La bêtise humaine est la seule chose qui donne une idée de l’infini. (Ernest Renan).
Ernest Renan a donc bien compris l’irrévocabilité du côté obscur de l’espèce humaine à l’origine du mépris, de la haine, des prédations diverses.
Cependant, une citation ne peut contenir une vérité absolue. Une vérité humaine arrêtée en chemin est toujours une erreur et c’est d’erreur en erreur qu’on avance.
Disons qu’une citation est là pour faire réfléchir et doit être développée. Le constat de la bêtise n’est pas suffisant pour définir l’identité de l’homme.
Disons que l’obscurantisme est un cheminement aveugle, aléatoire, quand on ne perçoit pas vers quoi l’animal homme doit tendre pour grandir.
Car l’homme a en plus de la bête la responsabilité de son destin inclus dans la responsabilité de l’humanité toute entière.
Il y a des bêtises individuelles et des bêtises collectives, les deux sortes de bêtises étant indissociables.
La première bêtise individuelle est de rejeter l’autre parce qu’il est différent, cette erreur individuelle entraînant la même erreur collective par un phénomène de mimétisme réveillant l’instinct grégaire animal.
La bêtise est dans la tentation de supplanter l’autre, de se confronter à lui sans tenir compte de ses aspirations. La guerre est de cet ordre.
Collectivement, tout est bon pour se confronter d’un groupe à un autre, d’une culture à une autre et, en remontant aux prémices de cette culture, d’un culte à un autre.
Les hommes créent un dieu à leur image, un dieu exclusif, un concept qui les persuade d’être dans le vrai. Il leur suffirait cependant de maîtriser leur véhémence pour prendre conscience qu’ils sont assujettis à l’instinct grégaire animal, qu’ils n’en sortent pas.
Dieu est un concept virtuel à géométrie variable suivant le pays qui nous a vu naître et ceux qui se réclament de ce concept lui font dire n’importe quoi pourvu que leur particularisme religieux puisse s’imposer.
En fait, ce dieu est un prétexte, ce qui rassure, c’est l’idolâtrie du groupe religieux et ce dieu se transforme en slogan de guerre. L’homme n’en est pas encore à se rassurer d’une religion universelle qui le mettrait au centre de la vie, le respecterait, ne sacraliserait que ce respect de l’autre inscrit dans les tables de la loi : tu ne tueras point.
La guerre va continuer comme la bêtise et nous donner longtemps une idée de l’infini.
Si une doctrine est vraie, il ne faut pas la craindre ; si elle est fausse, encore moins, car elle tombera d’elle-même. C’est encore de Ernest Renan.
Sauf le respect que je dois à cet humaniste, on n’a pas fini de les voir tomber les fausses doctrines, les fausses religions, celles qui confinent à la guerre.
Quand on voit des hommes se réclamer d’un « parti de dieu », qui ne conçoivent même pas cette aberration comme un blasphème dans leur propre religion, on peut avoir des doutes sur l’évolution de l’humanité.
Il va sans dire qu’une doctrine qui engendre des guerres ne peut avoir en aucun cas un caractère universel. Quelle doctrine pourrait être vraie en ce sens ? Et quand bien même elle existerait, est-ce qu’on ne se l’approprierait pas pour guerroyer ?
L’animal homme est prédateur et tous les prétextes sont bons pour qu’il parvienne à ses fins pour supplanter ses semblables.
Nous attendons encore pour longtemps que les appropriations de biens ou d’idées soient lâchées par les prédateurs. Nous attendons la mort de la bêtise et la résurrection de la bonne volonté universelle.
Si un jour elle arrive, nous, nous serons morts, mon frère, car cela voudra dire que les hommes s’aimeront. Pas demain la veille !
A.C