Pas des hadiths israéliens, mais des « israîliyyât », ce qui signifiait dans le jargon ancien « des récits inventés au sein de la communauté juive et rapportés sous forme de hadiths ». Lorsque l’Empire abbasside s’est définitivement affirmé (à partir de l’an 750 de l’ère chrétienne), des millions de personnes appartenant aux communautés subjuguées, notamment au Proche-Orient et en Perse, s’était déjà converties, et beaucoup d’entre-elles ont apporté avec elles leur background littéraire et culturel. En ces temps où les livres commençaient à circuler en nombres, - et de même qu’en Europe d’ailleurs -, jusqu’au 11ème-12ème siècle, il était mal vu de présenter ses idées sous la forme de « l’avis personnel ». On cherchait systématiquement à les « coller » à un personnage du passé. Dans ce contexte, on disait n’importe quoi de n’importe qui, et le Prophète Muhammad, personnage illustre s’il en est, était un candidat de choix pour faire passer n’importe quel message. Ce sont les compilateurs de hadiths, inquiets du « nombre de faux » qui ont introduit le concept d’israïliyyât, visant à délégitimer certains hadiths. Mais le travail de ces compilateurs est resté très superficiel. De nos jours, et même si l’on ne croit pas ce rigolo de Boukhari - le plus connu parmi eux - qui raconte qu’il avait examiné 800.000 textes pour n’en retenir que 6.500, il suffit de jeter un coup d’oeil au nombre extravagant de hadiths rapportés par d’autres compilateurs reconnus comme sérieux (Muslim, ibn Mâja, ibn Hanbal, an-Nissaï, etc.), et qui avoisinent 100.000 unités, le plus souvent contradictoires ou s’opposant au Coran, pour conclure à la nécessaire fausseté historique de leur attribution au Prophète ou à ses Compagnons.