"Un communiqué du ministère de la santé en date du 10/12/2009 préconise aux médecins de prescrire systématiquement un traitement
antiviral (Tamiflu notamment) à tous les patients porteur d’un syndrome
grippal !"
Le gouvernement n’est peut-être pas très au courant de ce que l’on a dit du Tamiflu dans la presse spécialisée ?
Tamiflu, un remède pour les pigeons.
Source il manifesto, 8 mars 2006.
Par Serena Tinari traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
Extraits de l’article
Un médicament de peu
En 1996, Gilead cède à Roche tous les droits d’exploitation du Tamiflu,
contre 10 % des ventes. Le médicament arrive sur le marché
nord-américain et suisse en 1999-2000, et dans la majorité des pays
européens entre 2002 et 2003. Indication : grippe saisonnière.
...
Est-ce un médicament efficace ?
Mais pourquoi Roche
n’aurait-elle pas investi ses puissantes ressources de communication et
marketing sur ce médicament ? Une réponse surgit spontanément à la
lecture des articles et recherches publiées par les revues
spécialisées. A la question clé, à savoir « est-ce un médicament
efficace ? », il n’y aurait pas eu de résultats scientifiques
suffisants. La critique de la newsletter suisse Infomed/Pharmakritik est douloureuse : « Sur
la base des connaissances actuelles, il n’existe aucun groupe bien
défini de malades de la grippe auxquels on puisse conseiller un
traitement à base d’Oseltamivir ».
La revue française Prescrire (seule revue médicale indépendante en France, non financée par des laboratoires, ndt) est catégorique : « A part les effets collatéraux, on ne comprend pas ce qu’il ajoute à la thérapie symptomatique traditionnelle ».
En février 2006, The Lancet enfonce le clou. Les chercheurs du groupe Cochrane ont examiné 50 études sur l’efficacité du Tamiflu et concluent : « Elle est trop modeste pour en conseiller l’utilisation ».
...
Les espoirs des gouvernements mondiaux
ont été déclenchés par contre, par la grosse artillerie de la stratégie
de Roche pour associer Oseltamivir à l’arsenal de la pandémie redoutée.
Il s’agit d’un test de laboratoire, dont les conclusions ont été
communiquées en 2004. Vingt rats ont été infectés par le virus H5N1 ;
les dix rats traités avec un autre anti-viral sont morts ; des dix qui
ont reçu de l’Oseltamivir, deux ont survécu. Expérience répétée
ensuite, avec des résultats analogues : sur des rats atteints de
l’aviaire, Oseltamivir fonctionnerait au moins un peu. Mais sur les
êtres humains ? Dans la littérature très peu de cas sont rapportés de
personnes affectées par la grippe aviaire et soignées par le Tamiflu.
Une étude vietnamienne a analysé dix patients : des cinq traités par le
Tamiflu, quatre sont morts. Très citée, une recherche hollandaise, qui
remonte à 2003 - mais c’était un autre virus (H7N7) et les résultats
sont définis comme « non concluants ». The Lancet a donné le coup de grâce en janvier dernier : « Nous n’avons trouvé aucune preuve de l’efficacité des inhibiteurs de la neuraminidase sur la grippe aviaire humaine »,
a écrit Tom Jefferson du groupe Cochrane. Les preuves de l’efficience
du Tamiflu sont labiles au point de mettre dans l’embarras le porte
parole de l’OMS, qui déclare : « C’est frustrant mais
c’est la situation dans laquelle nous sommes. Le virus a touché
tellement peu de personnes dans le monde que nous n’avons pas de
patients sur lesquels tester le Tamiflu ».