Chère Catherine Marx, votre article est un concentré de mauvaise foi et de malhonnêteté intellectuelle. Par avance, je m’excuse de la sévérité de mon message, mais je préfère être sincère avec vous puisque vous abordez des questions qui me tiennent à coeur.
Pour commencer, soyez plus précise. Vous dites « D’abord, parce qu’il n’existe pas qu’un seul féminisme, mais plusieurs courants de pensée », mais vous ne citez pas lesquels. Ce qui laisse présager d’une chose : votre manque de culture du féminisme.
De toute manière, vous vous contredisez : vous annoncez donc l’existence de plusieurs courants de pensée, mais la suite de votre article parle du féminisme comme d’un ensemble homogène. Le féminisme ceci, le féminisme cela. Ou encore ce féminisme-là (lequel ?). Pour votre gouverne, les différences entre les courants de pensée du féminisme ne reposent pas seulement sur des postures vis-à-vis de questions concrètes comme le voile ou la prostitution. Ces différences, elles sont idéologiques.
Pour acquérir quelques bases (vous en avez bien besoin !), je vous recommande de chercher sur Google la
différence entre le féminisme essentialiste et le féminisme
universalistes...
Et puis, il est facile de montrer son respect aux féministes du passé - qui ont obtenu des droits élémentaires telles que le droit de vote, l’indépendance financière, etc.- pour mieux démolir ensuite le féminisme actuel, qui serait forcément corrompu. Je ne sais pas quel âge vous avez mais ça ne vous engage pas trop d’agréer les féministes d’antan, qui agissaient quand vous n’étiez pas née. Celles d’aujourd’hui, c’est différent. Leur reconnaître une légitimité vous engage.
D’autre part, ça ne vous est jamais venu à l’esprit que le féminisme d’aujourd’hui se retrouvait face à des questions encore plus complexes ? Je ne dis pas que le combat est plus facile, jusqu’il est moins binaire que « pour ou contre le droit de vote des femmes ». Ne serait-ce que parce que les femmes représentent une catégorie de personnes transversale à toutes
les autres (sociales, culturelles, etc.), donc n’ayant pas toutes les
mêmes aspirations. Mais vu que vous mettez dans le même sac Osez le Féminisme (un féminisme effectivement un peu bourgeois) et Ni Putes Ni Soumises (féminismes issu des cités), je suppose que cela vous échappe complètement.
Autres énormités : vos propos sur le harcèlement... Ayant déjà été harcelée (3 fois au cours de mes 15 ans de vie professionnelle), dont une fois où j’ai été physiquement menacée, j’avoue avoir très mal pris vos propos.
Alors comme ça, il serait contradictoire de défendre le droit des femmes à vivre leur sexualité librement, et celui de ne pas supporter les commentaires grivois (voire les gestes déplacés) à répétition, voire le chantage sexuel sous peine de perdre son poste ? A ma connaissance, le mot « harcèlement » sous-entend un effet de répétition, pas une simple blague douteuse pendant le pot de fin d’année.
Ensuite, vous oublivez juste une chose : quel sexe est majoritaire dans les postes de pouvoir ? Osez me soutenir qu’hommes et femmes se partagent à peu près équitablement le pouvoir en entreprise. Je ne suis même pas en train de défendre la parité en disant cela, je soutiens juste qu’un tel déséquilibre a forcément des implications.
Enfin, personne n’a jamais dit qu’une femme harcelant un homme ne devait pas être condamnée au même titre que si c’était l’inverse.
Symptômatique de la légèreté de votre argumentation, le paragraphe sur la prostitution fait encore plus fort :
"On retrouve d’ailleurs exactement le même cheminement de pensée pour ce qui est de la prostitution, c’est à dire de l’usage que nous faisons de notre sexe dans le cadre de relations sexuelles consenties et tarifées. Au prétexte que l’exploitation existe dans ce domaine comme dans d’autres (exemple : ateliers de travail clandestin), au prétexte que les femmes sont plus nombreuses à exercer ce métier, on qualifie la prostitution d’esclavagisme et de violence faite aux femmes (encore...).«
Alors là, c’est le ponpon ! Déjà, »l’usage que nous faisons de
notre sexe dans le cadre de relations sexuelles consenties et tarifées« est-il vraiment la définition de la prostitution, à vos yeux ? Are you for real ?
Vous connaissez des prostituées contentes de faire ce métier plutôt que de travailler dans une boucherie ? Soit. Mais dans ce cas, je vous soumets l’argument suivant :
»Au prétexte que la prostitution indépendante existe comme dans tant d’autres domaines (le trafic de drogues, par exemple), au prétexte que les femmes sont plus nombreuses à exercer ce métier, on qualifie l’esclavage sexuel de travail comme les autres et de témoin de la liberté sexuelle des femmes !«
Quelle légèreté vis-à-vis de toutes les filles kidnappées en Europe de l’Est et de toutes les Africaines vendues par des oncles ou des tantes dans des réseaux !
A propos des abolitionnistes, vous n’avez même pas noté un changement de taille par rapport à la posture du gouvernement précédent : le racollage ne sera enfin plus un délit. Cela veut dire que c’est le système prostituteur qui est combattu, à savoir les réseaux et leurs clients, et non les prostitués. Dans ces conditions, vous croyez vraiment que la police va perdre son temps à s’intéresser aux prostitués indépendants et à leurs clients ?
En fait, tout votre article transpire une indifférence totale, voire pathologique, vis-à-vis de la souffrance des autres. Qu’il s’agisse des personnes en souffrance à leur travail parce qu’un patron les menaces de les virer si elles ne leur taillent pas une pipe, des femmes battues par leur mari et n’osant pas le quitter par peur des représailles (sur elles ou leurs enfants) ou tout simplement par peur de devoir retrouver du travail, ou des personnes emprisonnées dans un réseau de prostitution, vous vous en foutez. Vous faites partie des gens pour qui la simple existence d’une minorité que vous estimez brimée par tous ces combats (comme les prostitués indépendants, et encore cela reste à prouver) justifie de balayer d’un revers de main toutes celles et ceux pour qui les combats ont trouvé leur raison d’être.
De deux choses l’une : soit vous êtes dans le déni de réalité, soit vous êtes une sorte de »collabo" du patriarcat. Une personne qui aime se faire bien voir des hommes en cassant de la féministe. Une femme soumise, quoi.
29/09 09:13 - galtoch
Ce n’est ni la logique (vu les incohérences de ses propos) ni la maturité intellectuelle (...)
10/09 13:39 - nemotyrannus
Ce qui me fait peur c’est votre propension à tenir pour vérité absolue et indiscutable (...)
09/09 11:58 - joelim
09/09 01:51 - Patricia
J’ai l’impression de me lire, c’est curieux ???? De toutes façons si en (...)
08/09 22:35 - Antoine
La Morgane raisonne comme ses casseroles : l’auteur ne dit pas que le harcèlement sexuel (...)
08/09 15:28 - COLRE
C’est vous qui transpirez votre suffisance supérieure… est-il utile de répondre ? (...)
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