Si
j’ai bien compris, admettons que pour que la vraie grippe devienne
épidémique on estime qu’il faut 60 cas pour 100 000. En septembre
on dépiste 20 cas de fausse grippe, aussi on met le seuil à 80.
Mais en janvier on trouve 100 cas de fausse grippe aussi on met le
seuil à 160.
Dans
son analyse, Bernard Dugué a sans doute oublié de tenir compte de
cela mais son article permet d’en parler et ainsi de progresser.
Cessons de vouloir des auteurs et des articles infaillibles. L’erreur
fait souvent davantage progresser et tout le monde en fait y compris
nos Comités d’experts. Un exemple : il y a près d’un an, pour
contrer l’annonce de l’étude significative de Marc Tardieu sur la
vaccination hépatite B, notre Commission nationale de
pharmacovigilance invoque le risque de première espèce pour
déclarer son résultat fortuit. Mais par un raisonnement qui
annihilerait tous les tests statistique.
J’explique
avec des pièces. J’obtiens 80 piles en lançant 100 fois un louis
d’or, signe que la pièce est sans doute déséquilibrée. On me
rétorque que non car un parisien a obtenu 42 piles avec une pièce
d’un euro, un toulousain 45 piles avec 2 euros, un marocain etc et
qu’en cumulant tous ces résultats, l’ensemble est équilibré et que
c’est cela qui compte !
Chercher
l’erreur. Si on accepte un tel raisonnement on pourra noyer n’importe
quel résultat aussi significatif qu’on voudra dans un flot
d’expériences réalisées dans d’autres conditions. Le problème est
là : le risque de première espèce s’applique dans le cas de la
répétition de la MÊME expérience : toutes les pièces doivent
avoir la même probabilité de tomber sur pile.
Pour
l’étude Tardieu, un groupe avait un risque relatif de 2,77, un autre
0,45. On peut tester que la différence est très significative,
autrement dit que les 2 groupes ne semblent pas avoir le même risque
de sclérose en plaques. C’est comme si le louis d’or et la pièce de
1 euro n’avaient pas la même probabilité de tomber sur pile et c’en
est fini du risque de première espèce, bien entendu.
L’essentiel
n’est pas de ne jamais faire d’erreur mais de savoir les gérer. Nos
Comités d’experts qui jugent les études se présentent comme
infaillibles. Ils ne le sont pas bien sûr. Faut-il ne rien dire
quand on risque de faire des erreurs ? Non car alors ce serait
silence total à tous les niveaux. Mais il faut qu’au plus haut
niveau ils acceptent de reconnaître aussi leurs erreurs et à notre
niveau, plus modeste, de corriger mutuellement les nôtres pour progresser ensemble
plutôt que de profiter d’une erreur pour écraser par des
’’taisez-vous si vous n’êtes pas expert’’.
Mon blog sur les vaccinations :
http://questionvaccins.canalblog.com