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Commentaire de easy

sur Y a-t-il plus de violence religieuse dans le monde monothéiste que dans le monde non-monothéiste ?


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easy easy 14 novembre 2012 12:59

Il y a les religions et il y a ce que les gens en font.
Et quand ils veulent tuer, ils savent se servir des prétextes de religion

Mais il est indiscutable que les religions monothéistes où il est question d’un seul dieu jaloux sont celles qui offrent le meilleur prétexte.


Qu’est au fond une religion au moment où elle sert de prétexte pour tuer ?
A ce moment là, elle comporte deux aspects :
Ses aspects fondamentaux et ses aspects de cursus, de parcours.
Mettons que ses aspects fondamentaux soient à peu près fixes ou gelés (surtout s’ils sont écrits). Alors ses aspects d’application historique ressortent très vivants, changeants.

Celui qui a envie de massacrer peut utiliser soit les aspects fondamentaux d’une religion soit ses aspects vivants. Il peut dire par exemple « Ces méchants ont persécuté les nôtres en les jetant aux lions. Nous devons nous venger »
Plus proche de nous, la Shoah, élément historique du judaïsme, peut être utilisée de manière principale par rapport aux éléments fondamentaux de cette religion.


Même lorsque des éléments historiques d’une religion ne sont pas évoqués au lancement d’une croisade, même lorsqu’il n’est brandi que ses fondamentaux, chacun a en tête quelques éléments historiques et ça ancre ses justifications à participer au massacre.

Il y a effectivement des religions à fondamentaux très hégémoniques ou impérialistes et ces religions ont immédiatement provoqué des violences lesquelles ont alors constitué des élements historiques valant ensuite prétexte à entêtement, vengeance, déni...Mais que ces élements soient ou non évoqués lors d’un ordre de guerre, ils sont de toutes manières enseignés et connus et participent donc explicitement ou implicitement aux endurcissements des participants au massacre. 


Serait réellement tolérante une religion qui interdirait très explicitement d’être utilisée de quelque manière que ce soit pour tuer ou réduire qui que ce soit.
Or ce genre de religion, il s’en est proposé tous les jours entre amis mais ça n’aura jamais intéressé grand monde au-delà. (Le bouddhisme est toutefois proche de cette voie)

Pour qu’elle ait des chances de succès, une religion doit soit se dire jalouse soit ne pas interdire la jalousie. Une religion qui prônerait d’abord l’anti jalousie serait vouée à l’échec.





La paramécie, à mon sens, ne pense qu’en Toi-Moi (Elle et l’eau, elle et la bactérie qu’elle mange, elle et le rocher)
Mais déjà le dindon, le grillon, le suricate, pensent en Toi-Moi-Lui. Ce qui ouvre la voie à la jalousie. Disons que la reproduction sexuée ouvre à la jalousie.


Nous, les Hommes, nous avons certainement encore des relations dyades (Moi et le rocher contre lequel je viens de me cogner) Mais à l’instant même où je pense « Quel con ! », que l’insulte s’adresse au rocher ou à soi-même, nous utilisons les mots (nous entendons ces mots en notre tête même sans les prononcer)
Or les mots sont issus de la relation plus-que-dyade, de la relation en triangle, en polygone.
Dès que nous pensons « Oh que cette fleur est belle, Oh que j’ai soif » nous ne sommes déjà plus dans une relation absolument dyade, immédiate ou directe avec l’objet en question, nous sommes dans une relation médiate. Nous sommes encore immédiatiques pour partie mais dès que nous pensons notre relation, nous sommes médiatiques. Alors, raison de plus, dès que nous parlons, et plus encore dès que nous écrivons, nous sommes très médiatiques.

Et comme il ne peut pas y avoir de relation à trois (ou plus) sans jalousie...


