la France est une état-nation depuis près de 1000 ans, comme l’Angleterre ou le Japon.
L’Angleterre n’est pas un Etat, quand au Japon, il a été divisé jusqu’au début de l’ère Tokagawa. De toute façon, ces deux entités sont beaucoup plus homogènes que la France ne l’a jamais été et ne le sera jamais. Pauvre amas de peuples inconstitués.
Et la France n’était alors qu’un domaine royal. Elle n’est devenue un véritable Etat qu’après la Guerre de Cent Ans, et là encore, elle ne s’est définie que par les possessions royales. Et elle n’est devenue unitaire-centralisée qu’à la Révolution. Quelle ironie pour les républicains intégristes !
L’Espagne ne s’est fondée en tant qu’état qu’il y a cinq siècles.
Quant à la plupart des autres états européens, ils n’existent souvent que depuis le XIXesiècle.
Mais là encore, leur homogénéité ou leur légitimité est plus grande.
On ne peut pas comparer l’Euzkadi, la Catalunia ou la Corse avec ce qui se passe en France continentale. Dans les trois exemples cités en haut, la culture, l’identité et la langue sont restées extrêmement vivace.
Ce qui veut simplement dire que le nivellement oppresseur jacobin y a été moins efficace.
Ce n’est pas le cas en Occitanie et je le déplore(y habitant et ayant deux enfants Languedociens) mais la faute à qui ? A un grand méchant état Français centralisteur ou à un peuple lui même qui, comme le déplorait Mistral, a laissé crevé les usages de ses pères ?
La faute à qui ? À ce méchant Etat français centralisateur. Responsable aussi du mépris que les occitans et les autres peules ont éprouvé pour eux-mêmes. Qui a formaté leurs esprits par sa propagande scolaire et nationaliste, pour leur faire croire qu’ils n’étaient rien, que seuls valaient la langue, la culture et l’histoire de Paris et de ses environs. Privés de toute référence, ne connaissant pas l’identité de la langue qu’ils parlaient, se faisant marteler à longueur de journée que leur « vraie » identité n’avait rien à voir avec celle qu’ils vivaient quotidiennement qu’ils ont fini par y croire. C’est ce quon appèle l’intériorisation de l’infériorité.
Leur langue, à vrai dire, était réduite au concept uniformisateur de « patois ». Pas d’occitan, de béarnais, de gascon, de provençal, de lyonnais, de breton, de gallo etc... Que du « patois » ! Terme méprisant et insultant, destiné à dégrader toute langue non française de Paris. Dont il n’existe pas d’équivalent ailleurs qu’en français, tout un programme. Le pire, c’est que certains sont fiers de l’utiliser. Quand je disais intériorisation de l’infériorité...
Les français ont obtenu comme résultat un peuple de sous-hommes, amoureux de l’autorité, incapables de se prendre en mains, juste bons à se rendre au combat, pardon au massacre, pour le bien de leurs dirigeants. C’est ça le résultat de « l’école de Jules Ferry » : le conditionnement de masse pour aboutir aux tranchées de la Première Guerre Mondiale. Et avec la reconnaissance encore !
J’apprécie aussi l’ironie involontaire de cette phrase :
Vous serez toujours des ennemis. Les idiots utiles de tous ceux qui veulent nous asservir
Et le français n’a même pas le mérite d’être une langue de communication indispensable. Qu’un breton et un occitan aient besoin d’une lingua franca, quelle découverte ! Mais alors que tant de sots l’ont loué comme expression de l’universel par opposition aux langues régionales, il est en réalité un obstacle à cet universel. Fardeau éloignant ses locuteurs forcés du monde, où il existe déjà une langue commune, l’anglais, bien plus aisée et mieux acceptée. On a besoin de deux langues, la locale et la commune, et le français est clairement une gêne.
Et les mêmes qui s’opposent à toute diversité en France ne vont pas se gêner après pour aller se mêler de la Belgique et du Canada, et fustiger ceux qui essaient d’empêcher d’y parler français. Ils devraient pourtant les soutenir, au nom de l’uniformité, s’ils étaient logiques avec eux-mêmes. Mais, là encore, cela signifie simplement leur nature de nationalistes bornés.