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Commentaire de ChatquiChouine

sur Sommet européen : un suicide collectif en direct


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ChatquiChouine ChatquiChouine 10 décembre 2011 14:04

Tout cela, c’est du grand théatre...de guignol.

Après ce n-ième sommet de la dernière chance, quelles sont les solutions proposées ?
 Une modification des traités...à 17 (sur 27 ?) qui ne pourra intervenir au mieux qu’en mars...et qui devra faire l’objet d’un vote à l’unanimité.

 Outre le fait que cette mesure est totalement déconnectée du temps économique, car qui peut croire que d’ici là des pays comme la Grèce, l’Italie ou l’Espagne vont pouvoir continuer de se financer sur les marchés aux taux délirants qui sont pratiqués, il faudrait aussi se demander si les modifications du dit traité ont un sens et là, on nage en plein délire.

 Une règle d’or pour les 17 et un financement partiel de la dette par le FMI...à qui on donne les fonds pour qu’il nous les prête ! bravo, toute une nuit de débat pour cela, tout cela est tellement absurde que je me demande si ce n’est pas cette volontaire absurdité qu’il faut analyser, associée a l’apparent contentement de Merkel, au scepticisme de Sarkozy et au refus de Cameron.

Ainsi donc, la « règle d’or », si chère aux bons gestionnaires de comptes familiaux serait constitutionnalisée...et il faut comprendre ce que cela signifie.

La méthode, pour les Europeistes,il n’y en a qu’une, il faut baisser les dépenses des états. On peut mesurer les effets d’une telle politique en Grèce, baisse « drastique » des salaires des fonctionnaires, des retraites, diminution non moins drastique des prestations sociales, privatisation de toutes les infrastructures publiques rentables (ports aéroports, autoroutes, loto, téléphonie) avec pour résultat...une baisse considérable de la consommation, une fermeture massive des petits commerces, une fuite non moins massive des capitaux (vers la Bundesbank notamment) avec comme corolaire une diminution énorme des rentrées fiscales et donc....un déficit en hausse, ce que l’on appelle une dépression. Et bien devinez quoi, lorsque cette réforme sera votée, les grecs devront payer une amende ! elle est pas bonne celle là !

De plus, comme le souligne l’auteur, les « aides » financières apportées ne sont que de l’endettement supplémentaire...et de la planche a billet déguisée.

Tout cela est tellement absurde que ça n’en est que plus suspect, et je pencherais pour un scénario tout différent...Merkel joue aux échecs, et elle gagne du temps.
L’ Allemagne a joué depuis 2002 une partition assez sournoise et maladroite, à savoir un mercantilisme forcené.
 Sournoise parce qu’elle a promu une rigueur salariale et sociale en interne toute germanique, prétextant de la nouvelle donne de la concurrence européenne qu’elle a elle même créée en délocalisant nombre de sous traitants hors de la zone euro.
 La concrétisation de cette politique fût le rétablissement d’une balance commerciale largement excédentaire...mais au détriment de ses voisins Européens notamment la France et l’Italie.
 Et c’est là que cette politique montre toute sa maladresse car faire du mercantilisme dans une zone monétaire fermée (70% de l’excédent commercial se fait en Europe) est un jeu à somme nulle, et se paie tôt ou tard.(voir ici notamment l’intervention de Charles Gaves)

 Pour Merkel, parfaitement consciente de la situation, quels sont les scénarios possibles.

- 1) Payer pour les autres en acceptant des Eurobonds, ce qui revient à annihiler tous les efforts consentis par sa population (1% d’augmentation salariale moyenne en 10 ans) pour redistribuer les excédents commerciaux aux pays en difficultés..inacceptable et anticonstitutionnel vis à vis du TFUE (art 125). Sans oublier que mutualiser les dettes entraine une mutualisation du taux d’emprunt sur les marchés, lequel serait forcément beaucoup plus élevé que celui auxquel les allemands empruntent aujourd’hui.

- 2) Monétiser les dettes. Outre que cela soit interdit par la BCE, cette solution fait l’objet d’un rejet quasi « épidermique » en Allemagne, traumatisme de Weimar oblige.

-3) Sortir de l’€.
 Contrairement à ce que pensent beaucoup en disant que l’Allemagne aurait tout à y perdre, cette solution est au regard de la situation actuelle certainement la moins pire de toutes.
 Pourquoi ?
 Parce que ce qu’a notamment révélé François Asselineau (ici, 24’), c’est que les banques centrales de chaque pays de la zone Euro sont les débitrices en dernier recours des comptes courant de leur pays, et que la migration des comptes de grande fortunes qui s’opèrent en ce moment (Grèce, Italie, Portugal, Espagne..etc) vers la Bundesbank (500 milliards d’€) rend cette dernière créancière de banques centrales en très mauvaise posture, autrement dit il s’agit de créances pourries. A ce titre, le bilan de la Bundesbank se dégrade considérablement.

 De ce fait, un retour au Deutshmark est une solution qui est de plus en plus crédible, d’autant plus que certaine rumeurs persistantes semblent indiquer que leur impression est déjà en cours (voir ici, ici ou ).

 Le problème pour Merkel est d’éviter de jouer les boucs émissaires et de rester dans l’histoire comme étant celle qui aurait fait échouer l’UE.
 Cette dernière réunion semblant avoir désigné Cameron comme coupable idéal et avoir pris des mesures aussi incohérentes les unes que les autres, on ne s’étonnera pas de voir Merkel pleinement satisfaite, consciente qu’elle est qu’a court terme, elle pourra sortir de l’€ en prétextant que l’on ne lui a pas laissé le choix.
 


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