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Commentaire de easy

sur Y a-t-il plus de violence religieuse dans le monde monothéiste que dans le monde non-monothéiste ?


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easy easy 17 novembre 2012 01:35

Cette réflexion sur immédiateté, médiateté ne m’est venue que depuis une semaine. Mais ça fait cinq ans que je cherche à comprendre ce qui nous anime et déprime. Je n’ai donc aucun livre ni référence à vous indiquer.

Je crois qu’il faut considérer ce besoin d’immédiateté et remarquer que, paradoxalement, c’est bien elle que nous recherchons à travers les médias et cela parce que (c’est ici que je spécule) nous sommes privés ou nostalgiques de l’immédiateté la plus simple avec les gens (ne serait-ce que parce que nous utilisons des mots et que la définition de notre Moi est censurée par les autres)

Si les médias ne nous intéressaient pas pour leur l’immédiateté potentielle, nous en resterions à la télé en position passive « Je regarde Maman ». Or, à la moindre occasion qui nous a été donnée d’intervenir sur le média, nous avons sauté dessus. Et une fois dessus, c’est « Maman, regarde-moi » (cas flagrant de Nicolas Sarkozy). Et en considérant bien que notre conjoint remplace un peu notre maman originelle.


«  »«  » On m’a dit : déplacer les dieux d’autrui (comme le roi assyrien Sennacherib quand il prit le contrôle de Babylone) relève d’un comportement névrotique, mais les détruire (comme nos bons missionnaires) d’un comportement psychotique, paranoïaque. Qu’en pensez-vous ? «  »«  »

Les définitions des choses sont utilitaristes « Qu’est une voiture ? Bin c’est un moyen de transport ». Or un Himba qui n’a pas utilité de la voiture dira peut-être qu’elle est un machin qui fait des traces continues au sol. Il ne dira même pas le verbe « sert » alors qu’il connaît le concept de ce verbe.

Nos question, comme nos définitions ou réponses sont utilitaristes.
Alors votre question est utilitariste.
Je suis donc tenté de faire comme Pyrrhon afin que ma réponse ne vous serve pas puisqu’ici, il s’agirait, sauf à me méprendre, de pouvoir flinguer plus facilement les missionnaires en ce qu’ils auraient été saccageurs.

J’ai passé mon enfance au Vietnam où les Jésuites et Dominicains avaient sévi.
Aussi bien en Indochine qu’en Amérique latine, j’ai vu (par traces historiques) des centaines de preuves que ces évangélisateurs ne vandalisaient pas en termes de destruction physique des anciennes idoles.

Ils étaient intelligents et très patients. Ils avaient des visions d’Ordre (je veux dire d’Eglise, pas personnelle, pas pressante)

Renverser physiquement un totem c’est se faire tailler en pièces.
Leur prosélytisme était subtil, patient et comprenait toujours une bonne part de syncrétisation. « Je veux qu’ils s’adaptent mais je dois moi aussi m’adapter »

Ce sont tout de même eux qui, courant de véritables risques, (je rappelle qu’ils étaient très souvent seuls dans la jungle) ont osé dire à la Couronne d’Espagne et au Pape qu’il faudrait considérer les sauvages comme des gens sensibles, intelligents, dignes de confiance et surtout, surtout, accepter des compromis, des syncrétisme. Ils veulent rester nus, bin OK.
Ils veulent polygamer, bin OK.
Sans des Las Casas, il ne serait plus resté un seul indien.

Ces missionnaires ont tellement mis d’eau dans leur vin qu’ils doutaient constamment. Se demandant à quoi ça rimait d’accepter des syncrétismes.

Patience
La patience c’est quelque chose qu’ils ont pratiqué (ainsi que le courage) et qui nous sort de l’esprit
On peut tout renverser avec de la patience.


Aucun d’entre eux, à ma connaissance n’a physiquement fait le moindre mal directement à un sauvage alors qu’ils ont été nombeux à finir en rondelles. Leur tête seule rentrant en Europe.



Un parano n’est pas quelqu’un de patient.
Ce n’est pas quelqu’un qui ose se balader seul parmi des sauvages pour la simple raison, il le sait, qu’il n’y survivrait pas une heure.
Un parano ne peut pas traduire une langue, inventer une écriture comme l’a fait Alexandre de Rhodes.
Il ne peut pas concevoir et réussir à créer une réduction (au sens paraguayen)
Il ne peut pas non plus soutenir un débat contre un concile.

Un autre terme serait plus juste à leur appliquer : illuminé.
Ce terme n’est pas médicalisé, il n’est pas scientifique.
Oublions les visions qu’elle aurait eues et Jeanne d’Arc ne serait qu’une illuminée. Sainte Geneviève aussi.

