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Commentaire de David MAHOUNGOU

sur L'autoritarisme en Afrique comme un héritage colonial : une illustration à partir de la construction du chemin de fer Congo Océan


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David MAHOUNGOU 27 juin 2010 01:50

Vouloir saisir ce qui permet l’hégémonie tranquille de la culture occidentale, certaines complicités innocentes dont elle bénéficie ne signifie pas que je veuille instruire le procès de la raison ou participer à ce qu’on désigne avec justesse de l’irrationnel.

Mon cher JJ, je n’ai pas fait ici de la masturbation intellectuelle pour m’autoriser à dire que tout roitelet était enclin à faire l’agneau. Naïf, je ne le suis nullement puisque je reconnais avoir dit que le nègre avait perdu son caractère guerrier pendant la colonisation. Toutefois, on notera que l’activité guerrière des nègres était assimilée à du banditisme, au mépris des réalités socio-culturelles des territoires concernés, il ne saurait s’agir de problèmes politiques chez les nègres. Logiquement, l’autoritarisme est associé à l’émergence du phénomène politique dans une communauté où les liens personnels du sang deviennent diffus : l’ensemble constitué par les colonisants et les colonisés (colonie) en est une illustration.

Il est inutile de rappeler ici les détails d’un lien étroit entre la conquête et la colonisation. Je préfère m’arrêter au processus par lequel le colonisateur a établi son autorité.
Pour justifier son intervention, il a d’abord cherché à affaiblir l’autorité préexistante en lui attribuant des agissements barbares ainsi que l’initiative de la révolte. Après cela, il a fait admettre le principe de reconnaissance de l’autorité politique établie par lui de manière à présenter les roitelets comme de véritables fantoches par rapport à la responsabilité des vrais hommes politiques : on a dû refuser de voir qu’un type particulier d’organisation de la Société puisse exister sur un modèle différent du modèle occidental.

Par ailleurs, je sais pertinemment que le travail forcé et l’esclavage ne sont pas nés de la colonisation. Mais les motivations n’étaient pas les mêmes, il ne s’agissait pas d’une vocation fondamentalement à la fois agressive et raciste, inhérente à la nature des êtres ayant un qualificatif inférieur ou sauvage.

La situation chaotique que connaît le peuple haïtien semble être le reflet d’un drame historique, difficilement imputable à un destin tragique de l’homme.
Haïti est en effet un pays à vocation agricole, et les français y avaient développé une économie prospère de plantations (sucre, café) au détriment des cultures vivrières. Mais cette nouvelle donne marquée par l’exploitation économique n’a pas pu empêcher la révolte des esclaves menée par Toussaint Louverture. Et, on évoque aujourd’hui que le peuple haïtien est extrêmement pauvre, mais au nom de quoi est-il pauvre ? Au nom de la richesse occidentale, au nom d’un système de besoins et d’accumulation de biens propre à l’Occident.
En effet, les Societés primitives n’étaient pas pauvres, les biens qui leur étaient nécessaires n’étaient pas rares et leur existence ne se bornait pas à subsister. En fait ce n’est qu’au moment où la machine à destruction des civilisations étrangères avait été mise en marche par l’Occident que sont apparues conjointement richesse et pauvreté.

De toute évidence, la rupture avec le marché mondial est à l’heure actuelle utopique en raison de l’effet veblen que les biens produisent chez les consommateurs. Bien que le prix soit un facteur de discrimination et d’exclusion, mais il est également un facteur de distinction. Pour éviter la résurgence d’un malaise social, il est préférable de lutter avec la pauvreté, plutôt que de lutter contre ce phénomène.


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