Excellent article. Il rappèle que la religion continue d’exercer une influence démesurée sur la perception de l’histoire dans nos sociétés. De la même façon, le discours des chrétiens sur l’Ancien Testament a été démantelé, sans que les livres d’histoire aient été changés pour autant. Si ces découvertes n’ont pas pénétré davantage dans la conscience publique, c’est parce que les croyants font tout pour que leurs mythes continuent d’être crus.
Je rajouterai deux choses : la Bible était bien conçue comme un livre d’histoire par ses auteurs. Pour eux, histoire et propagande étaient la même chose. Ils ont réécrit toute l’histoire de l’ancien pays de Canaan, sans doute afin de justifier l’enracinement dans la région de la religion monothéiste qu’ils avaient établi, probablement en Mésopotamie au contact du zoroastrisme. Pour des raisons qui ne seront sans doute jamais connues, ils ont donné au « peuple élu » le nom de l’ancien royaume de la dynastie du roi Omri. Ils se sont vraisemblablement servis des archives des royaumes de Juda et d’Israël, dont ils auront déformé les événements qu’elles relataient jusqu’à en être méconnaissables. Chroniques qu’ils auront probablement détruites une fois leur tâche terminée, car l’histoire qu’ils avaient inventée devait rester à jamais l’histoire à enseigner. Il s’agissait d’une entreprise délibérée et consciente d’elle-même, véritablement orwellienne.
Au sujet de la stèle de Merneptah. Si elle est considérée comme le plus ancien témoignage de la présence dans la région d’une entitée ethnique établie dont la racine étymologique semble liée à celle d’Israël, elle n’est pas une confirmation du texte biblique. Au contraire, elle le contredit. La stèle a été érigée juste après la victoire des Egyptiens sur les peuples de la mer. Dont faisaient partie les Philistins. C’est à ce moment précis qu’ils sont allés s’installer en Palestine, parce qu’ils avaient échoué à envahir l’Egypte. « Israël » était donc présent avant que n’adviennent les Philistins. Elle n’a donc jamais eu à conquérir leur territoire ; à la rigueur, ce serait le contraire qui s’est passé. Même si les affrontements ont du être sur les marges, l’Etat philistin étant toujours resté cantonné sur la côte.