Assaut israélien : la dérive d’une armée dévorée par la religion ?
Personne n’a compris l’intervention israélienne. Sauf peut-être le Figaro, pour une fois, qui lève un beau lapin en évoquant les erreurs manifestes qui ont prévalu aux interventions, celle des Sayeret, ces fameuses troupes spéciales israéliennes. Un Figaro qui avait déjà perçu la tendance en janvier dernier avec cet article. Quelque chose déconne dans cette armée autrefois si vantée, c’est sûr, mais quoi ? Or, j’avais déjà trouvé un élément de réponse il y a quelque mois et c’est pourquoi je vous le propose aujourd’hui que les votes en modération ne sont plus bloqués par une poignée de fanatiques qui s’étaient immiscés dans le système de vote d’Agoravox. Le phénomène essentiel est le manque de respect des ordres, et une conduite qui parfois fait appel au fanatisme. Si jusqu’ici c’était plutôt la piétaille qui y était sujet, il semble bien que la hiérarchie également. Comment en ce cas ne pas imaginer que le responsable du commando ait pu confondre efficacité réelle et action militaire, s’il sortait d’une de ces écoles mêlant de trop près religion et armée ? Les dernières unités sorties de ces écoles avaient été retrouvées en première ligne à Gaza : n’aurait-on pas eu les mêmes au sein de la Sayeret ? L’armée israélienne, dans son ensemble est victime avant tout de la lente théocratisation de l’état, où le phénomène religieux a pris bien trop d’importance. C’est peut-être bien la clé de ce comportement aberrant des troupes d’élites lors de cet assaut. En tout cas, c’est la seule explication que j’ai trouvée, tant cet attaque est à côté des règles de l’art de la guerre ou même des conventions internationales. Après l’armée, le Shin-Bet, aujourd’hui la Sayeret ? C’est bien possible ! L’un des éléments qui le laissent penser est ici. La Sayeret Matkal est la reine des opérations en hélicoptères. Et son historique assez parlante. Unité de reconnaissance et unité d’intervention, les deux gangrénées ?
Mais où va donc la fringuante armée israélienne tant vantée dans les médias et par lapropagande du pays, sesblondes nattées (ou pas), ses soldates décidées, ses jeunes et virils soldats, ses généraux stratèges et ses armes sophistiquées ?… Où va-t-elle donc aujourd’hui, celle dont on n’a eu de cesse de vanter un peu partout les exploits depuis desdécennies ? A en faire de véritables surhommes, de ces soldats, (et surfemmes !) face à ses si piètres opposants, ces gueux de palestiniens, ne pesant pas lourd face à cette armée de preux chevaliers défendant la veuve et l’orphelin israéliens, juchés sur leurs fiers destriers… (des Merkavas bondissants ! ). Le regard clair, l’uniforme impeccable, l’horizon bleuté au loin, le drapeau étoilé flottant au-dessus d’eux.. Ou va-telle donc aujourd’hui, cette fière armée, sinon à sa perte ? Et ce sans même mettre en cause son un quelconque adversaire ! Non, l’armée israélienne, le fleuron du pays, est rongée par un mal intérieur qui l’entraîne vers une implosion véritable. Tsahal est aujourd’hui une armée divisée, sujette à des maux difficilement surmontables, ceux de l’insubordination et de la défiance face aux ordres de ses supérieurs : Tsahal est tout simplement victime d’un mal interne terrible qui porte le nom de…. cancer de la religion. Le mal est profond, au point que hier encore lesdeux plus hautes autorités du pays menaçaient d’intervenir devant la vague actuelle de refus de membres de l’armée de quitter des territoires colonisés. Car tout le problème est là, en effet. Certains soldats, devenus de véritables moines soldats posent aujourd’hui un problème insurmontable au gouvernement, en refusant de quitter les territoires sur lesquels on leur a demandé d’intervenir. Un phénomène inattendu, mais qui s’en va grandissant… et qui affole sérieusement les autorités : Tsahal est un des piliers du pays, sa déstabilisation ou son implosion plutôt peut entraîner des conséquences gravissimes. Le Hamas et le Hezbollah, à ce jour, ne sont déjà plus les principaux dangers pour Tsahal : aujourd’hui, le danger, c’est bien elle-même. A part le retour de la décimation romaine, on ne voit pas ce qui pourrait la remettre d’aplomb, car le cancer semble bien en phase de métastase (*1).
