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Commentaire de Luc-Laurent Salvador

sur La souffrance au travail des enseignants


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Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 19 octobre 2011 13:44

@ l’auteur

Article qui a le mérite de rappeler une certain nombre de points dramatiques dans la situation de l’éducation nationale.

En particulier, le manque cruel de préparation des enseignants à la réalité de terrain.
Ils n’ont ni la formation théorique suffisante, ni l’entraînement.

Et les plus anciens sont rôdés à une population qui n’existe plus car la réalité socio-économico-éducative a bien changé.

Donc énormément de souffrance à tous les étages avec une tutelle qui ne semble pas se montrer plus à l’écoute ou efficace qu’à France Télécom, bien au contraire (cf. ici sur AV tous les excellents articles de Paul Villach sur le thème de la non défense et même de la mise en cause directe par leur hiérarchie des fonctionnaires enseignants dans l’exercice de leur fonction).

A partir de ce seul point de la formation dramatiquement insuffissante, tout le reste s’ensuit logiquement, sous la forme d’une lente mais sûre désescalade ou plutôt d’un démantelement résolu du service public d’éducation qui, bien sûr, fait le lit du secteur privé.

Pour ma part, je ne crois pas aux agents de médiation.
Ils sont un cataplasme pour adoucir la chute au mieux.
Les agents de médiation, c’est bien dans les banlieues et les zones de non droit crées par toutes les violences socio-culturo-économiques ainsi que les prohibitions contreproductives qu’engendre l’agitation vaine des politiciens seulement dotés d’une moelle épinière, parfois d’un bulbe, mais assurément dénués de matière grise, pauvres marionnettes de l’Empire, seulement capables de parler langue de bois.

Mais les établissement d’éducation ne sont pas dans une zone de non droit. Ou du moins ils ne devraient pas l’être.
Mais peut-être qu’ils le sont en fait ?
Ce serait dramatique.
Car si dans les écoles règne seulement la loi du plus fort (adultes contre élèves) et non la démocratie, alors tout est perdu.
Jamais les adultes ne réussiront à (r)établir l’ordre.
Ni dans les écoles,
Ni dans la société en général.
Ma conviction est qu’il en est ainsi, nous sommes sur cette mauvaise pente.

Pour revenir à la malheureuse collègue de Béziers, son suicide pourrait se lire comme la conséquence de violences institutionnelles, symboliques, donc psychologiques, dont elle aura pu être victime sans pouvoir les dépasser.

Si c’est le cas, elle n’est certainement pas la seule à avoir vécu des choses de cet ordre.
Je ne veux pas suggérer par là qu’il y aurait ici la manifestation d’une banalité acceptable de la violence des rapports humains dans le milieu professionnel.

Tout au contraire, je veux dire que cette violence est inacceptable, qu’elle constitue à mon sens l’indice d’un défaut de protection légale et juridique des personnels vis-à-vis de leur hiérarchie mais que,
mais que,
mais que,
notez bien, que par ailleurs :
les adultes sont infiniment mieux protégés par la loi que les élèves !

Autrement dit, ce que vivent les adultes dans l’éducation n’est que la partie émergée d’un iceberg de rapports de force bien éloignés de l’idéal démocratique et dont les élèves sont les premières victimes silencieuses.

Etonnez-vous qu’ils soient si nombreux à ne pas aimer l’école.

Tant que le respect mutuel dans un cadre démocratique ne sera pas la première chose enseignée à l’école, nous n’y connaîtront ni la paix, ni la justice, ni l’’éducation au sens premier du terme.

Au lieu de former des citoyens, l’école ne verra que passer des barbares sans se donner les moyens d’avoir prise sur eux et en les amenant, tout au contraire, à cultiver l’idée de plus en plus installée par les familles actuelles que ce que l’on veut, on l’obtient dans le rapport de force.

Burn out et pétage de plomb des enseignants vont devenir monnaie courante.

Pour changer cela, il en faudra un peu plus que des indignations syndicales, toujours un peu tièdes au final, car toujours à ménager la chèvre et le chou, puisqu’il faut bien d’un côté trouver des adhérents et de l’autre maintenir avec l’administration une forme de coopération sans laquelle toute efficace est perdue.

Pour moi, l’école changera quand :
1) les parents se mettront de la partie (et pas avec leurs assos affiliées)
2) non pas contre mais avec des enseignants...
3)... des enseignants capables de remettre en question leur pratiques passées et que
4) unis ils exigent des moyens (supérieurs au service de la dette souveraine) non pas pour empêcher le navire de faire eau de toute part, mais pour au contraire, le mettre en cale sèche et tout reprendre de la cale au poste de commandement.

Autant dire qu’il faudra une révolution pour cela.

ça tombe bien, la période a l’air propice à cela  smiley


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