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Commentaire de nenette

sur Adoption en Haïti : le coeur et la raison


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nenette 2 mars 2010 12:31

http://coeuradoption.org/blog/

(Im) postures et (in) conséquences

Le Ministère des Affaires étrangères a annoncé le 18 février 2010 aux adoptants en Haïti l’arrêt des procédures de rapatriement de leurs enfants. 120 enfants, pour lesquels le jugement d’adoption avait été prononcé, ne seront donc pas rapatriés,

Le trait est épaissi mais on croit comprendre la volonté de S. Marinopoulos (psychologue et psychanalyste) et P. Levy-Soussan (psychiatre et psychanalyste) de souligner ce qui fait problème dans cette rencontre entre parents et enfants, une situation que l’on aurait souhaitée apaisée au possible, accompagnée, soutenue. En particulier par les psychologues, psychiatres et psychanalystes présents.

Or, la suite du texte stupéfie : c’est une charge virulente contre des parents inconséquents aux comportements inadaptés.

Force est alors de se demander à quel titre ces deux personnes se trouvaient là : observateurs ? psychologues ? psychiatres ? psychanalystes d’urgence (sans doute une nouvelle notion) ?

On ne peut ensuite qu’être surpris par la posture adoptée. En effet, là où on pourrait s’attendre à une réflexion en profondeur sur les mécanismes psychiques à l’œuvre dans l’élaboration du lien parental adoptif, sans doute mis à mal dans de telles conditions, on ne trouve qu’une charge sans appel contre les parents adoptants dont sont relevés les comportements inconséquents

Il est bien dans l’air du temps de dénoncer l’attitude irresponsable des parents adoptants (ceux qui veulent un enfant « à tout prix »..). Un air du temps entretenu par certains médias faisant leurs choux gras d’histoires sinistres qui rassurent les braves sauditeurs sur leurs propres (forcément) bonnes conduites, un air du temps bien relayé par ceux qui ne voient dans l’adoption internationale qu’un versant à peine caché du trafic d’enfants. Mais est-ce une posture de psychanalyste que de condamner ainsi sans autre forme de procès ni recul  ?

Non, on ne peut pas en trois minutes faire un diagnostic sur l’état psychique d’un individu, et c’est fort heureux… ! Tout être humain a en lui un potentiel spécifique de fragilités mais aussi un potentiel de développement. Encore faut-il que ce potentiel soit soutenu. Cela vaut pour les enfants mais également pour les parents.

Ceux qui ont choisi d’adopter en Haïti viennent de traverser une période particulièrement traumatisante : certains enfants sont décédés lors du séisme, d’autres le sont des conséquences de leurs blessures, certains parents ne savent que leur enfant est encore en vie que par les images terribles diffusées par les médias. Ils ont eu à se battre contre le ministère des affaires étrangères qui réfutait l’idée même d’une évacuation des enfants adoptés (donc reconnus comme tels par les autorités haïtiennes), ils ont gagné le rapatriement d’une partie des enfants, ont tremblé de ne pas savoir quand ni même si leur enfant ferait partie du voyage. Ils n’ont eu que quelques heures pour se préparer à venir les chercher et les accueillir dans les conditions déjà décrites…

Ces parents ont besoin du respect et de l’empathie de tous afin de pouvoir se donner comme famille à cet enfant. Tranquillement, doucement. Avec les erreurs qu’ils commettront forcément, comme tous les parents…

Hélène Marquié-Dubié
Maître de conférences en psychologie
Présidente de Cœur Adoption


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