BEHE est-il
croyant ? Cette question n’est-elle pas pertinente lorsqu’on constate que tous les scientifiques qui sont
créationnistes, ou partisans du « dessein intelligent » sont croyants ? CE que l’on pense
ne dépend-il pas du POURQUOI on le pense ?
La remarquable étude du CNRS à propos de l’évolutionnisme et du créationnisme
http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosevol/decouv/articles/chap1/lecointreInter .html, aussi complète soit-elle, n’aborde pas non plus la question de savoir pourquoi les créationnistes, parfois souvent éminents, sont manifestement imperméables à toute argumentation rationnelle et scientifique.
Certes, on peut comprendre cette croyance : à notre
échelle moins que centenaire, il est difficile, et même quasi impossible, de se
représenter une durée aussi longue que 3,8 milliards d’années et donc le temps
qu’il a fallu pour que la vie apparaisse à la suite de la chute d’une
météorite, qu’elle se diversifie et quelle évolue, par adaptations,
complexifications et mutations successives et aléatoires jusqu’à l’être humain.
A fortiori,
on peut comprendre que le génome, les prodigieuses capacités du cerveau humain,
etc … paraissent inconcevables à certains sans l’intervention ( ex nihilo , ? ! ) d’un « grand
architecte » anthropomorphique et « créateur de l’homme à « Son »
image ».
Il y a aussi l’orgueil qui empêche les croyants d’admettre que l’être humain fait partie du règne animal, persuadés qu’ils sont d’avoir une relation privilégiée avec Dieu …
La croyance créationniste,
comme réponse immédiate et sécurisante à l’incertitude et aux lacunes actuelles
des sciences, est d’autant plus compréhensible que, comme l’a dit avec raison, le
pasteur évangélique Philippe HUBINON à la RTBF : « S’il n’y a pas eu
création, tout le reste s’écroule ! ».
J’observe en effet, après l’âge d’environ 25 ans environ, il devient rare, voire impossible, d’encore parvenir à remettre en question ses options fondamentales, sans doute pour ne pas se déstabiliser, ou alors pour ne pas se désavouer. Comme l’écrit Guillaume LECOINTRE, « la science est tout simplement non intentionnée. Pour autant, elle n’est peut-être pas dénuée de conséquences vis-à-vis de la philosophie ».
En effet, les observations des neurosciences, en particulier, loin de chercher à prouver l’inexistence de dieu, tendent néanmoins, me semble-t-il, à prouver son existence imaginaire et illusoire.
Il ne faut évidemment rien attendre, si ce n’est a contrario, de certains pseudo scientifiques canadiens, largement financés par la Fondation chrétienne Templeton qui espère prouver scientifiquement l’existence de dieu !. C’est ainsi que, pour conforter en plus sa propre croyance, Mario BEAUREGARD notamment, a sérieusement cherché dans le lobe temporal droit l’antenne, le récepteur que dieu y aurait placé pour recevoir sa « Révélation » . ! Non seulement il a dû reconnaître qu’il n’y en a pas, puisque tout le cerveau est concerné par l’attitude religieuse, mais il occulte totalement l’influence éducative et culturelle de l’éducation religieuse. Et pour cause puisqu’ il en a lui-même été une victime (inconsciente) ...
Est-il possible d’émettre des hypothèses explicatives, fussent-elles définitivement très partielles, sur l’origine et la fréquente persistance de la foi, même chez des scientifiques, par ailleurs souvent éminents ? Il n’est bien sûr pas question de vouloir simplifier ou réduire l’extraordinaire complexité du psychisme humain, et en particulier le phénomène religieux, à des « mécanismes » psycho-neuro-physio-génético-cognitivo-éducatifs. Mais cette nouvelle approche permet déjà, à mes yeux, de relativiser la part de liberté individuelle.
Comme l’a écrit le neurobiologiste
Henri LABORIT : " (...) Je suis effrayé par les automatismes qu’il
est possible de créer à son insu dans le système nerveux d’un enfant. Il lui
faudra, dans sa vie d’adulte, une chance exceptionnelle pour s’en détacher,
s’il y parvient jamais.(...) Vous n’êtes pas libre du milieu où vous êtes né,
ni de tous les automatismes qu’on a introduits dans votre cerveau, et,
finalement, c’est une illusion, la liberté
! ».