Les religions, parce qu’elles ont forcément utilisé le canal des mots (qu’ils soient parolés ou écrits) sont médiatistes. Aucune ne peut nous renvoyer à l’immédiateté de la relation dyade Toi-Moi.
Toutes les croyances ou religions exacerbent et majorent la relation à trois ou plus. Aucune ne nous dit « Ne considère que ce que tu as là, en face de toi et oublie tout le reste, ne pense même pas, ne compare même pas. Contente-toi de ce qui se présente à toi. Contente-toi de l’immédiateté »

C’est pourtant dans l’immédiateté absolue qu’on ne ressent plus le temps qui passe, qu’on ne ressent plus la durée, qu’on ne ressent ni la perspective de mourir ni celle de l’éternité.

C’est en tous cas cela que vit la paramécie (et elle le meurt effectivement pas, elle se divise, devient deux, devient huit...Chacune incarne à la fois l’ancêtre, le père, la soeur, la fille...)

Ressentir, seulement ressentir, fait disparaître le temps (Il nous arrive, ici et là, de vivre ces situations mais elles sont alors, par essence, indicibles sur le moment)

Penser ce qu’on ressent fait surgir le temps, conduit à comparer et induit la jalousie, donc le meurtre.


Comme nous pensons beaucoup, comme nous sommes très médiatiques (nous ne savons pas nous présenter, nous identifier, même in petto, sans utiliser de mots) nous avons des jalousies au regard des perspectives car nous mettons alors en perspective. Nous avons donc envie de tuer (de mille manières, l’incarcération en est une)

Il nous est possible de bloquer en nous notre envie de tuer, d’écarter, d’éliminer (tous les moustiques, toutes les araignées, tous les cafards, tous les méchants..) en installant en nous des tabous anti-crime.

Ces tabous pourraient fonctionner.
Mais si ces tabous nous interdisent de penser « Je vais l’égorger » ils n’interdisent pas de penser et même de dire « Ah la la qu’il m’emmerde ce type qui tire toute la couverture à lui » 
Les tabous nous bloquent pour une part mais ils laissent la voie libre à toutes les pensées et considérations qui s’en approchent. Alors nous nous autorisons des pensées limites.
« Bon, OK, je ne vais pas l’égorger mais je vais lui couper la main » 
« Je ne vais pas le tuer mais je vais participer à sa lapidation en ne jetant sur lui qu’une petite pierre »
« Je ne vais pas le tuer ni voler ses biens, je vais seulement brûler sa maison »


Ainsi le biais du collectif, celui même par lequel est arrivé le mot, est celui qui permet le mieux de massacrer sans se sentir transgresseur du tabou interdisant de tuer.
Comme les religions se proposent de former et de dessiner collectivité ou masse, elles nous médiatisent, elles nous installent des tabous et nous offre les moyens de les contourner de manière collective.

« Je n’ai pas le droit de tuer ou spolier de manière individuelle mais la collectivité peut le faire à ma place. A moi de la manipuler alors ».
 
C’est ce qui fonde nos lois religieuses ou laïques.

La collectivité n’ayant pas de tabous, elle nous fascine et, par imitation-introjection, elle nous médiatise encore plus que par les seuls mots et idéations qu’elle nous livre déjà.
La communauté surpense, surdit, surénonce, suragit et surcondamne. Chacun le sait, chacun en a peur et chacun s’y blottit.



Plus tard, en devenant des smartphones, en devenant la Toile, (plus de corps en viande, même plus de corps sous forme de robot, toutes les émotions obtenues de manière artificielle et illimitée) nous ne connaîtrons plus la jalousie. Peut-être y aura-t-il encore des gens en viande qui se jalouseront à la surface de la Terre mais d’autres seront dans le sol, en sorte de mycélium, invisibles et éternels.

Intuitivement, il me semble que ce passage de notre état en viande de 70 kilos à notre état à la fois nanométrique et diffus ne se fera pas au terme d’une progression technologique linéaire, selon la progression actuelle (qui va encore trop en direction des droïdes) mais au terme d’une brusque reconsidération des choses. Je veux dire que pendant peut-être 50 ans on va continuer d’aller en direction droïdique lorsque soudain, certains découvriront une voie nanométrique qui ressortira vraiment révolutionnaire et en peu de temps, chacun s’y sera converti.


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