• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Sardas

sur Le second degré de Secret Story


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Sardas 7 septembre 2009 02:24

Je regarde Secret Story régulièrement et comme l’auteur de cet article, je trouve l’émission extrêmement intéressante. Cessez de cracher sur le « premier degré » et arrêtez de vous cacher derrière un article entier ou bien deux paragraphes de commentaires pour le nier : c’est ce qui est le plus intéressant car après 2 quotidiennes et un prime, n’importe qui a vite fait de comprendre les ficelles habillement maniées par Andemol. Donc oui, tous les fans autoproclamés ici ne valent pas plus que le boutonneux de base, la jeune anorexique ou la ménagère de 50 ans.

Maintenant, en se penchant sur ce deuxième degré qui permet de justifier votre attrait pourtant évident pour le premier, je souscrit à peu près à ce qui est dit ici, mais je vais tout de même en parler.

Premièrement, pourquoi une émission si unanimement décriée est-elle si majoritairement regardée ?

Parce que c’est un des derniers endroits de liberté d’expression à la télé : tout ce qui est sale doit être montré et non pas caché car les altercations ne font jamais de mal à qui ou quoi que ce soit d’autre qu’à des anonymes dont on ne connait que le prénom. On reconnait enfin au téléspectateur son droit de jugement sur un évènement parce qu’on le lui sert tout cru. Un peu comme une compétition sportive. Vous me direz que les séquences montrées à la télé sont soigneusement choisies, que d’autres sont volontairement cachées, que les séquence en questions sont bien souvent introduites et commentées afin de « guider » le spectateur. Certes, tout comme on a droit aux commentaires dans un match de foot... Peu de gens enlèvent le son pour mieux profiter du match pourtant.
Par opposition aux émissions si consensuelles qu’on nous sert habituellement, le spectateur a enfin droit à des altercations, à des critiques gratuites et méchantes, à des confrontations d’égo assumées. Les règles du jeu, il n’y en a pas vraiment. On peut cracher sur tout ce qui bouge parce que si on crache sur l’un, on n’a pas peur des réprésailles médiatiques des amis de la personne en question puisque c’est la première fois qu’elle met les pieds dans le show-biz.

En quoi le rapport entre le spectateur et l’émission est-il changé ?

Le spectateur assiste jour après jour à une expérience psycho/sociologique facilement décryptable. Du fait du système de votes, il entretient un rapport particulier avec les gens qui sont dans la maison car on lui offre ouvertement ce pouvoir divin que de juger son prochain. Si les habitants devaient désigner eux-même chaque semaine la personne qui doit partir, alors la distance séparant le téléspectateur de son écran serait augmentée d’un bon mètre car son jugement n’aurait aucune influence sur le déroulement du jeu. Même pour celui qui ne vote pas, car il a tout de même le sentiment que s’il n’a pas gaché son forfait, d’autres l’auront fait pour lui.
Comme dans une émission politique, le spectateur observe l’évolution des personnages, de leur caractère et de leur position dans le groupe. Ils jugent l’intimité qu’ils créent avec l’un ou avec l’autre en fonction du lien affectif qu’ils créent avec la personne, au même titre que l’on juge des liens de classe, de pertinence et d’affinité socio-économique avec un homme politique. Secret Story a pour avantage de mesurer en direct l’effet d’une semaine de palabres entre les candidats de la maison alors que la course à la présidentielle dure 6 mois au bout desquels on est soulagés de voir enfin les résultats pour passer à autre chose. Là on n’attend qu’une semaine.

Bref, Secret Story marche bien car en une seule émission, vous avez le sentiment de vérité du sport où les images ne mentent pas et de pouvoir critique sur l’émission tel un citoyen assistant à un débat politique.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès