Une évidence à rappeler : Dominique Strauss-Kahn a utilisé son droit au silence devant la justice états-unienne. Ce qui lui a permis de s’en tirer. Il reste que si on se place dans l’hypothèse d’une agression sexuelle, il n’a pas intérêt à briser ce silence. D’autres scénarios peuvent expliquer qu’il se taise, notamment celui d’une relation tarifée (car je pense que c’est toujours illégal à New-York).
Il est vrai que le scénario d’une relation sexuelle consentie mais non tarifée, conclue comme ça, en l’espace de quelques minutes, entre ces deux personnes, apparaît peu vraisemblable. DSK n’a donc sans doute pas intérêt à parler, si ce n’est à répéter ce qu’il a déjà dit. Le doute resterait donc toujours sur ce qu’il a fait, un doute préjudiciable. Puisqu’on a le choix entre DSK violeur et DSK client de prostituées.
Il y a cependant un autre élément à prendre en compte : il est de plus pris maintenant dans une procédure civile, où ce droit de se taire n’existe pas, ce qui peut lui compliquer la tâche sérieusement. Strauss-Kahn devra donc bien s’expliquer à un moment ou l’autre sur ce en quoi consistait exactement cette « relation consentie ».
Maintenant, quel est le scénario le plus probable ? D’un côté, il l’est peu que Nafissatou Diallo ait monté ces accusations toute seule. Une bonne partie de la défense de Strauss-Kahn repose sur le fait qu’on ne peut pas se fier à Nafissatou Diallo parce qu’on a découvert qu’elle ne manquait pas de choses à se reprocher. Elle avait menti au sujet de sa demande d’asile et trompait le fisc et les organismes d’aide sociale. Alors, bien sûr, cela a été utilisé contre sa crédibilité, avec raison. Mais dans un autre sens, cela va à l’encontre de la théorie d’une machination de sa part. Car les personnes autant en délicatesse avec la loi se montrent en général discrètes. Evitant d’attirer l’attention sur elles, par exemple en inventant ainsi une accusation.
Cela va dans le sens qu’il lui est bien arrivé quelque chose de sérieux, ou qu’on l’a contrainte à entrer dans cette histoire.
Une authentique relation professionelle qui aurait mal tourné ? Le problème, c’est qu’en dehors de l’article douteux d’un journal douteux, le même qui avait présenté comme faits « établis » des affirmations douteuses ou franchement erronées, il n’y a rien qui soutienne que N. Diallo en était une.
Une erreur sur la personne ?
Ce serait vraiment étonnant. Les clients prennent leurs précautions pour identifier leur prestataire. Ceux qui cherchent des prostituées dans un tel lieu ont recours à divers trucs, comme l’usage d’un code, ou ils font souvent appel à des messagers, qui servent d’intermédiaires et permettent au client et à la call-girl de se reconnaître. Et c’est là qu’une manipulation a pu avoir lieu.
Les rares faits que l’on connaît vont bien dans le sens d’un coup monté.
Toute l’histoire repose sur ce point crucial : Diallo n’aurait jamais dû être là à cet endroit. Cela suppose une étonnante faute professionnelle, attribuée par elle à un groom qui lui aurait dit que la chambre était vide. Qu’il se soit agi d’une énorme suite ne change rien au problème. C’est son métier de vérifier. J’ai eu des doutes sur l’existence de cette personne, vu le nombre d’éléments qu’on nous présentait comme sûrs et qui se sont révéles inexistants. Mais elle semble vérifiée, mentionnée encore dans la plainte civile. Le procureur Vance confirmait que son enquête avait établi que N. Diallo croyait la chambre vide, comment s’ils n’avaient pas interrogé un témoin indépendant.
On ne s’interroge en général guère sur les implications du récit de Diallo des circonstances de sa « rencontre » avec DSK, s’il est exact. Cette histoire de l’homme nu qui apparaît comme ça dans la pièce, comme surgi de nulle part est très étrange. Elle a sans doute nourri la version selon laquelle il était caché dans l’armoire en attendant sa victime ; mais il est certain qu’elle ne tient pas debout si on suppose que c’est arrivé « par hasard ». Car oui, ce « détail » implique bien qu’il l’attendait, et quel sens cela a-t’il s’il n’avait pas à l’avance de certitude qu’elle allait arriver ? Il n’allait quand même rester toute la journée comme ça, dissimulé on ne sait où, en attendant qu’une très hypothétique victime arrive. En fait, il n’avait pas de raison de penser que ça se produise tant qu’il n’avait pas rendu les clés. Et s’il s’est préparé dans les minutes qui précèdent (toujours sur la base de quoi ?), on se demande comment il aurait pu le faire à l’insu du mystérieux garçon de chambre. Le tout alors qu’il devait rendre la suite sous peu, ce qui renforce le caractère surréaliste de la scène.
C’est donc bien le garçon de chambre qu’il faudrait interroger. Il est invraisemblable qu’il en se soit pas rendu compte que la chambre était toujours occupée, avec les affaires de l’occupant toujours là, celui-ci sans doute bruyant. La première chose qui vient à l’esprit, c’est qu’il était l’intermédiaire, sensé mettre en contact Strauss-Kahn et une call girl.
Mais alors pourquoi avoir dit à N. Diallo que la chambre était vide ? Cela prend tout son sens si on envisage qu’il était en réalité là pour piéger DSK en lui faisant croire que la femme de ménage était la call-girl qu’il attendait.
Question : Vance s’est-il douté de quelque chose, et a-t’il refusé de marcher dans la combine ? C’est que ce témoignage de l’employé, à lui seul, permettait de valider le scénario de l’agression sexuelle, quels que soient les doutes sur la crédibilité de l’accusatrice. Il permettait en effet d’établir qu’elle était bien entré dans la chambre en la croyant vide, ce qui renvoyait à la constation faite plus haut, de l’invraisemblance d’une relation consentie en si peu de temps. Pourquoi avoir classé l’affaire, alors ?
Mais ce témoignage devait paraître intenable. Hélas, le procureur est le seul qui pouvait faire la lumière sur ce qui s’est vraiment passé. Mais s’il a senti que des intérêts plus élevés, et très dangereux, étaient en jeu, il aura choisi de ne pas s’y affronter. Quant à DSK, il est à mes yeux peu probable qu’il s’exprime là-dessus.
22/10 21:53 - Analis
Par contre, il est difficile de les faire cadrer avec un scénario selon lequel elle aurait (...)
17/09 14:21 - Analis
@ Ganesha : Certes, il semble y avoir eu un peu de cafouillage. J’ai l’impression (...)
16/09 11:39 - Claire29
Selene, je suppose que si un jour vous êtes agressé(e) sur votre lieu de travail, vous (...)
16/09 10:20 - Jean-Pierre Llabrés
16/09 00:09 - selene
Parmi les faits réels, il y a aussi le fait que la direction du Sofitel a caché aux avocats de (...)
15/09 17:15 - fwed
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