Mon dieu misère ! je crois que depuis le 19éme siécle, voire le début du 20éme pour être sympa, on avait pas lu article plus réactionnaire, plus stigmatisant, plus bêtement moralisateur et ignorant sur l’alcoolisme et les addictions en général, à part chez les plus extrémistes religieux, toutes religions confondues ! Les bras m’en tombent ! Les revoilà donc les ivrognes, sans volonté, vicieux, menteurs, voleurs, rebuts de l’humanité...et sous la plume d’un homme qui se croit progressiste en plus. Je me suis frottés les yeux pour être bien sûre de ne pas avoir la berlue. C’est pourtant au 19éme siècle que l’alcoolisme, pour la première fois, a été reconnu comme une maladie et non plus comme un vice. Monsieur vous avez presque 2 siècle de retard dans votre conception de ce qui est une véritable pathologie et dont le premier à en souffrir est celui qui en est atteint, et ne peut vivre sans s’empêcher de consommer le produit dont son corps et son cerveau ont besoin. Quel mépris pour tout ceux très nombreux qui ont tenté de s’en sortir, seuls sans traitement efficace à l’aide de cures, de post-cures, de groupes de parole et qui malgré un effort et travail sur soi constant, que sans doute vous ne connaitrez jamais, ont rechuté...la souffrance du manque étant trop profonde. On va donc reprendre à la base pour vous. Les 10 à 20% d’alcooliques et d’addicts de notre pays, sont des personnes qui auraient une déficit neurobiologique, que vous n’avez pas, tant mieux pour vous, les rendant dysphoriques, (contraire de l’euphorie) donc en traduction simple : malheureux, souffrants et vont chercher dans l’alcool le moyen de combattre cette souffrance, ce mal être que vous ne connaissez pas. En clair, ce sont des malades, de vrais malades, souffrant d"une insuffisance biologique, exactement comme un diabétique, par exemple. Si par dessus, comme souvent, se greffe des drâmes familiaux où autres, la pathologie sous-jacente se déclare. Cela vous arrivera peut-être un jour, à vous qui sait où à votre frère, à votre fils comme à n’importe qui souffrant de ce déficit à la base. Et cela arrive dans toutes les couches de la société : votre médecin, votre banquier, votre collègue, votre notaire, votre assureur est peut-être alcoolique et vous n’en savez rien. Le poivrot, l’ivrogne, il est partout, pas forcément dans la rue ivre-mort... Certes les dommages collatéraux sont énormes ainsi que les dommages financiers. Mais voyez-vous, si les familles, les proches avaient idée de la souffrance du malade alcoolique, et le traitait comme tel plutôt que de le juger selon des codes de moralité d’un autre age, peut-être, pourraient-ils les aider à s’en sortir, plutôt que de les enfoncer comme vous le faites... Car, il y a maintenant une aide médicamenteuse efficace pour ça : le baclofène, qui n’exclue en rien les autres thérapies, psy également. Vous avez des proches dans cette situation, semble-t-il, à vous de voir si, ne voyant les choses que par la petite lorgnette financière, vous allez les laissez dans leur détresse profonde en les stigmatisants où leur tendre la main pour les aider. Vous le pouvez, en les envoyant vers nous, par exemple, afin qu’on leur trouve un prescripteur de baclofène et leur procure un soutien moral via notre forum. http://www.baclofene.fr/ Marion Gaud Association Aubes (association regroupant malades et médecins autour du baclofène pour soigner la dépendance alcoolique)
Je tiens à réagir à plusieurs propos extrémistes lu à la fois dans l’article et dans certains commentaires. Je ne pense pas du tout que pour défendre le baclofène, il faille présenter la maladie comme uniquement neurobiologique : le déficit en GHB est une hypothèse, très vraisemblable mais une hypothèse. Notre association d’utilisateurs du baclofène AUBES, crée en 2010, bien avant celle de madame Imbert) qui regroupent à la fois malades et prescripteurs va d’ailleurs être à l’origine d’une recherche scientifique sur la molécule. Si le monde de l’alcoologie rejette le traitement, c’est essentiellement parce que le baclofène lui est présenté comme un médicament miracle par les médias et par certains de ses défenseurs. Cela nuit considérablement à sa crédibilité. Les alcoologues sincèrement préoccupés par leur patients, (il y en a !) pour peu qu’on leur donne les bons arguments : à savoir que le baclofène est un outil formidablement efficace pour combattre le craving (le besoin incompressible de consommer) permettant de majorer l’efficacité des autres prises en charge autour de la maladie : psychologiques, sociales etc, ne rejettent pas le traitement, bien au contraire, ils se mettent de plus en plus à l’utiliser.
