Cher Paul Villach
La bourse, c’est le tiercé du riche. La probabilité de gagner est , à peu de choses près , équivalente à celle de perdre .
Ce Kerviel avait donc, lors de son opération boursière, environ une chance sur deux de gagner 5 milliards et une chance sur deux de les perdre .
S’il les avait gagnés au lieu de les perdre, nul doute que personne ne se serait penché sur la façon douteuse qu’il aurait eu de faire empocher une telle somme à sa banque, et qu’il aurait eu droit à son portrait à la une des journaux économiques en tant que trader de l’année . Evidemment, il ne serait pas retrouvé en correctionnelle non plus .
Au fond, nous sommes-là devant la démonstration de la morale élastique du capitalisme : la même action, qui est morale et digne d’éloges lorsqu’elle fait du profit, devient hautement condamnable par les tribunaux dès qu’elle entraîne des pertes !
A la morale de l’intention, qui est essentiellement celle qui est à la base du système judiciaire, se substitue une morale du résultat .
Comme, dans la nature , rien ne se perd et rien ne se crée, il y a fort à parier que les cinq milliards perdus par Kerviel n’ont pas disparu pour tout le monde, mais ont été gagnés par des traders ayant fait le pari boursier inverse, et que les parons de certains concurrents de la société générale ont du se frotter les mains .