En moins de trente ans, ça en est terminé de cette belle image d’Epinal, en effet. L’envers du décor de l’invincible armée, de la « meilleure du monde « , est en effet aujourd’hui nettement moins glorieux. Oh, je ne vais même pas vous parler des exactions lors de l’envahissement de Gaza, ou ces milliers de sous-munitions répandues au Sud-Liban en 2006, qui continuent tous les jours à déchiqueter des enfants. Non, même pas : j’en ai soupé, personnellement de voir ces gamins en haillons servir de cible à des soldats qui ne se maîtrisent plus devant des drapeaux blancs, et ces maisons dynamitées, bulldozérisées ou bombardées. Marre de voir ces tonnes de gravats d’où émergent parfois des têtes d’enfants. Marre de voir ses frigos de morgue débordants de bébés (tellement, que je ne vais pas vous ressortir les photos !).
Non, ce dont je vais vous parler, c’est du mal qui ronge cette armée, dû à un phénomène à l’origine de ces horreurs, dont je vous ai déjà parlé ici-même ou ailleurs (et plutôt ailleurs, vu qu’Ici la moindre allusion à Israël vous voit cloué au sol par une rafale d’Uzi verbale !). Cette armée, symbole du pays part en effet en eau de boudin, s’effrite et s’étiole. Vous ne me croyez pas ? Et ça alors ? et çaaussi ? Ou bien ça, déjà énoncé en 2007 ? Les soldats de Tsahal n’obéissent plus à leurs supérieurs, depuis plusieurs années, tout simplement ! La désobéissance envahit l’armée chaque jour davantage, et n’est pas le fait de pacifistes, bien au contraire !
La raison de cette déliquescence ? La religion, pardi ! Qui peut donc s’opposer aux ordres des généraux, parmi les plus haut placés, sinon Dieu lui-même, par l’intermédiaire de ses représentants directs, les rabbins ? Voilà qui n’augure pas très bien des prochaines offensives en effet, me direz-vous ! En effet ! En Israël, le goupillion a depuis longtems fait corps avec le sabre, on le sait, mais c’est bien au détriment de ce dernier : des soldats viennent une nouvelle fois de refuser de quitter l’endroit où ils étaient, au nom de la défense d’un territoire perçu comme… colonie religieuse. C’est assez inattendu pour la hiérarchie de l’armée, c’est surtout très ennuyeux question autorité et professionnalisme, et cela démontre surtout que les rabbins responsables des Yeshivot (les séminaires préparant au service militaire) ont fabriqué des décérébrés prêts à n’écouter que l’autorité religieuse qu’ils représentent, et non plus leurs chefs de guerre obligatoires. Pour le pays, la crainte est plus que sérieuse : le jour où un rabbin plus excité que les autres demandera de lever les Tavor et de marcher sur Tel-Aviv, je ne donne pas cher du gouvernement et de la démocratie israélienne ! Le pays est à la merci d’un de ses fous furieux qui prône l’élimination physique des palestiniens, au nom d’obscurs textes religieux qu’ils sont les seuls à détenir. Et à ne jamais montrer. Tel Yona Metzger, ancien aumônier controversé de Tsahal, formé dans une Yeshiva Hesderet partisan de la… déportation des palestiniens en plein désert !