C’est un fait d’observation sociologique : statistiquement, la liberté de croire ou de ne pas croire est souvent compromise, à des degrés divers, par l’imprégnation de l’éducation religieuse familiale, forcément affective puisque fondée sur l’exemple et la confiance envers les parents, et confortée par l’influence d’un milieu culturel, unilatéral puisqu’il exclut toute alternative laïque non aliénante et qu’il incite, à des degrés divers, à la soumission à une Vérité exclusive et dès lors intolérante. L’éducation coranique en témoigne hélas à 99,99 %.
Cette soumission religieuse s’explique : comme l’avait déjà compris Desmond MORRIS, en 1968, dans « Le Singe Nu », Richard DAWKINS estime, dans « Pour en finir avec dieu », que du temps des premiers hominidés, le petit de l’homme n’aurait jamais pu survivre si l’évolution n’avait pas pourvu son cerveau tout à fait immature de gènes le rendant dépendant, et totalement soumis à ses parents (et donc plus tard à un dieu … !).
Dès 1966, le psychologue-chanoine Antoine VERGOTE, alors professeur à l’Université catholique de Louvain, a montré, sans doute à son grand dam, qu’en l’absence d’éducation religieuse, la foi n’apparaît pas spontanément, et que la religiosité à l’âge adulte en dépend. Son successeur actuel, le professeur Vassilis SAROGLOU, le confirme. Ce nouveau mécanisme de défense, animiste du temps des premiers hominidés, n’est apparu que grâce à la capacité évolutive du seul cortex préfrontal humain, à imaginer , grâce au langage et par anthropomorphisme, un « Père protecteur, substitutif et agrandi » , fût-il de nos jours qualifié rationnellement de « Présence Opérante du Tout-Autre »,(A. Vergote).
Comme on pouvait le prévoir, des neurophysiologistes ont constaté que chez le petit enfant, alors que les hippocampes (centres de la mémoire explicite) sont encore immatures, les amygdales (celles du cerveau émotionnel) sont déjà capables, dès l’âge de 2 ou 3 ans, de stocker des souvenirs inconscients (donc notamment ceux des prières, des cérémonies, des comportements religieux des parents, …, sans doute reproduits via les neurones-miroirs du cortex pariétal inférieur. Ces « traces » neuronales, renforcées par la « plasticité synaptique », sont indélébiles …
L’ IRM fonctionnelle confirme que le cortex préfrontal et donc aussi bien l’esprit critique que le libre arbitre ultérieurs s’en trouvent anesthésiés à des degrés divers, indépendamment de l’intelligence et de l’intellect, du moins dès qu’il est question de religion.
On comprend que, dans ces conditions, certains athées comme Richard DAWKINS, ou certains agnostiques, comme Henri LABORIT, au risque de paraître intolérants, aient perçu l’éducation religieuse précoce, bien qu’a priori sincère et de « bonne foi », comme une malhonnêteté intellectuelle et morale. Bien que les religions, et a fortiori leurs dérives (guerres religieuses, inégalité des femmes, excisions, …) soient plus nocives que bénéfiques à tous points de vue, il va de soi que la foi restera toujours un droit élémentaire, mais d’autant plus respectable qu’elle aura été choisie en connaissance de cause, plutôt qu’imposée.
Michel THYS à Waterloo. [email protected]
04/11 12:25 - werther_original
Allez J.L , sans rancune. Ce qui a mis le feu aux poudres est le point d’interrogation (...)
04/11 12:20 - JL
@ Werther, on peut être opposant au darwinisme social sans perdre son sang froid et son bon (...)
04/11 12:16 - werther_original
Non. Vous prenez comme postulat que le bien et le mal existe. Prenons un exemple. Si (...)
04/11 11:17 - JL
« je crois que la génétique se fout completement de la notion du bien et du mal et de la (...)
04/11 09:32 - werther_original
Salut JL, J’ai adopté un ton un peu agressif parce que je croyais que vous vous moquiez (...)
04/11 00:01 - JL
@ Werther, détrompez-vous, j’approuve parfaitement votre remarque. Je n’aime pas (...)
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