Des choses simples qu’il est toujours utile de rappeler... Le plus étonnant, c’est que certaines de nos grandes écoles ne respectent ni la loi Toubon ni la Constitution – qui dit que la langue du pays et donc de l’éducation est le français (avec une dérogation légitime pour les langues régionales). Car tous les programmes de type Emile (enseignement d’une matière dans une langue étrangère) sont anticonstitutionnels ! Et certains ne cessent de vouloir les développer, depuis la maternelle en passant par les sections européennes de nos lycées. Idem pour l’exemple que vous citez de l’ESC de Rennes et ses cours en anglais à Rabat... mais que fait la police ?
Voilà un bien curieux exemple pour nous autres, ces centres d’excellence qui n’en font qu’à leur tete et adaptent les lois selon leur idéologie. Si je décide que les stops ne sont pas très utiles à l’international, dois-je ne plus les respecter ?
Au motif que les entreprises et le marché international exigerait un niveau d’anglais de plus en plus élevé, il faudrait que tous les écoliers de France fassent de l’anglais intensif et reçoivent l’histoire-géo en anglais dans le texte, de la maternelle à l’université – tout ça pour mieux placer à l’embauche un petit 3% d’élèves par ailleurs déjà brillants et promus à un bel avenir, courtiers cousus d’or (traders), haute administration et ses réseaux, ses passerelles vers le privé et les conseils d’admonestation où l’on se coopte entre gens bien pour être surs que personne ne s’opposera aux rémunérations ahurissantes des banksters.
Ces justifications de l’anglofolie ambiante par l’exigence de l’international sont détaillées dans le compte-rendu de cette conférence des grandes écoles :
« Encore une fois, nous pensons que le niveau C1 est ainsi le niveau approprié dans les contextes professionnels auxquels nos élèves risquent de se retrouver confronté assez rapidement dans leurs carrières de managers à l’international. »
http://plurilinguisme.europe-avenir.com/index.php?option=com_content&task=view&id=3152&Itemid=88888944
à télécharger en pdf « actes du colloque »
Ainsi, sauf à faire de l’anglais la langue officielle bis de la France, le niveau des étudiants et la présence de cette langue à l’école ne sera jamais suffisante à leurs yeux !
« Enfin, sur ce marché ainsi devenu mondial et pluri-institutionnel, nous assistons également à une course vers « l’AOC », les accréditations. Une estampille attestant un enseignement dit de qualité ; et dont le quartet gagnant ISO, EQUIS, AACSB & AMBA est tant convoité par nos établissements. »
Tout brillants que soient les profs et administrateurs de ces écoles, ils négligent quelques faits :
Les entreprises elles-m^^emes ont reconnu leur besoin de cadres polyglottes dans des langues autres que l’anglais. Même le journal Les Echos l’a écrit !
Chaque commercial sait que la meilleure langue pour vendre un produit, c’est celle du client, l’espagnol , le chinois, etc. pas l’anglais.
Ces certifications de qualité sont issues du monde de la finance anglo-saxonne, de même que le business des certifications en anglais n’enrichit que la GB. On court après la reconnaissance de la haute finance internationale comme l’esclave guette une lueur d’approbation sur le visage de son maître... (Nota : la haute finance, en gros c’est celle des basses œuvres, celle qui délocalise, qui est à l’origine de la crise et refuse toute mesure de régulation, toute limitation à la folie spéculative),
Qui plus est, l’efficacité de l’enseignement en anglais n’a jamais été prouvée, ce n’est pas moi qui le dit mais ces distingués conférenciers :
« Il reste alors à valider de manière scientifique la pertinence et l’efficacité de ce
type d’enseignement dans les Ecoles de Management à travers une recherche empirique. »
Rappelons aussi que ces grandes écoles prétendent lutter contre la discrimination sociale, alors que Sciences-Po vient d’imposer l’anglais au concours d’entrée, à un fort coefficient, probablement pour pousser les enfants des cités ou des champs à acheter leur confiture à Londres à passer leurs weekends à Nothing Hill. S’ils étaient sincères, ils proposeraient plusieurs « grandes langues » à l’épreuve de langue étrangère du concours.
Première leçon des études supérieures : un bon manager international doit savoir mentir publiquement !
Finalement, sous couvert de justifications pédagogiques, et de l’intérêt des élèves, ces gens veulent imposer à tous les enfants, durant toute leur scolarité, un système qui ne sert que les intérêts de la finance spéculative, mondialisée (qui se moque des cultures nationales), déconnectée des entreprises, celle qui ne connaît les entreprises que par leurs actions et qui délocalise sans cesse pour obtenir les profits à court terme les plus élevés.
La pédagogie et l’intérêt des étudiants cachent mal une lutte idéologique, une vision du monde qui fait fi des valeurs culturelles et glorifie le Dieu argent, une vision pas forcément partagée par tous.
Laissez les enfants apprendre la ou les langues qu’ils souhaitent !
07/04 19:48 - daniel
Je reviens devant mon personnal computer après quelques jours d’absence et je remercie (...)
05/04 00:36 - Krokodilo
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05/04 00:16 - mmarvin
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04/04 18:14 - Krokodilo
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04/04 14:30 - mmarvin
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04/04 13:19 - Krokodilo
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