Des rabbins poussant à la désobéissance, ça ne date pas d’aujourd’hui en fait : en 2005 déjà on en trouvait déjà sur le net. Tel Shmuel Sackett, de Manhigut Yehudit, le mouvement fondé en 1998, devenu la faction religieuse dominante au sein du Likoud… la tendance la plus dure du sionisme religieux… aujourd’hui au pouvoir. Aujourd’hui encore, le résultat est là : les 1300 étudiants des différentes Yeshivot Hesder ces écoles talmudiques, incorporés dans Tsahal en 2009, dont 80% ayant souhaité servir dans des unités combattantes, continuent leurs ravages, qui s’ajoutent à ceux de leurs prédécesseurs. Gaza n’a été qu’un exemple de ce dont ils sont capables : la plupart des exactions dénoncées par le rapport Goldstone peuvent leur être attribuées. A entendre certains aveux, le mot éthique a disparu du vocabulaire israélien. Ces écoles se définissent en effet comme des « Nahal » (des « unités combattantes religieuses », telle les Yeshidot Hesder) : avec elles, on est très, très, loin de « l’armée du peuple » et des kibboutz des débuts d’Israël, et l’idéologie qui y règne est plus que douteuse. Car l’extrême droite y domine largement : n’oublions pas en effet que Ygal Amir, l’assassin de Rabin, était issu d’une Yeshiva Hesder. Tout un symbole : Amir est bel et bien un illuminé, mais quisavait ce que son geste impliquerait. Un acte fou qui a fait reculer son pays vingt ans en arrière, en assassinant le 4 novembre 1995 un de ses meilleurs espoirs de paix.
Dans son livre prophétique sorti en 1996, "Rabin, un assassinat politique" , Amnon Kapeliouk avait dressé la liste de ces rabbins illuminés, ceux qui étaient partisans de l’assassinat de Rabin. La plupart provenaient des territoires occupés : Dov Lior, le rabbin de la Yeshida de Kyriat Arba, grand admirateur de Baruch Goldstein, l’auteur du massacre de la mosquée d’Hébron, qu’il qualifie de « martyr« , Eliézer Mehamed, rabbin d’Har Bracha, Daniel Shilo, de la colonie de Kdoumim. Le premier affirmera que « pour chaque juif tué, il faut envoyer plusieurs arabes au paradis ». Mais aussi Nahum Rabinowitz, venu du Canada, responsable de la Yeshiva Maalleh Adoumim, qui avait affirmé que Rabin était un « mosser« , et que « par conséquent, d’après Maimonide, le grand penseur de l’Espagne médiévale, il méritait la mort même sans jugement ». Il avait aussi affirmé que les colonies devaient être minées, « et que les soldats de Tsahal doivent savoir qu’il ne faut pas s’en approcher ». Il prônait en même temps la désobéissance de ses soldats : ceci en 1996, comme quoi le problème ne date pas d’hier ! D’autres encore comme Itzahk Ginzbourg, immigré américain, responsable d’une Yeshida près de Naplouse, celle d’Itzhar, admirateur lui aussi de Baruch Goldstein, qui, pour défendre un de ses propres élèves ayant tiré sur un palestinien a affirmé que « le sang d’un juif et le sang d’un goï sont différents ». Ou encore Israël Ariel, de l’Institut du Temple de Jérusalem, qui affirmait que « le pays ne sera pas construit avec des accords de paix, mais avec des accords de sang ». Selon lui,« le commandement « tu ne tueras point » ne doit pas s’appliquer aux arabes ». « Lorsqu’un Juif tue un Juif, il doit être traduit en justice dans notre monde. Le sort de celui qui tue les Arabes dépend du Tout-Puissant »… Sans oublier Eliyahou Zini, d’origine française, de la Technion d’Haïfa, qui a osé affirmé que l’assassinat de Rabin était une chose inéluctable « car le premier ministre a toujours été indifférent aux aspirations de la population ». Selon lui toujours, le massacre d’Hébron n’en était pas un : c’était « une œuvre de salut« . Même chose chez Ido Elba, de la colonie de Kiryat Arba, membre d’un réseau terroriste arrêté…. juste avant l’assassinat. L’homme avait fait des appels aux meurtres d’arabes, et venait d’acheter toute une collection de silencieux pour pistolets. Comme le dit Kapeliouk, la liste des rabbins racistes ou d’extrême droite est en fait interminable, et la plupart de ceux convoqués par la police après la mort de Rabin étaient responsables de Yeshivot ! Le premier d’entre eux, Kerem d’Yavneh a été créé en 1955 : c’est là ou Igal avait fait ses études…
