Oui,
tout ceci montre que la République est corrompue jusqu’à l’os. Mais s’il faut
effectivement dénoncer les excès de cette pseudo-élite qui a fait main basse
sur les richesses de notre pays et partant, celle des Français, on aurait tort
d’établir un lien entre l’attitude de celui qui tient lieu de chef d’Etat à la
France et le monarque de l’Ancien Régime. Ainsi, quand un intervenant
reprend la formule « Car tel est notre bon plaisir », en faisant le parallèle
avec cet Ancien Régime, c’est une erreur historique colportée par l’Education
nationale : car les anciens monarques ne se comportaient pas tel que ce pitre
républicain faisant office de président, et il faut garder présent à l’esprit
le sens politique s’attachant autrefois à la formule en question. Alexandre
Remy l’explique en 1854 :
« Il importe d’en
établir avant tout l’origine. Or, c’est dans le berceau même des libertés
nationales qu’il faut la chercher. Chez les Francs, la souveraineté publique
résidait dans la nation présidée et gouvernée par son Roi : la loi,
délibérée et votée dans des assemblées générales, était sanctionnée et
promulguée par le monarque ; et comme la souveraineté publique se
résumait finalement dans son représentant héréditaire, chargé du pouvoir
exécutif, la sanction royale se formulait naturellement ainsi : « Tale est
placitum nostrum » ; ce que les historiens traduisent indifféremment par ces
mots : « Tel est le résultat de l’assemblée », « telle est notre volonté » ou «
tel est notre bon plaisir ».
« Quoiqu’il en soit, cette formule, telle que nous la
prenons à son origine et dans son sens primordial, désignait donc, non la
volonté exclusivement personnelle
et par conséquent absolue ou arbitraire du monarque isolé de son peuple, mais
la volonté collective et universelle de la nation, délibérée dans une assemblée
publique présidée par le Roi, et ayant son expression régulière dans
un vote libre, librement sanctionné par le chef de l’État.
Que, dans la suite, la royauté, jetée hors
de ses conditions véritablement constitutives par la féodalité, en soit venue
quelquefois à faire abus de cette formule à son profit propre, nous ne le nions
pas ; mais l’abus ne détruit pas le principe, et il n’en reste pas moins vrai
que la formule : « Tel est notre bon plaisir », prise dans son sens
originel, ne signifie rien autre chose que la souveraineté publique,
formée de l’accord du roi et de la nation, et se résumant dans le pouvoir royal
par la sanction et l’exécution. »