C’est normal que cette photo crée un scandale et que l’affaire se trouve à la une de tous les journaux. C’est d’ailleurs ce que le photographe et la galerie ont cherché. Faute de célébrité, la notoriété est une bonne alternative. C’est devenu une méthode courante pour attirer l’attention, surtout dans les arts plastiques, on se souvient des boîtes de merde et autres outrances. La réaction des médias et des politiciens était prévisible : c’est une occasion de montrer son ouverture d’esprit et sa tolérance avec un regard méprisant sur ces catholiques conservateurs, c’est-à-dire réactionnaires, intolérants et proche du FN. Jeu facile : ça ne coûte pas cher et peut rapporter gros ! Mais leur largeur d’esprit a un petit défaut, soigneusement escamoté, notamment le sens unique de leur générosité. Si c’était Mohammed blasphémé, leur réaction serait autre. On peut pisser sans crainte sur le christianisme, mais le moindre pet sur l’islam et on se trouve devant le tribunal.
Est-ce que la photo exprime quelque chose ? Le photographe voulait-il exprimer quelque chose ? Ou cherchait-il seulement le provocation ? Moi-même peintre, j’avoue être coupable de chercher parfois la provocation. Mais c’est chose courante dans l’histoire de l’art. On se souvient des boîtes de merde.
Un dessin humoristique est autre chose. Mais une œuvre d’art demande d’être pris au sérieux et devient par là une outrance, une provocation. Bruler la Bible est encore autre chose. On ne détruit pas LA BIBLE mais seulement une copie dans une langue particulière. Le blasphème est quand même proche de l’insulte et ne peut que provoquer la haine. La liberté trouve peut-être sa limite devant la violence psychique comme devant la violence physique ?