La création toute récente d’une compagnie dite « Netzah Yehuda » (de la brigade Kfir) supplémentaire (au lieu d’une seule existant jusqu’ici n’est pas fait pour arranger les choses : elles sont toutes deux destinées spécialement à de jeunes juifs orthodoxes. Ce sont les deux Nahal Haredi, leur autre nom, des bataillons spéciaux créés en 1999 pour le premier (qui porte le N°97). Chacun contenant deux unités de combat. Une troisième unité de combat, la « Combat Unit-Mivtzayi » vient juste de leur être ajoutée en octobre dernier : rien n’arrête aujourd’hui l’extension du nombre de bataillons religieux au sein de l’armée, alors que plusieurs rapports successifs alarmants, depuis 2005, en demandaient leur fermeture. Toutes les unités sont touchées (*2). Les responsables gouvernementaux israéliens sont devenus les otages des pressions politiques de l’extême droite israélienne, présente au gouvernement. Exactement le même phénomène que celui de l’évangélisation de l’armée américaine sous G.W.Bush : les croisades des moines soldats sont de retour !!!
Dès leur création, les Yeshidot ont recruté chez Bnei Akiva, le mouvement de jeunesse religieux. En novembre 1955, ce mouvement déclarait déjà que « les ordres contraires à la loi rabbinique sont illégaux. Et les soldats de Tsahal ne doivent pas les exécuter. » Le mouvement de désoébissance actuel a donc dans les faits plus de cinquante ans ! Dans le livre de Kapeliouk, une phrase prophétique annonçait la couleur : « D’après les estimations, dans dix ans, la moitié environ du corps des officiers portera la calotte. Ce qui, en conséquence, pourrait limiter les décisions du gouvernement sur certains sujets ». On y est, avec trois années de plus… et un gouvernement étranglé par la pression religieuse !
Seul Nehemia Dagan s’en inquiète aujourd’hui. C’est le seul ancien général de l’IDF à garder la tête froide sur le sujet, et ses interviews sont à écouter avec attention (ici dans la page). Membre du J.Street, un groupe de pression israélien créé parJeremy Ben-Ami (dont le beau père est né à Petah Tikva), proche de Clinton, qui n’a pas caché son soutien à Obama pendant la campagne de 2008, soutenant l’existence d’un état palestinien, c’est un homme ouvert au dialogue, qui ne supporte pas et dénonce fermement la dérive religieuse de son armée. Dagan sait que ça peut aller encore plus loin, comme nous l’avions décelé avec la famille Diveroli, marchande d’armes, et d’un de leurs assistants, David Packouz, qui était lui aussi passé par une Hesder Yeshiva…
Des Yeshidot, ou des universités telle celle de Bar-Ilan, qui a aussi formé Igal Amir. En 1980, on y trouvait déjà un beau noyau d’extrême droite. Dans le journal des étudiants Bat-Kol, voilà ce qu’on pouvait y lire : « les arabes sont les descendants des Amalécites (dont la Bible a demandé l’extermination). Un jour viendra où nous serons tous appelés à faire cette guerre sacrée : la destruction d’Amalech… il n’y a pas de pitié dans cette guerre. Le devoir de tuer et d’exterminer concerne aussi les bébés. Amalech est celui qui fait la guerre au Dieu ». C’était signé du rabbin Israël Hess. Parmi ces étudiantes attentives, Margalit Harshefi, la camarade d’Igal Amir. Les textes ont resurgi intégralement pendant l’offensive de Gaza. « L’incroyable excuse religieuse » y faisait allusion, mot pour mot. C’est l’institut Tsomet, par la voix de son rabbin Yisrael Rosen qui en était à l’origine. Des textes repris par Mordechai Eliyahu, grand partisan de l’écrasement de Gaza sous les bombes…
En fait, les Nahal Haredi, parmi les bataillons les plus orthodoxes, sont en train de ruiner complètement la réputation de l’armée d’Israel : leurs bataillons ont le plus haut taux d’incidents avec les palestiniens ; leur fanatisme religieux et incompatible avec une autorité militaire, tout simplement. Ils ne sont pas les seuls à avoir ce genre d’attitude. Quand ce n’est pas la religion, c’est l’origine qui est en cause : certains chefs militaires ne sont autres que des colons d’un nouveau genre, ceux provenant d’autres pays : c’est le cas justement de Yehuda Fuchs, qui dirige lebataillon d’infanterie « Shaham » 931. Il est d’origine ukrainienne, en fait. Et combine à lui seul les deux tares du système, car le bataillon 931 qu’il commande n’est autre également qu’une Brigade Nahal !!! L’homme est aussi bien colon, que chef religieux ou chef militaire ! Ce qui expliquerait la violence de ses troupes, et l’art de camoufler leurs crimes au moindre problème survenu.