Nous avons pu le constater, lors de notre venue au congrès international Toxicomanie Hépatite Sida de Biarritz en octobre, où nombres d’entre-eux sont venus nous rejoindre. Il y a maintenant des réseaux entiers d’alcoologues (dépendants du service public, pas ceux qui tiennent des centres de cures coûteux, bien-sûr !) qui font entrer le baclofène à hautes doses dans leur protocole de soin. C’est d’ailleurs, en tissant un réseau de prescripteurs larges que la reconnaissance du traitement se fera.
C’est notre démarche. Elle est très proche de celle des réseaux de prescripteurs de substituts à l’héroïne, qui ont obtenus dans les année 90 la reconnaissance de ses substituts. Ils se sont battus pour cela avec les malades pendant 10 ans ! Nous faisons de même et avec d’ailleurs les mêmes acteurs ! L’ AMM ne s’obtiendra pas en la réclamant à corps et à cris, dans l’agressivité et l’accusation, sans démarche scientifique. Elle s’obtiendra en accumulant les preuves de l’efficacité du traitement ! Notre réseau de médecin va, par exemple, produire des statistiques sur les cas qu’ils traitent. On sait déjà que cela correspond grosso-modo aux études déjà menée : 80% de bons résultats : 50% de patients qui cessent toute consommation, 30% qui la réduise aux normes de l’OMS. Vouloir imposer une vision uniquement neurobiologique de la maladie est aussi extrême que de la présenter comme uniquement psychologique : c’est totalement ,dans les deux cas, anti-scientifique, contre productif et surtout faux. Car le cerveau est d’une complexité dont les spécialistes disent qu’on est au balbutiement de sa connaissance... Le baclofène n’empêche pas l’huissier qui vient taper à la porte, ne fait pas revenir le conjoint et les enfants qui vous ont quitté, ne fait pas retrouver du travail, ne soigne pas les maladies concomitantes à l’alcoolisme, ni ne répare tous les troubles psychologiques d’avant l’alcoolisation, ni la mauvaise estime de soi après une vie parfois gachée : alors oui, évidement, la maladie doit être prise en charge de façon multi-factorielle ! Le malade n’en aura que plus de chance de trouver une vie épanouissante. En tant qu’association qui luttons contre toutes ses dérives extrêmes depuis deux ans, nous regrettons infiniment ces discours qui, loin de convaincre, donne au contraire du grain à moudre aux détracteurs du baclofène... Quant au monsieur qui voudrait interdire l’alcool, c’est le pendant inverse. Il n’y a que 10 à 20% de personnes addicts dans la population mondiale...On ne va pas empêcher les autres de déguster un bon vin ! D’ailleurs certains viticulteurs ont été les premiers à s’intéresser au baclofène, ils ne sont pas tous à mettre sur le même plan : il y a des alcooliers qui font clairement leur chiffre d’affaire grâce à l’alcoolisme et il y a des producteurs de bon vin qui en ont assez d’être accusés de produire des alcooliques : il est vrai qu’on voit rarement un alcoolique se saouler au Château Margaux tous les jours... Pour des informations lucides et fiables sur le baclofène nous avons deux forums : L’un dédié aux patients depuis 2009 avec intervention d’un médecin : http://www.baclofène.fr/ L’autre au corps médical : http://medecin-baclofene.fr/portal.php Marion Gaud Association AUBES