@ marcuz
Concernant Sartre, j’ai fait cette réponse... :
"Ce que propose Sartre est une belle pirouette qui, à mon sens, relève de
cet adage latin « ex falso sequitur quod libet » que je traduis
en raccourci par « du faux il s’ensuit n’importe quoi ».
Le faux se trouvant dans les tous premiers mots de la citation que je
reformule pour faire apparaître clairement le problème :
" L’amant désire posséder l’aimé non comme une chose mais
comme une ..." (liberté etc.)
Le faux, le problème, est dans ce postulat que l’amant désire posséder.
C’est tout au plus une vérité statistique.
Mais c’est faux en principe, parce que c’est le contraire de l’amour."
Je souhaiterais la préciser quelque peu.
En fait, je crois que le problème de Sartre est qu’il télescope ici la dimension Eros de l’amour qui porte à la possession (le verbe posséder pouvant même désigner la copulation) avec la dimension de l’Agapé qui porte au don de soi et il essaie alors de résoudre la contradiction inhérente à ce télescopage alors qu’il serait si simple d’opérer le distinguo.
Lorsqu’il est porté par son désir physique, l’amant est dans l’Eros et il aspire tout naturellement à posséder l’objet du désir. Lorsque Agapé est non seulement présent mais dominant, Eros se trouve contenu et l’objet du désir cesse d’être vu comme objet et est alors respecté comme sujet. Il n’y a pas de contradiction alors. L’amant ne désire pas posséder. Tout au contraire, il désire l’autre libre.
Dans la présentation que nous fait Sartre, c’est le contraire qui prévaut : Eros domine Agapé, qui, bien que présent, est récupéré. Dès, le désir de posséder s’affirme comme désir d’une liberté qui s’aban-donne d’instant en instant et qui offre ainsi de manière constamment renouvellée l’intense plaisir de la prise de contrôle, de la possession.
Est-ce que tout cela est assez clair ? Je n’en suis pas sûr... 