Or, des problèmes, il en accumule, ce fier à bras (*3) qui affirme pouvoir faire tout ce qu’il veut sous l’uniforme. En 2007, par exemple, il n’avait rien trouvé de mieux que d’attaquer… des activistes israéliens, opposés à la construction du mur ceinturant le pays. La séquence, filmée de bout en bout, avait provoqué un beau tollé dans le pays. Des soldats de Tsahal bastonnant des israéliens, une première ! La scène se passait à Hébron, fief des colons et de Baruch Goldstein, qui avait tant impressionné l’assassin de Rabin ! Baruch Goldstein, médecin américain installé sur la colonie de Kyriat Arba, par qui tout est arrivé, le jour où il a tué 29 palestiniens, en 1994. Goldstein, fidèle du mouvement ultra-orthodoxe Kach. Fondé par Meir Kahane, le rabbin d’extrême-droite assassiné à New-York en 1990. Golstein, lui-même précédé par Noam Friedman, qui avait tiré au M-16 sur le marché d’Hébron.Fieldman, Goldstein, Amir : la même filiation évidente ! Et la même origine, celle des colonies et de leurs habitants extrémistes, avec Hébron comme endroit-clé !
Yehuda Fuchs, avait été alors remplacé par le colonel Udi ben Muha. Pas vraiment un meilleur choix. Fuchs avait été accusé également, en février 2008 d’avoir commis un raid sur un orphelinat géré par une association humanitaire palestinienne, en compagnie du General Gadi Shamni. La destruction à le meule, notamment, des ateliers de couture du centre par les soldats avait été filmée : la hargne à vouloir détruire l’endroit en disait long sur les intentions véritables des intervenants ! C’est lui encore que l’on retrouve abondamment cité dans l’affaire du trafic d’organes des morts palestiniens, ce qui n’est pas vraiment un hasard. Car le 3 août 2007, Fuchs avait aussi été cité dans le cas du meurtred’Ahmad Mohsen Al-Skafi, un palestinien de 14 ans, abattu au pistolet mitrailleur et à la grenade sans raison aucune. Sur son corps, quelques minutes à peine après l’incident, on avait retrouvé des morsures de chiens : ceux employés par le bataillon de Fuchs, lancé sur le gamin déjà déchiqueté ! Le grand-père d’Ahmad avait refusé les excuses formulées plus tard par l’IDF : son petit-fils n’avait strictement rien fait qui pouvait expliquer ce déchaînement de violence. Pus récemment, le 19 septembre 2009, c’était au tour du journaliste Ubayda Maher Al-Qudsi, âgé de 25 ans, d’être abattu par un soldat de Fuchs. En réalité, Al-Qudsi avait été arrêté, emmené en jeep, battu et torturé… comme pour le précédent, la zone où s’étaient passés les faits avait été déclarée très vite « zone militaire », interdisant aux autres journalistes d’aller vérifier ce qui s’y était passé. La méthode Fuchs, qui ne s’embarrasse jamais beaucoup avec l’information. On en a la preuve.
