Je suis allé voir
vos autres articles et je partage largement vos analyses, y compris votre
pessimisme.
Les syndicats français sont des états-majors ne disposant
pas d’une armée permanente, et ils ne peuvent compter, vu le faible taux de
syndicalisation, que sur le volontariat lors de l’appel aux levées en masse. En
outre, ils sont considérablement investis dans des tâches de cogestion (CA, CE,
CNAV, CNAM gestion des carrières dans la Fonction Publique...) où il
représentent les usagers. Ils s’inscrivent plus dans la durée que dans la
flamboyance de l’action instantanée. Ils savent, qu’après les manif , il va
falloir discuter âprement de dossiers compliqués avec des adversaires coriaces.
Ces derniers savent d’ailleurs, à l’occasion, leur faire sentir leur faible
représentativité (« quand il y a une grève, personne ne s’en rend
compte »).
Et cette représentativité est aussi contestée par les
salariés dans l’action comme vous.
En outre, le citoyen se débarrasse volontiers de son devoir
de participation citoyenne, qu’il s’agisse de la vie politique ou de la vie
syndicale. Quitte ensuite à critiquer sans nuance.
Pour moi, les syndicalistes sont des héros très largement
anonymes car, pour une Nottat passée à la célébrité combien d’obscurs
travaillent guidés par un idéal qui n’est certainement pas l’enrichissement.
S’ils avaient été réellement ambitieux, ils auraient fait carrière ailleurs.
La campagne anti-retraites des députés a des relents
d’anti-parlementarisme qui la rende suspecte. « A bas les voleurs ! »
criaient les manifestants le 6 février 1934 en marchant sur le Palais-Bourbon. Certes,
des élus manquent de dignité. Mais ce n’est pas une raison pour remettre en
cause la démocratie représentative (ce que vous ne faîtes pas). Si nous élisons
des médiocres, c’est d’abord à nous-mêmes qu’il faut s’en prendre.
Ouch, cette défense et illustration du syndicalisme a pris
beaucoup d’espace, pour le reste,
je suis tout à fait d’accord avec vous. La seule nuance étant entre ce qu’il
faut faire, et ce qu’on peut faire.