Très bel article. Une chose quand même :
« I Phone, les avancées sur le génome, jeux vidéo, médias, images formatées et discours qui le sont autant, veulent toujours faire illusion sur un monde « Under control » uniforme. »
Je me fiche des I Trucs, mais j’aime les jeux vidéos. Depuis longtemps, et je ne crois pas qu’on puisse les comparer aux médias. Parce que là où les médias délivrent des images effectivement « formatées », « normalisées », identiques d’une chaîne TV à l’autre (ou des discours identiques d’une station de radio à l’autre), les jeux vidéo restent encore fin 2011 un mode d’expression (artistique ?) très libre, ouvert, et hétéroclite.
Il est clair que si vous en restez aux images qu’en diffusent les seuls « médias » : spots TV pour faux jeux mais vrais enjeux économiques fédérateurs, formateurs, et normalisateurs, lapins crétins (français moyens) et autres guérilleros anti-terroristes, hi-tech et OTAN-esques ; alors vous risquez d’associer l’univers vidéo-ludique, dans son ensemble, aux images médiatiques qu’on retrouve partout ailleurs (pub, discours politiques, obsessions économiques, et dogme occidental).
Sachez cependant que le monde du jeu, qui est un peu le cœur ardent du « virtuel » en général, est aussi un terrain d’expérimentation du « penser autrement » très libre, actif, et créatif. La télé ne vous parlera jamais de Warsow, par exemple. La presse spécialisée n’en parle pas non plus. Pourtant c’est un très bon jeu (client depuis quatre ans), original tant sur le plan ludique qu’éthique (rejet de la violence et du réalisme pour un univers plus « cartoon » et coloré) ou encore économique (gratuit et open source, développé par ses fans, philosophie « do it yourself »), et très attachant pour les joueurs (rares, faute de pub) qui mettent la main dessus.
Dans un registre plus commercial, moins « alternatif », vous avez sans doute entendu parler de ce hit qu’un grand nombre de joueurs attendaient, l’écume aux lèvres. C’est le troisième volet de la série Deus Ex, dont le premier volet était un chef d’œuvre remarquable. D’abord sur le plan ludique, puisqu’il faisait se rejoindre deux « genres » (tir en vue subjective et jeu de rôle, très schématiquement), mais aussi et surtout du fait de son contenu. Sorti en Europe au mois de septembre 2000, il s’ouvre sur une scène d’attentat très symbolique : des « terroristes » ont décapité la Statue de la Liberté, à New-York, à l’aide d’explosifs. L’attentat génère un climat de peur entretenue par les médias (coupures de presse, TV) légitimant la mise en place de mesures sécuritaires et vaguement liberticides : couvre-feu, arrestations arbitraires, délation, prolifération des caméras de sécurité ; sans oublier la propagande, omniprésente... et à mesure qu’il avance dans les chapitres du jeu, le joueur passe de la haine anti-terroriste primaire (il faut tous les tuer) à son contraire (terrorisme = résistance) pour finalement atteindre une certaine forme de « sagesse » un peu plus mesurée (il n’y a ni gentils, ni méchants, ni solution miracle). Les liens entre économie et gouvernance, confort et liberté, technologie et éthique (bioéthique, sens de l’humain), y sont abondamment traités. Non pas avec des « images » et des discours « formatés », mais avec des situations qui amènent le joueur à s’interroger, douter, exercer son esprit critique.
Un an après la sortie de Deus Ex, premier du nom, ce n’est pas la Statue de la Liberté qui tombait. Mais les tours du WTC n’étaient pas bien loin, et en découvrant certaines dispositions du Patriot Act, j’ai cru voir fiction et réalité se rejoindre. Du coup j’ai suivi le même cheminement que JC, le personnage central du jeu, d’un extrême à l’autre pour devenir finalement (et non sans qu’il m’en coûte) plus nuancé, libre, et critique. Bien qu’ayant rejeté cette société d’illusion dont vous parlez fort bien (plus de TV, modes de consommation différents), je suis resté gamer et attaché à ces jeux. Non parce qu’on m’y oblige ou parce que c’est la mode, le bon discours, la bonne esthétique ; mais au contraire, parce qu’ils m’apportent quelque chose de différent. Et ça fait beaucoup de bien.
Prenez n’importe quel objet culturel et songez-y. Ce qui corrompt l’objet, ce n’est pas l’objet en lui-même. Ce n’est pas non plus l’auteur (musicien, cinéaste, peintre) qui a produit cet objet (cette « œuvre ») en y mettant ce qu’il avait sur le cœur. Ce qui corrompt l’objet, c’est l’usage qu’on en fait : propagande et économie, les deux leviers du pouvoir...
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