Le 30 août 2008, Yehuda Fuchs, Udi Ben Moha et le ieutenant-colonel Aviv Feigel avaient investi trois studios de radios à Hébron : Wan FM, la BBC, Freedom Radio Al-Huryyah et saccagé la chaîne de télévision Al-Majed. Histoire de montrer leur degré d’ouverture intellectuelle, sans doute. Les accompagnaient ce jour là dans leur raid Moshe Peled Aveshalom, cet ancien officier de police venu de la colonie juive illégale de Gush Etzion... et de son idéologie, flagrante, très certainement la plus extrémiste des colonies, dû à son histoire, mouvementée et sanglante, sans doute.
Comme explication aux médias, le quatuor avait affirmé que les radios « perturbaient les communications de l’aéroport Ben Gourion », situé à 65 km de là, derrière des collines ! Sachant qu’elle émettaient en FM… qui ne couvre pas cette distance avec la faible puissance installée, à moins de disposer de relais. Les partisans de la droite dure des colons avaient auparavant choisi leur façon de communiquer : 19 mars 2007, les colons israéliens d’Hebron inauguraient leur « Maison de la paix« , vaste building acheté 700 000 dollars, prévue comme futur centre de ressources et d’information, où venait bien sûr parader…. Yehuda Fuchs (photos 11, 13 et 20). Faire de la propagande oui, laisser l’information libre, certainement pas : le fascisme s’est toujours pris en premier au savoir et à sa répartition. Fuchs est bien tout sauf un démocrate.
En décidant d’en faire des réservistes comme les autres, de ces moines soldats, en mai dernier, Israël vient de prendre la pire décision qu’il pouvait prendre. Ils séviront désormais au delà de leur durée de service dans l’armée : en devenant des soldats comme les autres, susceptibles d’être rappelés en cas de conflit, on rajoute une couche au problème qu’ils posent déjà durant leur incorporation. Celle saluée par les pires extrémistes, tel Samuel Sokol, bien entendu L’auteur de textes résolument axés, tels que celui sur l’inauguration d’un mémorial au 11 septembre en Israel… ou celui sur une prétendue aide américaine militaire au Fatah au prétexte de la formation de la police palestinienne. Une démonstration for peu rigoureuse, mais l’homme est habitué des faits. Celui-là où le commandant de la police d’Hébron, Avshalom Peled, (déjà cité ») qui, selon Efrat Weiss, de Yediot Ahronoth News, considère que les activistes de gauche, à Hébron, sont la pire des choses… Or sans eux et en particulier « Breaking The Silence », on n’aurait jamais rien su des agissements d’un Fuchs, par exemple ou de ceux de Peled !
Des troupes fanatisées, qui ne peuvent que refuser d’évacuer des constructions telles que celles-ci : des sukkahs, ou cabanes traditionnelles construites pour célébrer une fête religieuse, implantées au beau milieu d’une colonie dans un but bien précis. Des fanatiques qui ne peuvent détruire des constructions d’autres fanatiques, en quelque sorte. Le danger de ce fanatisme devient chaque jour un peu plus grand, comme le précisaient Gil Mihaely, du journal Yediot Ahronoth, et Marc de Chalvron, le correspondant de FRANCE 24, le 2 novembre dernier. Le cancer religieux ronge l’armée israélienne et la fait devenir incontrôlable. Et il ne peut que s’étendre : confontée à une baisse dramatique du recrutement, Tsahal a tendance à se tourner davantage vers ces soldats disponibles et motivés…. par des préoccupations religieuses, et des rabbins « préparateurs » , tel Samuel Kaufman (*4) ! « Les sionistes religieux, de plus en plus nombreux au sein de l’armée israélienne, représentent la frange « la plus motivée » des soldats de Tsahal, et son principal réservoir de main d’œuvre. Dans le pays, certains s’inquiètent depotentielles dérives »… précise le site, qui insiste sur les ravages d’Avishaï Rontzki au sein de l’armée. L’homme qui vient de répéter le 15 novembre dernier que« dans les guerres d’Israël, les combattants sont des gens qui craignent Dieu », et« c’est pourquoi, a conclu Rontzki, les religieux sont les meilleurs soldats ». Rontzki, le manipulateur fabricant de haine à coups de tracts ultra-nationalistes. Celle qui préconisait, en plein attaque de Gaza de « ne pas avoir pitié » des ennemis d’Israël et de ne pas « remettre un seul millimètre (de la Terre d’Israël) à des non-juifs ».
