Je souhaiterais compléter mon article par ce commentaire pour répondre aux différentes observations, en corollaire de mon autre commentaire posté un peu plus bas mais qui semble être passé inaperçu parmi les autres :
D’abord je tiens à affirmer que mon article ne visait absolument pas à dénigrer les plombiers, comme semblent l’avoir compris un certain nombre de commentateurs arrivés bizarrement tous en même temps et bien souvent s’étant « inscrit sur le site exprès pour répondre à mon article ». Je connais des artisans et entrepreneurs divers et j’ai totalement conscience que les métiers manuels demandent du savoir-faire, du travail, de la volonté et que l’entreprenariat est une entreprise risquée financièrement. Mon exemple du plombier visait à mettre en relief le fait qu’aujourd’hui, et contrairement à ce qui était le cas il y a une dizaine ou une vingtaine d’années, les études longues sont aujourd’hui génératrices de bas-salaires pour les gens issus des classes moyennes qui souhaiteraient gagner une meilleure place dans la société.
Je n’affirme en aucun cas qu’un diplôme devrait donner un droit sur une quelconque place privilégiée, mais je constate qu’il existe une absurdité dans la répartition des positions hiérarchiques au sein même d’une société, indépendante des compétences réelles, qui ne peut s’expliquer que par la prédominance des réseaux. Un diplôme n’ouvre pas de droit divin les portes de l’ascenseur social mais une absence de diplôme est bien pire encore, les employeurs arguant toujours cet argument pour refuser une promotion à des gens méritants (ça je l’ai vu et revu un certain nombre de fois pour d’excellents ouvriers ou techniciens).
Ensuite j’ai l’impression qu’il existe une confusion dans la comparaison des différents parcours qui sont évoqués ici, que je pourrais classer en trois catégories : les confusions dans le temps, les confusions dans l’espace et les confusions de domaine.
Les confusions dans le temps comparent des parcours commencés il y a une vingtaine d’années avec une situation postérieure ou actuelle. Or peut-on réellement prétendre que quelqu’un qui a réussi en partant de rien il y a vingt ans réussirait aujourd’hui dans les mêmes conditions ? Car les loyers, les possibilités offertes, le coût de la vie en général sont des données qui ont radicalement changé et qui influent énormément sur les possibilités de réussite sociale. La meilleure preuve de cette mutation est je crois le développement effarant de la prostitution étudiante en France, régulièrement rappelée par les médias.
Les confusions dans l’espace sont à relier avec l’origine sociale des gens. En effet j’ai bien précisé que je venais de province et que j’appartenais à la zone noire des classes moyennes. Or il s’agit je crois de la pire des conditions des départ car là où un habitant de banlieue parisienne habitant en HLM pourra bénéficier de tout l’attirail social réservé aux boursiers (argent, logement prioritaire, conseils d’orientation et proximité avec les bonnes prépas et les grandes écoles dans ce cas précis), un habitant de province appartenant aux classes moyennes n’aura droit à aucune aide et devra donc se payer un appartement avec ses petites économies (sans APL si non-conventionné), ou tenter de trouver un logement universitaire dans des résidences surpeuplées. C’est là un boulet que seuls comprendront ceux qui ont vécu cette situation.
Les confusions de domaine consistent à comparer des réussites dans des secteurs porteurs avec des parcours dans des secteurs en crise. J’ai choisi ce métier pour des raisons affectives, parce que j’aimais l’idée de créer des ensembles mécaniques, et je dois bien reconnaître que j’aurais peut-être dû m’orienter dans l’informatique ou la finance et faire un choix d’intérêt.
Ensuite à ceux qui prétendent que je suis sûrement « bon à rien » je répondrais : bien au contraire, et c’est bien ça mon problème aujourd’hui. Car travaillant dans un secteur en crise dans lequel les compétences se font rares mes qualifications sont recherchées, et lorsque je postule à un emploi quelconque je me retrouve de ce fait immédiatement attaché à un poste d’exécutant car je suis, malheureusement pour moi, capable de faire. Or comme je l’ai déjà dit je ne vois que rarement dans l’encadrement des gens capables de faire à la place d’un technicien. Mes compétences techniques deviennent, de ce fait, un handicap à une quelconque promotion.
Enfin à ceux qui me conseillent de « me remuer » je souhaiterais préciser que ce n’est plus mon cas aujourd’hui, car je me suis épuisé durant toutes ces années pour finalement ne rien obtenir et cela m’a porté un sérieux coup au moral. Ceci est, je le reconnais, l’un des facteurs qui explique la faiblesse des salaires que l’on me propose. Je n’ai plus envie de retourner travailler, je n’ai plus cette « gnaque » aveugle des années où je croyais pouvoir gagner une meilleure situation.
Voilà donc ma réponse, en complément de mon autre commentaire antérieur qui se trouve un peu plus bas. Si vous n’avez pas trouvé de réponse à vos remarques dans ce commentaire, c’est sûrement que j’ai déjà répondu dans mon commentaire précédent.