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Commentaire de Pierre-Marie Tricaud

sur Croire en Dieu au XXIe siècle : La conviction des scientifiques


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Pierre-Marie Tricaud Pierre-Marie Tricaud 13 février 2012 23:42

Votre argumentation a été mise en bande dessinée par le dessinateur Brunor dans une série intitulée « Les Indices pensables », dont le dernier tome est « Le Hasard n’écrit pas de message ». Elle est intéressante et donne à réfléchir. Cependant, même si j’y adhère à titre personnel, je ne crois pas qu’on puisse jamais arriver à partir de la physique à démontrer quelque chose qui est d’ordre métaphysique, c’est-à-dire, par définition, au-delà de la physique. Notre univers est hautement improbable, c’est sûr. La probabilité qu’il soit dû au hasard est faible, mais elle n’est pas nulle. On peut expliquer cette étonnante conjonction de facteurs par une volonté, mais aussi par un grand nombre de tirages au sort : on peut en effet imaginer que 10 puissance 500 univers aient été « essayés » et que nous soyons dans le seul qui ait « réussi ». C’est la théorie des « multivers », invérifiable, mais ni plus ni moins plausible que la croyance en Dieu. Même les apologètes chrétiens se gardent de parler de preuves, et la bande dessinée citée plus haut parle seulement d’indices, pour dire seulement que si la croyance en Dieu n’est pas prouvée, elle n’est cependant pas irrationnelle.
La seule différence entre la croyance aux multivers et celle en un Dieu qui aime, c’est que l’une fait vivre et pas l’autre. Car la foi, contrairement à ce que croient beaucoup, n’est pas une affaire d’opinion mais de décision, de décision prise parce qu’elle donne du sens. Les incroyants croient souvent que la religion est un ensemble d’énoncés figés et que les croyants ont des réponses définitives, alors que la plupart doutent, ou au moins ne cherchent pas de certitudes. Ils admettent que leur choix n’est pas basé sur des évidences, mais sur une confiance, comme leurs relations avec leurs semblables, qu’ils ne déduisent pas d’un raisonnement scientifique. Ils admettent de vivre dans l’inconfort de devoir concilier un Dieu d’amour et le scandale du mal, qui les pousse à combattre ce mal, alors qu’il serait tellement plus simple de croire que le monde est absurde. Ils admettent de fonder leur vie sur des choix qui ne sont pas raisonnables, mais qui les font grandir, comme ces femmes de marins attendant leur époux après des années, comme la chèvre de Monsieur Seguin ou les insurgés du ghetto de Varsovie qui se battaient en sachant leur combat perdu…
Les athées, comme les fondamentalistes, croient qu’ils savent. La plupart des croyants, comme des agnostiques, savent qu’ils croient.


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