Sur le fait que le harcèlement moral dans un couple n’ait pas de sexe, nous sommes d’accord. Et sur ce plan, j’émets les mêmes doutes que vous sur l’article. Le problème que soulève l’auteur, c’est l’utilisation de l’argument du « devoir conjugal », mais ça ne ressort pas bien dans le texte.
Je souhaite quand même réagir à votre allusion à la « victimisation ».
Comme vous le dites, le harcèlement moral n’a pas de sexe. En revanche, la violence physique, elle, est quand même largement sexuée. Je ne dis pas qu’aucune femme n’agresse physiquement son conjoint (loin de moi l’idée de stigmatiser les hommes victimes de violence physique), mais il faut reconnaître que la violence physique, surtout lorsqu’elle est répétée, est davantage l’apanage des hommes et ce, pour des raisons évidentes (force physique, menaces, mais aussi peur des femmes de quitter leur mari si elles ont des enfants à charge, etc.). Ce n’est d’ailleurs pas pour rien s’il y a une telle disproportion entre les sexes dans les homicides conjugaux.
Le problème, c’est que dès qu’on l’ouvre sur la violence physique faite aux femmes, on a systématiquement droit aux protestations du style : « Et la violence morale, alors, vous en faites quoi ? Les hommes aussi la subissent ! ».
En d’autres termes, à la violence physique subie par les femmes la violence morale, ils opposent le harcèlement moral subi par les hommes, harcèlement moral qui, comme vous le soulignez, n’a pas de sexe... Qui essaie de se faire passer pour une victime, au juste ?
Ce sont ces hommes-là, précisément, qui ne peuvent souffrir d’entendre parler de « violence faite aux femmes », qui ont une attitude de victimisation. Au lieu de simplement reconnaître l’existence d’un problème de société - qui, cela dit en passant, ne les remet nullement en question dès l’instant où eux-mêmes ne frappent pas leur conjointe -, ils ont besoin de tout ramener à eux. Ce de la victimisation doublée d’un égocentrisme édifiant.
Reconnaître un problème qui concerne avant tout un sexe n’empêche pas d’en reconnaître un autre qui concerne les deux.