A propos des congrès OMS, AIEA ...
par Michel Fermex
http://www.dissident-media.org/infonucleaire/michel_fernex.html
A la conférence de l’AIEA, j’ai compris que la science
pouvait être utilisée pour éviter de trouver
un lien entre une maladie et un accident. La technique à
utiliser pour ce type de recherche « négative »
a été décrite par le Professeur J.F. Viel. Il faut tout d’abord choisir de
mauvais indicateurs dans les protocoles de recherche. Par exemple,
si l’on étudie les cancers, on choisira la mortalité
au lieu de la morbidité, sachant qu’il faut beaucoup d’années
avant que l’on ne meure d’un cancer.
On choisira ensuite la fausse pathologie, par exemple on recherchera
la cirrhose plutôt que le diabète sucré.
Il est aussi important de choisir un délai inapproprié,
pour que l’étude soit terminée avant la fin de la
période de latence des tumeurs malignes, ce qui permet
de conclure à l’absence de cancers radio-induits.
Le protocole exclura également de l’étude les groupes
à risque comme les femmes enceintes ou les enfants.
Sur ces bases, l’expert ne trouvera - comme souhaité -
aucune différence statistiquement significative. C’est
ainsi que les experts ne montrent pas la difficulté qu’il
y a à trouver des relations de cause à effet pour
des maladies peu fréquentes, mais prétendent avoir
démontré l’absence de lien entre Tchernobyl et la
pathologie étudiée. Ils concluent à l’absence
de risque, ce qui leur donne bonne conscience pour continuer à
promouvoir les centrales atomiques commerciales.
Viel cite Théodore Adorno : "Le scepticisme face à
ce qui n’a pas été prouvé peut rapidement
devenir interdiction de penser". Pendant toute la conférence
de l’AIEA à Vienne, j’ai senti que nous n’étions
pas autorisés à envisager d’autres conséquences,
que celles qui avaient été officiellement dictées.
Le cancer de la thyroïde, longuement nié les premières années,
est devenu tellement évident, qu’il n’était plus
possible de ne pas l’admettre. Le Lancet, après avoir refusé
plusieurs manuscrits sur ce sujet, a enfin publié des études
montrant le lien entre ce cancer et le degré de contamination
radioactive dans différentes régions. Le porte-parole
des experts à l’AIEA sur ce sujet, le Professeur Williams
de Cambridge, un chercheur de grande renommée, confirme
l’existence de ce cancer.
[...]
Le Congrès de l’AIEA a été douloureux à
suivre. L’attitude arrogante y était fréquente.
Un orateur a par exemple déclaré que "la seule
différence statistiquement significative trouvée
- par lui, et peut-être d’une façon générale
- entre les gens qui vivent dans les zones contaminées
et les autres, c’est que les premiers boivent davantage de vodka
que les seconds". L’arrogance était également
présente lorsqu’il a été dit que, plutôt
que d’évacuer tant de gens, ce qui a coûté
des millions de dollars, il aurait été préférable
d’accepter une certaine augmentation de l’incidence des cancers
et de mieux utiliser cet argent ailleurs. Les mêmes critiques
ont été adressées aux Suédois qui
ont interdit aux Lapons de consommer la viande des rennes.
Lorsque les gens discutaient des "niveaux de radiations soi-disant
acceptables", il s’agissait essentiellement de réduire
les coûts de l’accident actuel, et surtout les coûts
des prochains accidents. Ainsi, il leur semblait préférable
d’éviter l’évacuation des populations exposées
à des retombées radioactives même très
élevées. On a également discuté de
la possibilité de réinstaller des gens dans les
zones contaminées plus proches de Tchernobyl. Certains
experts y étaient favorables, à condition d’en étudier
les coûts.