Il est vrai que je pars d’où je suis, d’un point de vue particulier que j’essaie d’étendre au général.
Mais je crois que les mêmes mécanismes que je dénonce sont à l’œuvre au niveau international. Et plus profondément, nous, en tant que population, aurions plutôt intérêt à partager, qu’à subtiliser. les dégâts commis ici sont du même ordre que ceux commis ailleurs.
La catastrophe de BP avait déjà eu lieu au Niger, et les grands ducs qui nous gouvernent n’ont pas plus de considération pour un « blanc cassé » que pour un africain qui tente de rejoindre l’Europe sur une barque de fortune. C’est une question de dosage et de temps, mais nous y venons peu à peu.
Lutter pour notre survie implique évidemment de lutter pour celle des autres, ou plutôt d’être en phase avec leurs luttes, avec le chemin qui leur est propre.
Je ne vois pas par ailleurs de nostalgie des États totalitaires. Au contraire. L’échec du soviétisme est dû pour une grande part à leur hyper rigidité. Il s’agit d’imaginer un monde démocratique, souple, humain, et post-capitaliste. Il s’agit de dépasser un type de société qui montre ses limites et devient dangereux pour la survie de l’humanité, et qui le devient au nom de la conservation du bonheur pour une oligarchie qui se croit omnipotente.
L’accroissement vertigineux des inégalités montre d’ailleurs à quel point le système tend vers sa fin. C’est comme un symptôme d’une maladie grave.Comme à Rome de l’an + 400, où les dépenses dispendieuses étaient devenues la règle.
Le partage dont vous parlez (ou du moins le non partage actuel) implique bien entendu également la transformation des comportements, d’un consommer plus à un vivre mieux, ensemble, dans l’intelligence. Considérer que le don est supérieur à la possession, que le droit de propriété n’est pas le droit à tuer dans la propriété, ou le droit à détruire au nom de la liberté des biens.
Aujourd’hui, dans notre belle Europe, le droit à la grève est mis en cause au nom de la libre circulation des biens. C’est-à-dire que les biens finissent par avoir plus de droits (ou celui qui les possède) que l’être humain.
Je crois à un équilibre, du genre de celui de la république qui est répudié par les gouvernants eux-mêmes. Il faut y réfléchir et le renouveler. Liberté, égalité, fraternité. Sans cette dernière, tout s’écroule.