Bonjour la béotienne,
Merci pour ces travaux pratiques qui m’ont fait rire en même temps que me souvenir des nombreuses fois où j’ai connu des situations semblables quoique jamais dans une telle réciprocité (pas connu de « se refiler la tartine »).
Mon sacrifice de la plus belle tartine passait généralement inaperçu ce qui, je me rappelle, m’amenait à interroger l’intérêt de la chose tout en sachant qu’un sacrifice n’est pas fait à des fins ostentatoires mais répond à un désir inconditionnel de faire le bien de l’autre.
Malgré tout, cela m’a interrogé sur les attentions perdues dans le tonneau des danaïdes de l’inattention de l’autre.
Approchons-nous de l’idéal, imaginons la plus parfaite abnégation, un constant sacrifice de la meilleure part pour l’autre, un don de soi de tous les instants et.... un partenaire complètement aveugle à la chose ou qui la tient pour acquise et n’en fait plus cas.
C’est le genre de situation que beaucoup de mères de famille connaissent, inscrites qu’elles sont dans les stéréotypes du couple traditionnel, quoique dorénavant « à l’ancienne ».
Une amie me disait, non sans irritation, un peu de jalousie et une certaine incompréhension, que ces femmes sont visiblement les plus heureuses. Alors que celles qui luttent pour un statut plus équlibré de femme moderne se retrouvent... en lutte permanente et toujours quelque peu frustrées.
La chose me paraît tout à la fois compréhensible et désolante.
Compréhensible car le bonheur vient simplement de l’adéquation entre nos attentes et nos perceptions. Ces femmes sont heureuses car ce qu’elles vivent correspond à leurs attentes. Elles vivent un « oui » au monde, à leur vie. Point barre. La femme moderne, en lutte pour son statut, reconnaissance, respect, etc. est moins heureuse car ce qu’elle vit ne correspond pas à ses attentes. Elle n’est pas dans le « oui » sans réserve de la précédente. Le « non » est très présent. D’où la frustration, l’insatisfaction, la lutte et l’absence de sensation de bonheur.
Si on me donnait à choisir entre l’un et l’autre, comme le psychologue suisse Jean Piaget, je dirais que je préfère un tertium, ce « tiers exclu » par la logique du A et du non A évoquée par Gollum.
En effet, même la solution qui semble la plus heureuse, (la femme soumise aux attentes de l’homme mais satisfaite) me paraît désolante car la somme de sacrifice qu’elle accomplit n’est pas reconnue par son conjoint.
Ce qui est vécu est juste une conformité de part et d’autre à un même stéréotype. L’accord du couple porte seulement sur des jeux de rôles avec la division du travail qui en découle.
De rencontre il n’y en a point car l’attention et le respect fait défaut du côté mâle (j’aurais dû le dire plus tôt : il va de soi que des situations inverses existent. Elles sont simplement plus rares d’un point de vue statistique).
Si la femme est satisfaite, c’est qu’elle n’a pas d’attente sous le rapport de la rencontre véritable et c’est là où la chose est désolante. Car la vie est alors pure conformité aux stéréotypes. Il n’y a pas rencontre, présence de deux êtres, car celles-ci ont comme condition la liberté de sujets qui s’accueillent mutuellement et ne peut se réaliser par l’interaction d’automates seulement capables de s’inscrire dans des jeux de rôle standardisés qui leur apportent à chacun leur part de satisfaction indépendamment d’une véritable rencontre avec l’autre.
Tout ça me semble une vie de zombie que les films « The Hours » ou « Fight club » ont, chacun à leur manière, férocement critiqué.
Ma conviction est que la rencontre véritable est un des sommets de l’existence et qu’elle mérite qu’on s’en donne les moyens plutôt que de se satisfaire d’erzatz ou de comédie.
Notez bien que cette conviction, parce qu’elle est basée sur l’idée qu’il n’y a rencontre que dans le plus absolu respect de la liberté de l’autre fait que je ne trouverais rien à objecter au fait que cet autre aille à son ordinateur durant le temps du goûter.
Cette liberté que je lui reconnais étant ce qui, précisément, fera la valeur de sa présence quand, délaissant son ordinateur (son livre, ou je-ne-sais-quoi), elle viendra partager avec moi ce goûter.
11/06 07:31 - Luc-Laurent Salvador
Pour lire la suite, voici le lien vers ... De la démocratie en amour : la loi de l’accord (...)
03/06 17:19 - Luc-Laurent Salvador
@ Gollum Tout à fait d’accord. En particulier avec la conclusion finale. En effet, cela (...)
03/06 16:03 - Gollum
La propension à se sacrificier n’est pas forcément toujours innocente. En tout cas, ceux (...)
03/06 06:45 - Luc-Laurent Salvador
Bonjour la béotienne, Merci pour ces travaux pratiques qui m’ont fait rire en même temps (...)
02/06 19:07 - la beotienne
Bonjour Luc-laurent, A propos du sacrifice de soi : travaux pratiques Epuisée par ma (...)
02/06 18:22 - Luc-Laurent Salvador
Bonjour Eléostéarique, Merci pour ce riche commentaire, même si je le trouve un peu acide (...)
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