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Commentaire de Luc-Laurent Salvador

sur Refondation : de la violence éducative à l'éducation démocratique


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Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 20 septembre 2012 05:09

Vous faites un résumé très clair de votre position et c’est appréciable.
Cela permet d’aller directement à l’essentiel.
Qui est que selon vous l’éducation à la responsabilité par la liberté et inversement n’est possible qu’après coup, dans un second temps.

Ceci veut dire que pendant un certain temps, dans votre préalable sécuritaire, l’enfant n’est que la marionnette de votre bon vouloir autoritaire censé le sécuriser.
Puisque selon vous il n’est pas censé avoir de liberté, vu que son premier besoin, vous le savez mieux que lui, c’est la sécurité.

Cette position n’est pas cohérente, elle est même intenable à plusieurs titres... :

  1. D’abord, (je ne vous le demande même pas car je sais que) vous êtes incapable de me dire à quel moment l’enfant est censé passer du statut de marionnette à celui d’être vivant doué de liberté que l’on va donc (enfin) éduquer à la responsabilité. Un tel moment n’existe pas et si vous tentez d’en définir un, l’échec est garanti, vous serez toujours dans l’arbitraire le plus total.
  2. Même quand vous niez toute liberté à l’enfant dans la phase du préalable sécuritaire, vous êtes en contradiction avec vous-même car vous lui demandez d’obéir... volontairement puisque (bien sûr) vous n’arrivez pas à vous figurer qu’il doivent obéir comme un esclave, cad, sous contrainte corporelle et menace de mort. Dès lors vous considérez qu’il est déjà doué de libre-arbitre puisque, il faut y insister, vous attendez de lui qu’il choisisse de vous obéir.
  3. En effet, vous entendez être reconnu comme l’autorité source de sécurité. C’est assez légitime dès lors que vous portez soin à votre progéniture. Mais notez bien que là encore vous entendez que cette reconnaissance soit celle d’un être doué de conscience, donc de libre-arbitre et pas celle d’un esclave qui, sous peine de vie ou de mort, doit respecter une étiquette précise pour signifier à son maître qu’il est bien perçu comme le maître auquel on doit obéir.
  4. Le fait de penser que vous puissiez passer d’une phase où l’enfant n’a pas de liberté à une où il en acquiert signifie que vous vous placez dans une position de toute-puissance divine puisque ce faisant vous créez un être à partir d’une marionnette, un peu comme dans Pinocchio.
  5. Avant de donner cette liberté à l’enfant comme Dieu insuffle la vie en Adam, celui n’en a pas à vos yeux. Or, si elle s’y trouve (comme je le soutiens) cela veut dire que vous la piétinez.
  6. Il n’y a pas plus grande violence que celle-ci : la négation de l’être. Le fait d’être traité comme un objet.
  7. C’est cette violence faite à l’enfant et plus tard à l’adolescent qui est à l’origine des rebellions que l’on observe tant dans les familles que dans les écoles.
  8. Une étude réalisée dans un comté de Californie dans les années 70 a montré que la totalité, je dis bien la totalité des crimes de sang intervenus dans ce comté sur une dizaine d’années étaient la conséquence d’une atteinte narcissique, cad que le tueur s’était senti injustement meurtri dans son être par celui qui allait devenir sa victime. La violence assassine était donc, dans tous les cas, j’y insiste, une réaction à une violence perçue préalablement. Ceci veut dire que si vous devez viser la sécurité, c’est bien relativement à l’être, à la personne que vous devez le faire et non pas simplement vis-à-vis de son corps ou de son environnement.
Ce dernier point signifie que deux choses sont absolument nécessaires à tout moment, en tout temps... :
a) respecter l’image de la personne (reconnaissance et respect de ses qualités etc.) et surtout,
b) respect de ce qui fait l’essence de l’être, le critère de l’existence en tant qu’être : le libre-arbitre, la liberté de choix.

Dans les relations humaines, toute situation installée qui perdure vient de ce qu’elle avantage quelqu’un. Il y a toujours des bénéfices quelque part, même quand le tableau semble relever du perdant-perdant.

Ici, je ne peux pas ne pas vous suggérer de vous interroger sur les bénéfices que, peut-être, inconsciemment, vous recherchez en cultivant cette posture quasi-divine de total-contrôle-sur-l’enfant-pour-le-bien-de-l’enfant.

Bien entendu cette suggestion n’est pas faite dans la perspective d’en débattre.
Cette réflexion, si vous y venez, vous appartient complètement.

Merci de m’avoir donné l’occasion de poser les choses clairement (au moins pour moi smiley


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