Bonjour Catherine
Votre article appelle plusieurs réflexions :
1°) Il faut remettre au moins partiellement en question le principe de la culture subventionnée. Pour l’Etat ou pour une collectivité locale, subventionner un spectacle revient à faire payer à tous les citoyens des impôts pour que ce spectacle ait lieu.
Revenons en aux fondamentaux de la République, i.e. la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Que dit cette déclaration à propos des impôts ?
Je cite :
"Article XIII
Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable. Elle doit être également répartie entre tous les Citoyens, en raison de leurs facultés.
Article XIV
Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs Représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée ".
Or, la représentation d’une « pièce de théâtre » scatologique ( et d’ailleurs celle d’une pièce de théâtre en général ) n’est ni une dépense d’entretien de la force publique, ni une dépense d’administration. Par conséquent, la subvention publique du théâtre n’est nullement conforme à la déclaration des droits de l’homme, puisqu’elle oblige tout citoyen à payer une fraction, si minime soit-elle, d’un billet d’entrée à un spectacle auquel il n’est, selon toute vraisemblance, pas dans ses intentions d’assister.
Par ailleurs, je me demande bien à quel citoyen on a laissé le droit de constater par lui-même la nécessité de cette contribution, de la consentir et d’en suivre l’emploi...
Je suis à peu près persuadé que si on demandait aux citoyens par référendum « êtes vous pour ou contre le fait de payer des impôts afin que des entreprises de théâtre aient la possibilité, lors d’un spectacle d’étaler des excréments devant un parterre d’intellectuels » ? il ne se trouverait même pas 0,001 % de français pour voter oui a une proposition aussi manifestement extravagante.
Evidemment, je ne voudrais pas passer pour un ultra-libéral que je ne suis pas. Il est bien certain que sans subventions publiques à la culture, il n’y aurait plus guère de concerts de musique classique ni de représentations de pièce de Molière, Racine ou Corneille en France. Or ce patrimoine culturel en péril mérite d’être sauvegardé, ce qui passe par des subventions. Mais je doute fort qu’une pièce scatologique telle que celle qui est décrite dans la critique mise en lien sur l’article fasse un jour partie du patrimoine culturel de l’humanité ...
2°) Il faut rappeler que l’internaute Calimero a eu très abusivement droit à un procès en blasphème ( rebaptisé procès en incitation à la haine raciale ) pour avoir diffusé sur internet une vidéo dans laquelle il brûle le coran et pisse dessus . Fort heureusement, Caliméro vient d’être acquitté en appel, ce qui ne l’a pas empêché de devoir payer fort cher ces avocats, alors que la plainte aurait du normalement être classée sans suite par les juges, et n’aurais jamais du aboutir à une instruction ni à un procès.
Par conséquent, le droit au blasphème existe, y compris celui de pisser où déféquer sur les symboles de n’importe quelle religion, le droit pour des adeptes de religions de manifester pacifiquement pour protester contre un blasphème existe aussi, dans un pays ou la liberté d’expression est un principe fondateur.
3° )Il y a dans cette histoire un « deux poids et deux mesures » tout à fait révélateur.
Imaginons qu’une entreprise de théâtre décide de monter un spectacle dans lequel on déféquerait sur le coran, cette entreprise a t-elle la moindre chance de récolter un centime de subvention ? Certainement pas ! Si des adeptes de l’islam décidaient de manifester contre une telle pièce, les en empêcherait-on, et la police interviendrait-elle aussi brutalement ? Pas la moindre chance !
A noter, pour illustrer cette hypothèse, que l’une des meilleurs pièces de l’histoire du théâtre français, « Mahomet le prophète » de Voltaire, n’ a pas pu être jouée à Genève lors de commémorations voltairiennes, et a eu les pires difficultés à être jouée en France dans une petite localité. Et pourtant, l’on n’y défèque pas sur le coran ...
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