L’homme qui compare sans hésiter les palestiniens aux Philistins, l’ennemi héréditaire du roi David (*5). Un homme que ne semble pas déplaire à tout le monde, remarquez... « Le général a abondamment parlé de son action au sein de Tsahal. Il a évoqué, la récente guerre de Gaza au cours de laquelle il a noté un esprit de corps exceptionnel. Les officiers étaient très près de leurs soldats ; au front tous ensemble. Compte tenu de l’éthique enseignée aux soldats et de la rigueur morale que cela implique, il considère que le rapport Goldstone qui s’appuie sur les seules déclarations et mises en scène du Hamas ne peut pas être pris au sérieux. Ce rapport risque d’être préjudiciable à Israël, grâce et uniquement au lobby arabe », nous dit le communiqué des patrons juifs de France : comme quoi la honte lui est un sentiment inconnu à l’UPJF, comme le sont les crimes contre l’humanité commis sous les recommandations du « Général Parachutiste, aumônier des armées d’Israël ». La « rigueur morale » et « l’éthique » de Rontzki, tout le monde en a les images en tête, pourtant (et je n’ai pas pris la pire). Comment peut-on soutenir pareille honte, pareil individu en le présenter de cette manière si flatteuse ? L’UPJF en a-t-elle une, d’éthique, au moins ? Il ne semble pas, à encenser pareille mystique militaro-religieuse ! Celle de l’ancien rabbin de la Yeshiva Hesder d’Itamar, une colonie illégale près de Nabius à savoir… Avisahï Rontzki ! Mais peut-être que l’UPJF préfère faire venir à ses conférences Shlomo Aviner (elle le fait), pour parler, pourquoi pas, des dinosaures... Il le fait très bien : « de tout ce qu’on vient de décrire, nous constatons qu’il est évident que tout ce que les cabbalistes nous ont transmis depuis des centaines d’années, concernant le fait que le monde a existé, et que cela a été détruit et reconstruit 4 fois est exact ». En voilà un autre, d’illuminé, qui pense que la Terre a été détruite à quatre reprises (et qui prépare sans dpute la cinquième ?), qui s’appelle aussi Claude Langenauer et qui est… fançais d’origine. Le dirigeant de la Yeshiva Ateret Yeroushalayim, (ancienne Ateret Cohanim) et lieutenant de réserve de Tsahal. C’est aussi lui, rappellons-le, l’auteur véritable du texte incroyable distribué pendant « Polomb durci » aux soldats de Tsahal, leur intimant de n’avoir aucune pitié…
Le danger pour le pays est immense, et les responsables l’ont bien compris (davantage que l’UPJF en tous cas !) qui multiplient ces derniers jours les appels pour que ces actes d’insubordination cessent. Hier, c’était Ehud Barack qui ajoutait sa voix à celle de Benjamin Netanyahu, ce dernier ayant évoqué carrément l’effondrement de l’état d’Israël si cela continuait ainsi (6). Il ne peut s’en prendre qu’à lui-même en fait : la décision de créer les écoles talmudiques « militaires », c’est lui aussi qui l’a votée en qualité de député. La plupart messianiques, rappelons-le au passage (« Yeshoua », l’attente du retour du Messie). Le ver est dans le fruit, et il ressemble fort au serpent du paradis terrestre Biblique. Car il n’y a pas que l’armée de gangrénée : le Shabak – ou Shin Bet-, le service de renseignements du pays l’est aussi (*7). En 1995, il l’était déjà, ce qui explique en partie la facilité avec laquelle Amir avait pu s’approcher de Rabin…
L’armée israélienne, fanatisée, partie en jihad, en guerre religieuse, façon US Army sous G.W.Bush, court à sa perte, et le danger d’entraîner le pays avec elle avec est bien réel ! Elle pourra toujours après reprocher à ses adversaires de faire une guerre religieuse contre elle : en a pris depuis plusieurs années maintenant le même chemin !
