• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de ffi

sur De l'abolition du salariat


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

ffi ffi 7 avril 2011 20:35

L’abolition du salariat me semble délicate dans l’immédiat. Mais son reflux me semble nécessaire.

Cela reviendrait peu ou prou à réinstaurer le système économique d’ancien régime. Mes sources sont « le livre des métiers » d’Etienne Boileau.

NB : A l’époque :
- les salariés étaient dénommés « valets »
- les artisans-patrons étaient dénommés « maîtres »

Généralement, le nombre de valets par établissement était limité à 4.
Le nombre d’établissement était limité à 2.

Cela fonctionnait car l’économie était protectionniste. Toute activité locale dans un secteur de métier devait passer par une corporation, qui était l’assemblée de tous les artisans libre (propriétaires) du lieu officiant dans cette activité, laquelle avait le monopole (monos politia = un seul gouvernement en grec) sur les activités du métier (ministerium en latin qui a donné aussi ministère).

A partir du moment où le système cessa d’être protectionniste, que le nombre de valets (salariés) ne fut plus régulé, de même que le nombre d’établissement, il n’y eu plus aucun frein à l’extension démesurée du salariat et à la concentration sans cesse croissante du capital. Dès lors, pour être compétitif, tout le monde dut concentrer un maximum de capital et posséder le plus de salariés possibles...

C’est la Révolution qui, par les lois Allarde et Le Chapelier, a aboli le système des corporations, en saisissant leurs biens de corporation existantes et en interdisant toutes associations ouvrières. Il fallut attendre la loi Waldek-Rousseau pour rétablir des syndicats, mais cette-fois fondés sur la classe commune - syndicats salariés ou patronnaux - plutôt que sur l’activité commune. Cette abolition du système historique a produit le XIXème siècle que l’on connaît : extension du salariat et concentration sans cesse accrue du capital.

La parade historique de l’alliance gauche et gaullisme, qui fut en son temps utile, fut d’utiliser la force de frappe de l’Etat comme instrument de concentration du capital pour être compétitif immédiatement face à la concurrence privée, tout en créant un salariat de droit public pour créer de l’emploi.

Hélas, ce fut largement détourné avec les privatisations, la concentration du capital opérée par l’Etat étant retombée entre les mains de quelques personnes, qui ont ensuite « dégraissés les mammouths » étatiques de leur salariés, créant beaucoup de chômage. Paradoxalement, l’Etat a été un assistant de la concentration du capital pour les déjà-propriétaires de l’économie.

Ce n’est pas acceptable. Donc il faut envisager le problème autrement.

Il est possible d’utiliser, comme historiquement, l’Etat tel un outil de reconstruction d’une économie cohérente, à condition qu’à terme, l’outil productif reconstruit soit redistribué équitablement à tous les salariés (ceux ayant participé à cette reconstruction de l’outil productif) en les installant en tant qu’artisans-maîtres, propriétaires de leur outil de production, mais selon les règles que :
- le nombre de salariés-valets d’un homme est limité par la loi
- le nombre d’établissement d’un homme est limité par la loi.
- les maitres-artisans d’un lieu doivent créer une université (= assemblée) pour gouverner de concert leur activité sans heurts (et veiller à la qualité des productions).

Cela revient à une nationalisation-privatisation, mais dont la partie privatisation est sévèrement encadrée par la loi (une même entité économique ne peut s’approprier toute la structure). Par exemple, Albert Frère n’aurait pu acheter l’intégralité de GDF. Les apparatchiks Russes n’auraient pu s’approprier les pans entiers de l’économie soviétique. La privatisation doit se répartir entre des milliers d’acteurs indépendants.

C’est à la fois de gauche (utiliser l’Etat), mais aussi de droite (une économie fondé sur la propriété).
Ce n’est pas de gauche (pas de socialisation des outils de production), mais ce n’est pas de droite (au sens libérale : protectionnisme, pas de concurrence, encadrement du nombre de salarié et d’établissement).

Je ne crois pas à l’actionnariat (qui est aussi une forme de socialisation de la propriété et fait donc gérer une activité par des irresponsables).


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès