Tout cela parait dépasser très largement les limites de la démocratie.
Vous avez sans doute raison... Mais justement, où est-elle, cette démo-cratie ? Elle ne restera qu’un rêve tant que nous (le dễmos) nous en tiendrons à déléguer notre pouvoir de décision à un élu sur lequel nous nous déchargeons de notre responsabilité de citoyen, et tant que nous pratiquerons la démocratie à la manière de ces croyants qui ne pratiquent leur foi que le jour de la prière, je veux dire à n’exercer la démocratie que le jour de la grand-messe des urnes, quitte à se retrouver Grosjean comme devant pour avoir admis comme Loi divine le dogme selon lequel le « Royaume » se situe dans un hypothétique au-delà, toujours hors de portée mais toujours promis pour demain, après-demain, en tout cas pour le jour où on rasera gratis.
Alors que la démocratie commence au conseil municipal, auquel chaque citoyen peut assister, pour au moins vérifier que les promesses de campagnes sont tenues, comprendre pourquoi on alloue tel budget à tel poste, qui sont les intervenants, à quel titre... Combien le font ? Savent même qu’ils le peuvent ? Sont seulement dûment informés du jour de la réunion, pour commencer ?
Protester éventuellement auprès de son élu serait sans doute plus porteur que se contenter de râler au comptoir du Café du Commerce. Mais combien de citoyens exercent-ils leur pouvoir ?
Ainsi le peuple ne prend-il acte qu’il a été floué que lorsque les dégâts dépassent très largement les limites de la démocratie, pour reprendre votre formule... Et qu’il n’y a plus que la protestation de masse qui puisse donner sa portée à chaque petite voix protestataire.
La démocratie n’existe pas encore, et n’existera jamais tant qu’on n’aura pas trouvé le moyen d’éradiquer la corruptibilité des élus, phénomène qui existe depuis l’antique création du mot « démocratie ».
Faisons un rêve...
Dans une vraie démocratie (à mon sens), on commencerait par mettre la pratique démocratique au programme scolaire, non pas en philo, ni en histoire, ni en « activité d’éveil » ou autre fourre-tout, mais en tant que telle ; ce serait bien le moins puisque c’est là que tout commence, dès le plus jeune âge.
Apprenons à exercer et assumer notre part de pouvoir, là où nous sommes, chacun avec les petits moyens dont il dispose, c’est la responsabilité démocratique à laquelle nous n’avons démocratiquement pas le droit de nous soustraire.
A part ce petit bémol, je trouve votre analyse pertinente, de même que l’intervention de Morice.