse peu de doutes quand au dopage...Mais à postériori seulement.
Pour Usain Bolt, je pense qu’il en va de même, on ne sait pas s’il s’agit d’un phénomène unique, ou d’un résultat de dopage, le temps le dira..
Pour terminer sur ce long long billet : dopage ou pas, il ne faut pas oublier que les athlètes travaillent comme des malades pour parvenir à ce niveau et sacrifient tout ou presque pour réussir, et de ce point de vue, je les respecte malgré tout.
Dire que n’importe qui avec son produit dopant peut arriver au même résultat est une ineptie sans nom (d’ailleurs, comment expliquer (si le fait est avéré) qu’aucun blanc ou asiatique à ce jour ne soit descendu en dessous de 10s ? Que ce ne sont que les noirs qui ont accès au meilleurs produits dopants ou les seuls à se doper ? Quelle plaisanterie !) Il faut arrêter de lire Asterix, les enfants, les produits dopants améliorent les perfs, mais ne font pas tout, loin s’en faut, et bien que leurs conséquences sur l’organisme sont souvent graves, certains athlètes y ont de tous temps eu recours..