Article dont la naïveté est sympathique car, comme la vérité sort de la bouche des enfants, il est des vérités qui réclament une certaine dose de naïveté pour apparaître, et c’est bien malheureux.
La naïveté consiste ici à croire que la situation décrite aurait quoi que ce soit de propre à l’autisme. Il en va ainsi pour la science en général qui est faite par des femmes et des hommes et non des saints. Les rapports de pouvoir et la volonté de puissance (financière et institutionnelle) sont omniprésents dans tous les secteurs et font que ce que nous tenons pour des « vérités » ne sont que ce sur quoi les rapports de force se sont stabilisés. Il faut lire les bons auteurs de sociologie de la science (Latour & cie) et revenir à Héraclite (le combat est père et roi de tout)
Maintenant, concernant l’autisme et la psychiatrie en France, on ne peut que regretter la puissance du lobby psychanalytique. Je pense qu’il a une influence néfaste et j’en veux pour preuve le fait qu’à un colloque sur l’autisme organisé par Aussilloux, j’ai entendu un psychiatre d’orientation psychanalytique affirmer qu’il ne fallait pas se précipiter pour apprendre aux parents que l’autisme est d’origine biologique car la culpabilité dont ils se chargeaient (et la souffrance qu’ils enduraient) pouvait avoir du sens.
Ce qui m’avait spécialement choqué c’est que les « scientifiques » n’avaient pas réagi à de tels propos et il m’avait semblé reconnaître là un travers affreux des scientifiques installés : faire bonne figure pour ne pas donner l’impression d’être en guerre ouverte et ne pas décrédibiliser LA science et l’institution médicale.
Cette triste diplomatie amène généralement à un consensus mou qui n’aide pas aux avancées scientifiques et surtout thérapeutiques.
C’était il y a 16 ans déjà et je pense que rien n’a changé.
Ceci étant comme le dit lord_volde il serait intéressant de savoir quelles modifications ont été apportées par la pression psychanalytique.
Concernant Bettelheim, nul doute que c’était un homme de qualité qui n’a pas ménagé ses efforts, mais en laissant s’installer l’idée que les mères « frigidaire » seraient à l’origine de l’autisme, il s’est trompé, complètement et il importe que cela se sache et qu’on en tire les conséquences.
Pour ma part je considère qu’il n’y a RIEN dans le corpus psychanalytique qui permette d’appréhender l’autisme tel que défini par Kanner. Mais cela n’engage que moi 
Enfin, je m’inscris complètement en faux sur ce qui a été dit concernant Kanner. Pour autant que je me souvienne, rien dans son article original n’amène à mettre en cause les parents. Et quand bien même cela serait, c’est qu’il aurait été sous influence psychanalytique.
Voilà, je vais m’en tenir là.
Je reviendrai en juin avec un article proposant une vue synthétique de la question de l’autisme.