ARTICLE LAMENTABLE pétri de pseudo rationnalité tout à fait digne du modèle Zemmour.
Selon l’auteur, l’affirmation selon laquelle « la plupart des délinquants sont des arabes et des noirs » serait « un fait que la majeure partie de la population sait d’évidence ». Ben voyons ! Et sur quelles observations indéniables éclot cette évidence ? Sur des études sérieuses ou bien sur une intime conviction forgée d’ignorance et de préjugés ? Peut-on sérieusement appuyer un raisonnement sur une pseudo-évidence du café du commerce ?
La question primordiale n’est pas de savoir s’il faut taire une pseudo-vérité, elle serait de savoir si l’énoncé de cette pseudo-vérité constitue une incitation à la haine raciale. Car dans ce cas, elle serait bel et bien constitutive d’un délit, et une association reconnue d’intérêt public se trouve tout à fait légitime à engager des poursuites. Or pour qu’une telle affirmation sans fondement ne soit pas soupçonnée d’incitation à la haine raciale, il faudrait au moins l’entourer de toutes les précautions d’usage pour désamorcer le vieux fonds idéologique auquel ce genre de discours est habituellement associé. Mais comme à son habitude, M. Zemmour fait exactement le contraire, il sert cette idéologie et il s’en sert. C’est pourquoi je déplore que la LICRA se laisse avoir par les explications et la « mise en contexte » a posteriori de l’auteur de ces propos racistes (mais on pourrait aussi y voir un petit arrangement entre amis après un froncement de sourcils pour la forme).
Voilà pour ce faits-divers de la petite délinquance verbale du P.A.F., cette médiocre délinquance en col blanc qui se porte de bien en mieux, sous le vent aigre de cet air du temps aux relents nauséabonds. Mais plus largement, quel intérêt peut-on trouver à la diffusion publique de telles affirmations ? Cela peut-il permettre d’approfondir une réflexion sur les causes de la délinquance ? NON. Car on ne peut sainement réfléchir et travailler qu’à partir de constats avérés, et non de vagues impressions, même si elles sont de plus en plus partagées.
Il n’y a pas en l’espèce de vérité, c’est-à-dire l’énonciation de faits établis, constatés, mais un SENTIMENT, tout comme on parle par ailleurs de « sentiment d’insécurité ». Si ce genre de discours revêt un quelconque intérêt intrinsèque, c’est plutôt pour tenter de déterminer d’où il émerge, de quoi il se nourrit, quelles intentions il véhicule. Mais construire tout un article en partant du postulat gratuit qu’il est évidemment constitutif d’une vérité n’a strictement aucun intérêt.