C’est la Soubirous qui serait plutôt psychotique ; Marthe Robin aussi.




Des illuminées, il y en a eu à la pelle. 
Norman Béthune, Gladys Aylward, Gandhi, Tolstoï, Lénine, Malraux, Mao, Bouddha, Alexandra David Neel, Lawrence d’Arabie, Saint Louis, Julien l’apostat, Alexandre le Grand, Napoléon, Alexandre Yersin, Gambetta, Clemenceau, Pétain, De Gaulle, l’abbé Pierre, Coluche, Goya, Beethoven, Géronimo, Nat Turner, Ben Laden, Kadhafi, Hitler, Chaplin, Gérard Philippe...
Des paranos ces gens là ? 
Je crois qu’il n’y a pas lieu de les médicaliser. Ce sont des gens qui se sentaient un grand dessein et qui ont réussi leur vision



Pourquoi un Jésuite tout seul, qui finirait, à force de patience, par parvenir à convaincre les Indiens serait parano ou psychotique et pas ceux de cette liste ?
 
 
Il y a eu des destructions de totems originels mais pas directement par les missionnaires

Pourquoi focaliser sur des bas reliefs égyptiens martelés, sur des destructions de Bouddhas de Bamiyan et leur accorder une énorme importance alors que des cités ont été massacrées et rasées par ailleurs ? Thèbes, Carthage, Palais d’Eté de Pékin, Byzance, Alésia, Dresde, Hiroshima, Nagasaki, Troie, Le Havre, Fort Caroline, Royan, Jérusalem, Babylone.



Cela dit, mes réflexions valent surtout pour les missionnaires des premières heures. Ils faisaient leur machin indépendamment des forces armées ou des colons. Le pape avait ses propres armées et ces hommes d’église étaient des soldats (sans armes) qui n’avaient ni besoin ni envie de négocier avec les armées ou mercenaires des rois.

Alors que les gens d’Eglise qui ont peu ou prou pris leur suite après 1789, ont été beaucoup plus proches du pouvoir de l’Etat du pays maître des lieux. Sans dire qu’ils étaient tous vendus et corrompus, il y en avaient qui ne cherchaient plus qu’à passer de bonne table en bonne table. En 1955, il y avait un Viet évêque et parent du président dictateur Diem du Vietnam qui était devenu propriétaire d’immensités, une sorte de Richelieu.
Rien de ce genre chez les missionnaires des premiers empires coloniaux.

A mes yeux, les premiers missionnaires se sont comportés de manière christique et plus solitaire encore.


Et avant Colomb, Guillaume de Robrouck a osé partir évangéliser les Mongols (avant le passage de Marco Polo) en étant parfaitement seul, sans un couteau dans ses poches.

C’est l’incroyable courage de ces missionnaires sans armes qui a contribué, à mon sens, à convaincre. Et ce sont les convertis qui ont renversé ou délaissé leurs idoles.
Ces néo Jésus n’ont pas commis le moindre geste physique contre quelque statue païenne que ce soit.




«  »«  »Quelle relation avec votre discours sur l’immédiateté ? «  »« 

Les missionnaires ?
Comme la majorité d’entre nous, ils cherchent à ressentir une immédiateté avec les productions médiatiques que sont les transcendances.
Le résultat est qu’ils ne ressentent de l’immédiateté qu’avec le médium (ils ne se voient qu’intermédiaires) avec parfois des éclairs très gratifiants d’immédiateté avec la transcendance où ils se voient alors incarner ou participer à la transcendance. Ils se sentent être l’arc-en-ciel. Cf. Le film Mission à la fin.

Chacun, quand il se lance dans cette aventure, subodore qu’il a quelques chances de vivre l’immédiateté avec la production médiatique et chacun subodore probablement que ces instants ne durent pas. Mais quel pied quand ils se produisent parfois !
(Je pense que les moines de Tibhirine ont vécu cet instants magiques à la fin voire déjà avant, quand ils ont pris la décision de rester malgré les dangers évidents)



Pour les autres que les missionnaires, c’est très similaire et chacun espère ressentir une relation immédiate avec quelque transcendance produite par les médias (auquel il va participer)
Ainsi, Nicolas Sarkozy avait pris un énorme pied quand il a remporté les élections.
Il avait hautement participé d’une part à construire la transcendance ’Président, c’est quelque chose !’ Puis il a poussé les médias au rouge et le soir de sa victoire, il s’est senti incarner cette transcendance.
Mais c’est pareil pour ceux qui vivent le moment où le public du théâtre applaudit à tout rompre, le moment où ils sont jetés en martyrs aux lions, le moment où ils sont fusillés comme résistant.




