Durant une visite à Londres,
Hollande en avait
appelé aux banques de la City de Londres pour qu’elles voient en lui un
ami : «
Je ne suis pas dangereux, » avait-il dit.
Ceci reprend une déclaration précédente faite le 14 février au
journal britannique The Guardian et où il défendait le PS comme étant
l’ami de la finance : «
La gauche a été au gouvernement pendant quinze
ans, nous avons libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance
et aux privatisations ; il n’y donc pas de craintes à avoir. »
La presse bourgeoise en tire les mêmes conclusions.
L’International Herald Tribune a cité une dépêche de Reuters du 24
janvier : « Les banquiers, traders et gestionnaires de fonds français ne
devraient pas se précipiter pour acheter un aller simple pour quitter
Paris si François Hollande devient président en mars prochain.
Les
changements que François Hollande a proposés ne sont pas effrayants et
ce qui sont effrayants parmi ceux qu’il a esquissés ne sont pas sérieux.
»
Autrement dit, l’aristocratie financière sait parfaitement bien
que tout ce que Hollande dit pour gagner le soutien populaire est un
mensonge et une fraude.
En ce qui concerne sa proposition de renégocier
l’accord sur le projet de traité budgétaire européen signé par le
président français sortant Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela
Merkel, ce n’est pas là une mesure pour défendre la classe ouvrière mais
pour promouvoir les intérêts impérialistes français par rapport à
Berlin. Le caractère chauvin de la campagne de Hollande est aussi
visible dans ses diatribes nationalistes contre les importations
chinoises.
Quant à l’accord sur le projet de traité budgétaire européen tout
comme avec ses autres vagues promesses, Hollande est en train de faire
marche arrière : il se contente maintenant d’un amendement ou d’un
additif appelant simplement à une « croissance économique ». Il a refusé
d’organiser un référendum sur un traité fiscal modifié en le faisant
passer au parlement avec le soutien de la droite, à la manière Sarkozy.
Il s’agit tout simplement d’un mirage utilisé par le PS bourgeois
pour aider ses alliés au sein de la petite bourgeoisie et des partis
jadis de gauche à soutenir Hollande au second tour des élections en mai.
Ces derniers comprennent l’alliance Front de Gauche-Parti communiste de
Jean-Luc Mélenchon, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et les
Verts. Ces partis savent que Hollande vise à appauvrir la classe
ouvrière comme l’a fait le parti social-démocrate PASOK en Grèce et ils
le soutiennent pour cette raison.
Hollande a dernièrement comparé ses annonces faites sur la «
régulation de la finance » comme étant certainement pas plus «
agressives » que le discours prononcé par le président Obama devant le
Congrès. « On pourrait dire qu’Obama et moi avons les mêmes conseillers, !!!!!
» a-t-poursuivi - en précisant qu’il n’avait pas d’objection à la
politique d’Obama sur les salaires, les coupes sociales et les guerres à
l’étranger.
Durant sa visite à Londres, Hollande s’est exprimé devant les
étudiants du King’s College en déclarant que la finance devait «
permettre de créer de la richesse » mais pas aux dépens de l’« économie
réelle. » Ceci reprend le thème de Sarkozy qui avait parlé en 2009 de «
moraliser » le capital après la crise bancaire.
Hollande a aussi dit que la France et la Grande-Bretagne
affrontaient les mêmes obligations de « redresser les comptes publics,
stimuler la croissance (augmenter leur compétitivité) et améliorer la
formation. »
Le signe le plus clair des intentions de Hollande de poursuivre la
politique droitière de Sarkozy est peut-être son engagement ferme pris à
Londres sur la coopération franco-britannique en matière nucléaire et
de défense. Elisabeth Guigou, l’ancienne ministre socialiste, chargée
des Affaires européennes, qui avait accompagné Hollande durant son
voyage, avait clairement fait comprendre que la France resterait dans
les structures intégrées de l’OTAN en respectant le traité militaire de
Lancaster House conclu en novembre 2010 par Sarkozy. Elle a dit que ceci
était valable « plus que jamais. »
Une présidence de Hollande poursuivrait le recours aux méthodes
illégales d’agression coloniale employées par la France et la
Grande-Bretagne aux côtés des Etats-Unis contre la Libye - en Syrie et
ailleurs.
Pour se distancer de Sarkozy et se présenter faussement comme le
candidat du « changement », Hollande a surpris tout le monde (y compris
sa propre équipe de campagne) en affirmant deux jours avant sa visite de
Londres qu’il projetait de taxer à 75 pour cent les revenus dépassant
le million d’euros annuel.
De toute évidence, craignant une révolte de la classe ouvrière en
cas de victoire, Hollande a dit qu’il était nécessaire de maintenir la «
cohésion sociale » et, dans un même souffle, il a cherché à minimiser
son impact sur les riches en disant que seuls 3.000 personnes seraient
affectées. Dans son rapport annuel de 2010, le Crédit Suisse avait placé
la France au premier rang en Europe comptant le plus de millionnaires
en dollars, soit 2,6 millions.
Hollande est connu pour préparer de brutales mesures d’austérité
contre les travailleurs et sa politique sera certainement encore plus
brutale que ce qu’il a annoncé jusque-là. Il s’est opposé à une
augmentation du salaire minimum s’il était élu.
L’Institut national de la Statistique et des Etudes économiques
(INSEE) a constaté en 2010 qu’ : « entre 2004 et 2007 [c’est-à-dire
avant la crise bancaire], les inégalités se sont creusées entre les
ménages très aisés et le reste de la population ; en 2007, le seuil de
pauvreté à 60 pour cent de la médiane correspond à un niveau de vie de
908 euros par mois. 13,4 pour cent de la population, soit 8 millions de
personnes. » Aujourd’hui, après l’éclatement de la crise économique
mondiale et les coupes continues de Sarkozy, la situation est
certainement pire.
.HOLLANDE - SARKOZY - LEPEN MEME COMBAT