Je tiens à réagir à plusieurs propos extrémistes lu à la fois dans l’article et dans certains commentaires.
Je ne pense pas du tout que pour défendre le baclofène, il faille présenter la maladie comme uniquement neurobiologique : le déficit en GHB est une hypothèse, très vraisemblable mais une hypothèse.
Notre association d’utilisateurs du baclofène AUBES, crée en 2010, bien avant celle de madame Imbert) qui regroupent à la fois malades et prescripteurs va d’ailleurs être à l’origine d’une recherche scientifique sur la molécule.
Si le monde de l’alcoologie rejette le traitement, c’est essentiellement parce que le baclofène lui est présenté comme un médicament miracle par les médias et par certains de ses défenseurs. Cela nuit considérablement à sa crédibilité.
Les alcoologues sincèrement préoccupés par leur patients, (il y en a !) pour peu qu’on leur donne les bons arguments : à savoir que le baclofène est un outil formidablement efficace pour combattre le craving (le besoin incompressible de consommer) permettant de majorer l’efficacité des autres prises en charge autour de la maladie : psychologiques, sociales etc, ne rejettent pas le traitement, bien au contraire, ils se mettent de plus en plus à l’utiliser.
Nous avons pu le constater, lors de notre venue au congrès international Toxicomanie Hépatite Sida de Biarritz en octobre, où nombres d’entre-eux sont venus nous rejoindre. Il y a maintenant des réseaux entiers d’alcoologues (dépendants du service public, pas ceux qui tiennent des centres de cures coûteux, bien-sûr !) qui font entrer le baclofène à hautes doses dans leur protocole de soin. C’est d’ailleurs, en tissant un réseau de prescripteurs larges que la reconnaissance du traitement se fera.
C’est notre démarche. Elle est très proche de celle des réseaux de prescripteurs de substituts à l’héroïne, qui ont obtenus dans les année 90 la reconnaissance de ses substituts. Ils se sont battus pour cela avec les malades pendant 10 ans ! Nous faisons de même et avec d’ailleurs les mêmes acteurs !
L’ AMM ne s’obtiendra pas en la réclamant à corps et à cris, dans l’agressivité et l’accusation, sans démarche scientifique. Elle s’obtiendra en accumulant les preuves de l’efficacité du traitement !
Notre réseau de médecin va, par exemple, produire des statistiques sur les cas qu’ils traitent.
On sait déjà que cela correspond grosso-modo aux études déjà menée : 80% de bons résultats : 50% de patients qui cessent toute consommation, 30% qui la réduise aux normes de l’OMS.
Vouloir imposer une vision uniquement neurobiologique de la maladie est aussi extrême que de la présenter comme uniquement psychologique : c’est totalement ,dans les deux cas, anti-scientifique, contre productif et surtout faux.
Car le cerveau est d’une complexité dont les spécialistes disent qu’on est au balbutiement de sa connaissance...
Le baclofène n’empêche pas l’huissier qui vient taper à la porte, ne fait pas revenir le conjoint et les enfants qui vous ont quitté, ne fait pas retrouver du travail, ne soigne pas les maladies concomitantes à l’alcoolisme, ni ne répare tous les troubles psychologiques d’avant l’alcoolisation, ni la mauvaise estime de soi après une vie parfois gachée : alors oui, évidement, la maladie doit être prise en charge de façon multi-factorielle ! Le malade n’en aura que plus de chance de trouver une vie épanouissante.
En tant qu’association qui luttons contre toutes ses dérives extrêmes depuis deux ans, nous regrettons infiniment ces discours qui, loin de convaincre, donne au contraire du grain à moudre aux détracteurs du baclofène...
Quant au monsieur qui voudrait interdire l’alcool, c’est le pendant inverse. Il n’y a que 10 à 20% de personnes addicts dans la population mondiale...On ne va pas empêcher les autres de déguster un bon vin ! D’ailleurs certains viticulteurs ont été les premiers à s’intéresser au baclofène, ils ne sont pas tous à mettre sur le même plan : il y a des alcooliers qui font clairement leur chiffre d’affaire grâce à l’alcoolisme et il y a des producteurs de bon vin qui en ont assez d’être accusés de produire des alcooliques : il est vrai qu’on voit rarement un alcoolique se saouler au Château Margaux tous les jours...
Pour des informations lucides et fiables sur le baclofène nous avons deux forums :
L’un dédié aux patients depuis 2009 avec intervention d’un médecin : http://www.baclofène.fr/
L’autre au corps médical : http://medecin-baclofene.fr/portal.php
Marion Gaud
Association AUBES