PS : tout le cheminement vers la violence au nom de la religion est décrit en détail depuis treize ans dans un ouvrage fondamental, que je possède et dont je ne peux que vous recommander la lecture : « Rabin, un assassinat Politique« , d’Amnon Kapeliouk, sorti aux éditions LeMonde. Son sous-titre, « Religion, nationalisme, violence en Israël » est malheureusement toujours d’actualité en 2009. La responsabilité d’un Netanyahou, venu saluer un mois avant l’assassinat une foule déchaînée vociférant « à mort Rabin » y est évidente. On y fera circuler, ce jour-là, à cette manifestation anti-Rabin, des tracts infâmes le montrant vêtu de l’uniforme d’Himmler, qui laisseront Netanyahou scandaleusement indifférent. Cet homme porte une énorme responsabilité, qu’il continue à ne pas assumer en acceptant l’implantation de 900 maisons supplémentaires en territoire colonisé. Netanyahou conduit le pays à sa perte, tout bonnement. Courrier International, à son propos, se demandait encore s’il était « Faiseur de paix ou saboteur ». La paix, il l’a déjà tuée une fois… le 4 novembre 1995, par personne interposée, en laissant monter la haine sans chercher à l’en empêcher.
(1) « Selon les chiffres publiés par le ministère de la défense en 2008 : 60% des officiers des unités de combat, 70% des brigades d’infanterie et 75% des unités spéciales sont des religieux sionistes. L’ancien vice-chef d’état-major, Dan Harel, affirme que les sionistes religieux, dirigent la plupart des bataillons et des brigades d’infanterie, à savoir : les brigades Hnahal , Golani et Givati. Les religieux sionistes monopolisent totalement la direction des unités d’élite de Sayeret Matkal, Eyjoz, Samson et Dokhaevat, ainsi que le contrôle des unités d’élite de la police israélienne YASAM ».
(2) “The officer corps of the elite Golani Brigade is now heavily populated by religious right-wing graduates of the preparatory academies,” noted Moshe Halbertal, a Jewish philosophy professor who co-wrote the military code of ethics and who is himself religiously observant but politically liberal. “The religious right is trying to have an impact on Israeli society through the army.”
(3) « The Israeli military Commander of Hebron Colonel Yehuda Fuchs said that « under our Laws, the military can do whatever they want. And that none of the peace agreements hinder the IDF activities in the occupied cities ».
(4) « Our job was to boost the fighting spirit of the soldiers. The eternal Jewish spirit from Bible times to the coming of the Messiah. »
(5) « Before his unit went into Gaza, Rabbi Kaufman said their commander told him to blow the ram’s horn : « Like (biblical) Joshua when he conquered the land of Israel. It makes the war holier. »
(6) « Defense Minister Ehud Barak reiterated on Saturday his pledge to crack down on Israel Defense Forces soldiers who refuse to carry out orders, saying Israel should not hesitate to act forcefully to crush the phenomenon » (…) »A country that wishes to live must put an end to refusal by the right and left with an iron fist, » said Barak in a closed meeting (…) Barak’s comments echoed remarks by Prime Minister Benjamin Netanyahu, who warned on Tuesday that such refusal would contribute to the collapse of the State of Israel.
(7) « L’ancien président du Shabak, Perry Yaakov, indique que la plupart des responsables du Shabak sont des religieux, sachant que l’actuel vice -président du Shabak, désigné par « A » est aussi un religieux sioniste et il est le plus probable remplaçant du président de l’agence du contre-espionnage, Yuval Diskin ».
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