"mais les politiciens et les dirigeants tout au long de l’histoire ont
maintenu et encore aujourd’hui oeuvrent à maintenir les divisions et
l’organisation tribale des populations en territoires identitaires
fermés«
C’est faux.
En fait, c’est les gens eux-mêmes qui préfèrent vivre dans des environnements qu’ils comprennent, où ils ont des repères, avec une certaine organisation qui a leur préférence.
Prenons quelques exemples simples :
Un amateur de Rugby, va-t-il naturellement fréquenter les milieux du football ?
Un athée convaincu voudra-t-il vivre parmi les amateurs de mosquée, à prier 5 fois par jour, à écouter religieusement des fatwas ?
Et inversement, un musulman voudra-t-il vivre sans cesse parmi des athées, dont il perçoit systématiquement l’impureté ?
En fait, c’est un mouvement tout ce qu’il y a de plus naturel, et universel, les hommes tendent à vouloir vivre comme ils aiment vivre, selon la civilité qui leur sied, et, par conséquent, se regroupent selon leur affinité, formant ainsi des communautés. C’est la raison de l’extrême variété des civilisations humaines. L’homme politique n’a donc rien à imposer, cela se fait tout seul, naturellement.
Maintenant, et il y a eu une étude en Suisse sur ce sujet, et c’est ce que l’on constate tout au long de l’histoire, ces communautés ne peuvent coexister qu’à certaines conditions : elles ont besoin d’un pré carré pour que puisse s’y exprimer l’ordonnancement social auquel elles aspirent (autrement dit hiérarchie, dans le sens étymologique, ordre sacré), c’est-à-dire de frontières bien pensées.
Plusieurs ordonnancement sociaux incompatibles ne peuvent coexister longtemps dans une même période au sein d’une même entité politique : c’est le symptôme »Babel« . En effet, la nature commande que les divergences d’affinités mènent à des organisations sociales différentes, c’est-à-dire à des sociétés différentes, ce qui fait que bientôt l’entité politique se scinde en communautés. Comme les membres de communauté sont toujours un peu plus enclin à excuser »un des siens« , plutôt que »un des autres« , le moindre accident entre membre de deux communautés fait peser le risque de batailles rangées entre communauté.
L’on parlera alors de tensions, frictions, troubles communautaires. Nous avons observé ceci entre Arabes et Tchéchènes à Mulhouse dernièrement. Nous l’avons aussi abondamment observé dans l’ex-yougoslavie, au Liban, au Soudan, au Rwanda,... etc, partout dans le monde tout au long de l’histoire.
Je vais prendre une autre analogie.
L’aspiration organisationnelle d’un collectivité est à la société, ce que la maille est au cristal : un principe directeur qui crée un ordonnancement particulier des individus-atomes, formant ainsi une substance particulière. On peut donc modéliser toute société comme une substance.
Maintenant, prenons le cas de la substance eau, et le cas de la substance huile. Mélangeons-les, mixons-les. L’émulsion ne dure pas. Bientôt, ces substances se séparent : l’huile est hydrophobe. L’eau est oléophobe.
C’est exactement ce qui se passe avec l’humanité. L’affinité propre des individus les portent à se regrouper naturellement en communautés d’affinité. L’émulsion à la Babel, finit toujours par »tourner« , comme une vinaigrette, et les petites bulles de cette émulsion tendent à fusionner en bulles plus grosse, jusqu’à entière séparation des deux substances. Il reste alors, entre ces deux substances une frontière. Cette frontière est sujette à des »tensions de surface", ce qui achève de démonter la pertinence de l’analogie substances chimiques / substance sociale.
Votre petit calcul ne fonctionne donc pas.
La bonne manière de considérer l’humanité est de la considérer comme un corps, composé d’organes et de cellules. Prenez un corps et mélangez les cellules du coeur dans le cerveau, du cerveau dans les testicules, du foie dans les poumons,... etc.
Pensez-vous avoir la possibilité de créer un corps en capacité de vivre ?
Non, vous l’avez broyé et mené à sa destruction...