• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de ffi

sur Exorcismes spirituels pour en finir avec Kant et Newton


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

ffi ffi 30 mai 2012 15:01

Le gros défaut récurrent des recherches de Mr Dugué est de vouloir tirer sans cesse des « vérités métaphysiques » de la dernière théorie physique à la mode.
 
C’est un défaut absolument commun, mais il s’est largement généralisé en occident depuis les temps révolutionnaires.

Je dis que c’est un défaut, car toute théorie est un modèle abstrait de la nature, qui comporte beaucoup d’incertitudes. On ne peut chercher des vérités métaphysiques sur des modèles naturels incertains.

métaphysique (par étymologie : au-delà de la physique)

D’abord, il y a une inversion. C’est de ma propre métaphysique que je vais tirer les hypothèses sur lequel je vais construire mon modèle physique (la théorie est une construction abstraite). En voulant déduire une métaphysique du réel à partir des théories physiques, je ne peux que retrouver que la métaphysique de leurs auteurs. Par conséquent, on ne peut obtenir aucune information sur l’ontologie du réel, mais uniquement sur l’auteur.

Ensuite, cela prend nécessairement le pli du panthéisme (d’où la tendance au boudhisme moderne : théosophie, écologie, Hypothèse gaïa), car si l’on prétend que la métaphysique est naturelle, découvrable par la physique, c’est que l’on place l’immanence dans la Nature. Or l’immanence est un critère divin. Donc on considère que c’est l’univers lui-même qui est Dieu, et c’est pour cela qu’en cherchant à fonder une métaphysique sur la physique, on ne fait que suivre les idées de la plupart des savants contemporains, qui est l’abolition de la métaphysique elle-même et sa substitution par la physique.
 
Enfin, cela obligerait à changer toute métaphysique à l’éclosion de toute nouvelle théorie à la mode. Or la métaphysique ne peut être sujet aux modes. Si les théories physiques sont des constructions intellectuelles abstraites, définies comme passagères par une science en progrès, la métaphysique se doit d’être une vérité éternelle.

Un autre défaut récurrents des écrits de l’auteur, semble être l’absence de tout esprit critique quant aux constructions scientifiques qu’ils présentent comme vérité générale en dehors des contextes de validité particulier (celui de la construction théorique).

Par exemple, le concept d’entropie. La métaphysique que l’on tire de l’entropie, c’est celle de son auteur : Clausius a doté son nouveau concept d’un volet métaphysique (son opinion propre sur le monde). Cependant, à regarder de plus près ce qu’est l’entropie, on constate qu’elle ne peut se définir que dans certains cas, lorsque le rapport de la quantité de chaleur échangée sur la température peut s’écrire sous forme d’une différentielle exacte, ce qui permet ensuite de faire une intégration de ce rapport chaleur sur température (calcul intégral). Cela permet de définir alors un « vecteur » entropie dual de cette différentielle exacte, comme le vecteur champ électrique est défini dual de la différentielle exacte électrique (dualité de Hodge). Point n’est besoin ici de métaphysique. C’est une question de technique formelle.
Puis, le concept d’entropie du monde est la métaphysique de Clausius, celui d’un monde au tout se dégrade, où le désordre gagne sans cesse. Ceci n’est pas dit par la théorie, et rien dans le monde ne montre que les choses soient naturellement désordonnées. C’est même le contraire : les cristaux poussent, des organismes naissent, des cycles physique perdurent.

Par exemple : le darwinisme. Cette théorie est vouée par sa constitution au panthéisme. En effet, la constatation factuelle est que la vie ne naît que de la vie, qu’il n’y a pas de génération spontanée. Donc, en darwinisme, l’apparition du premier organisme est impossible, à moins de considérer un univers vivant, immanent, éternel, d’où est né, par processus de « sélection universelle » toutes les formes de vie connues sur Terre. Mais le gros problème du Darwinisme vient surtout de la stabilité des espèces. D’une part, il n’a jamais été constaté factuellement qu’une espèce puisse engendrer un individu d’une autre espèce. D’autre part, aucun fossile d’une espèce particulière, parmi les centaines de millions étudiés, n’a montré une évolution graduelle de la forme d’une espèce à travers les époque : une fois existante, l’espèce se reproduit telle qu’elle est.

De même pour Einstein. Il a doublé ses conceptions physiques des discours métaphysiques. Ses conceptions physiques, il les a plagiées sur Poincaré, qui a, en fait, développé toute la théorie de la Relativité restreinte de manière autonome, une relativité, dont il invente le mot au passage, qui laisse un part belle à l’éther : de fait, l’éther n’est pas du tout incompatible avec la relativité puisque Poincaré, en construisant la théorie, cherche précisément à caractériser l’effet de l’éther sur la matière en mouvement (par rapport à l’éther), ce qu’il fait avec brio (l’effet relativiste est l’effet d’advection de l’éther sur l’électron en mouvement). Et Poincaré d’ajouter : « Que l’éther existe ou non, c’est une question de métaphysicien... peut-être plus tard le concept deviendra inutile, mais on le garde car l’occulter serait nuire à la clarté de la théorie. »
Einstein, le métaphysicien, est alors arrivé avec sa métaphysique (et tous les paradoxes qui en découlent).

Bref : chercher à tirer une métaphysique des théories scientifiques ne permet que de trouver la métaphysique propre de l’auteur de la théorie.

La physique ne concerne que le monde naturel.
Mais s’il existe une sur-nature dont la nature tient l’origine, alors la physique ne peut la voir. Cette sur-nature ne se montrera que par sa volonté personnelle lors de manifestations extraordinaires et elle ne pourra donc être connue que par les récits des témoins de cette manifestation.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès