vous même reconnaissiez plus haut que l’égalité matérielle absolue tue
la motivation.
L’égalité matérielle tue la motivation des gens infantiles, c’est la seule chose que je reconnaisse. Des gens matures n’ont pas besoin d’être privilégiés pour être motivés.
outre une efficience moindre
Je ne trouve pas qu’une société qui se passe de 10% de sa main d’oeuvre par le chômage est efficiente, sans parler de tous les emplois qu’il faut créer pour gérer la pauvreté et l’exclusion.
une société égalitaire sur le plan matériel étouffe l’initiative, donc
la liberté
Je ne vois pas pourquoi. Les initiatives pourraient être très appréciées mais au lieu d’avoir une sélection individuelle par l’argent et le banquier, la sélection des initiatives serait, comme la réalisation, collective. Ne croyez-vous pas que des tas de pauvres ont plein d’idées (autant que les riches en proportion, parfois exactement les mêmes) mais qu’ils n’ont simplement aucun moyen de les réaliser ?
si il prend l’envie à certains de faire quelquechose pour obtenir un
bénéfice personnel.
Que chacun cherche à améliorer sa condition, c’est naturel. On ne peut pas empêcher les gens de bricoler chez eux ou de se faire un potager. Mais ce qui serait dommage, c’est qu’une découverte individuelle ne soit pas utilisée par le plus grand nombre parce que la personne qui le découvre veut en retirer un avantage disproportionné (les brevets sont souvent des barrières à la diffusion du progrès : que penser d’un inventeur de bonne foi qui ne peut pas utiliser son invention parce qu’un autre l’a trouvée en même temps que lui dans un autre pays ?). Il y a beaucoup de gens qui s’investissent pour le gratuit (le logiciel libre par exemple) : leur travail vaut parfois beaucoup plus que des produits payants. On peut se passer des enfants capricieux qui croient réinventer le monde et vouloir des jouets par milliers en compensation. Beaucoup de personnes ont de toutes façons la même idée plus ou moins en même temps sur cette planète. Seule l’argent sélectionne leur projet en réalisation. Par exemple, en électricité, les « courants de Foucault » s’appellent « Eddy current » en anglais. Beaucoup de nos inventeurs sont peut-être de simples négriers qui ne devraient même pas apparaître sur le dictionnaire.
il faut décider ce qui est bien ou mal
Vous avez une vision très centralisée des choses. Justement, l’égalitarisme, c’est la décentralisation par excellence : aucun chef, ou alors tous de façon très provisoire. Vous prenez l’exemple des dictatures de l’Est, et construisez votre vision de l’égalitarisme à partir de ça. Dans nos entreprises privées, il y a bien un chef qui décide de ce qui est bien ou mal et parfois il se trompe. Nous sommes plus hiérarchisés qu’une société égalitaire le serait.
Pour orchestrer tout cela, bureaucratie
Encore une fois, nous avons beaucoup plus de bureaucratie dans nos systèmes privées où nous devons gérer la misère inévitable (car nécessaire à l’exploitation des masses).
Bref, soit on est convaincu que les riches le sont par mérite, soit que les pauvres comptent des talents inexploités (ou exploités par d’autres qu’eux).
Je suis convaincu par la deuxième proposition : les pauvres ont autant d’idées que les riches mais ils ne peuvent simplement pas les mettre en pratique. Vous êtes apparemment convaincu par la première. A partir de là, nos avis divergeront toujours. D’ailleurs, vous justifiez les inégalités uniquement en vous plaçant du point de vue de l’entrepreneur qui va gagner plus, jamais du point de vue d’un petit génie qui doit travailler pour manger et ne choisit absolument pas son métier subalterne (et qui gagnera moins). Il faut un peu d’honnêteté, pour discuter sérieusement sur le sujet. Ceux qui sont pour l’inégalité se voient toujours seigneurs et considèrent bien rapidement que leurs serfs ne valent pas grand chose (c’est bien plus rassurant pour sa conscience).