’’’’’’’ Et quel rapport entre immédiateté, absolu, transcendance ? »«  »« 
L’absolu, la trancendance sont les productions des médias avec lesquelles on veut ressentir l’immédiateté


Toutefois, il existe toutes les dimensions de médias. Ca va de la télé au bistro et ça peut se réduire à deux personnes. Par exemple deux parents peuvent installer une transcendance sur leur enfant (peut-être parce qu’ils ont eu du mal à l’avoir) et eux seuls la verront.

Enfin une personne peut aussi installer seule une transcendance sur quelqu’un ou quelque chien ou objet mais probablement en s’inspirant de modèles largement médiatisés.
 »Ma femme est une princesse"

Il est difficile d’installer seul une transcendance archi inédite sur quelque objet ou personne. C’est la raison pour laquelle je vais à dire qu’une transcendance qu’on installe seul est toujours inspirée de modèles standards donc déjà médiatisés.

Les gens qui vivent seuls et installent seuls une transcendance sur leur chien utilisent des modèles très courants et médiatisés. Leur culte est standard.
Leur transcendance serait originale, ils seraient silencieux et peu gestuels.
Or les gens qui installent une transcendance sur leur chien, leur parlent avec des mots (des médias) et produisent un jeu de mimiques repérable à 100 m. Ils produisent un théâtre connu.





«  »«  » Autre question : le dieu jaloux incarne, à sa façon de dieu tout puissant, le syndrome du rejet : toute sa fureur et sa puissance s’exercent contre ses rivaux (il les nie) et contre les hommes qui lui préfèrent un rival, donc qui le rejettent. Il est littéralement obédé par le rejet, alors que les dieux polythéistes se contentent d’exiger un minimum de respect. Qu’en pensez-vous ? «  »"

Il arrive que les dieux païens harcèlent un pauvre type. Mais ça me semble rare.
Du reste les païens sont surtout harcelés par les génies, ce qui n’est pas la même chose.
Hormis donc quelques exceptions de harcèlement par quelque sorte de dieu, les païens se retrouvent plutôt derrière des dieux qui regardent des dieux mais qui ont faim de viande, de fruits, de vins et qu’il faut alors gâter sous peine de colère.

Un paîen n’est menacé que de n’avoir pas fait offrande. Il n’est pas condamné pour conduite immorale.

Pour un abrahamisme, la colère du dieu condamne à un sort infiniment cruel et pour des motifs d’immoralité ou d’inconduite. Il est hyper moraliste.

A préciser que chez les païens, il existe aussi des règles fermes sauf que une ou plusieurs fois par an (parfois ça virait à un jour chaque semaine et ça devenait le foutoir), il y a une journée où l’on a le droit de déconner.

C’est par syncrétisme et réalisme que les premiers chrétiens ont adopté ici et là quelques journées de relâche (non prévues dans le Livre).
C’est au retour d’une de ces journées de défoulement où l’on pouvait s’insulter sans drame que sous Louis XIV il y a eu un écrasement de foule sur le pont de la Guillotière à Lyon.

C’est plutôt après 1789 que ces journées de défoulement ont été interdites. C’est de nos jours que si l’on est ivre mais connu et qu’on insulte quelqu’un, on peut perdre gros.





La plus grande particularité du dieu unique, c’est qu’il ne parle à personne d’autre qu’à des hommes. Il ne regarde que des hommes et n’est en affaire qu’avec des hommes. Ce qui veut dire que si je ne le sens pas en train de s’occuper de moi, c’est forcément qu’il s’occupe d’un autre et ça me rend alors malade de jalousie envers non pas des dieux mais mes semblables.
Quand je délire, je dois tuer tout le monde pour avoir Dieu pour moi.
Ou si ce n’est dans ce sens que je délire, je dois être un hyper martyr pour qu’il me parle.

Chez les abrahamistes, la relation au dieu est très parlée. (Chez les païens, c’est à peine si le médium consacré peut leur parler directement). Ce dieu unique a tendance à parler directement à quelques rares bienheureux mais des millions de croyants lui parlent à longueur de temps.

Une pythie, une sibylle émet des mots mais vers les hommes ; pas vers le dieu. C’est le dieu qui parle, très vaguement, en utilisant la voix de ces femmes ou du chaman. Quand un oracle regarde les tripes d’un oiseau, personne ne lance de prière vers quelque dieu et quand il raconte les viscères, contrairement à la pythie et au chaman, il parle de manière banale, comme un médecin à un malade, il ne fait pas sa voix bizarre, il n’est pas en transes.

On ne trouve pas de martyrs ou de saints chez les païens (encore qu’il y ait quelques versions Aztèques où le sacrifié se serait senti honoré). Il n’est pas question de mieux-humain, pas question de saint ni d’übermensch





«  »«  » Cela étant, même à deux sur une île, le risque de conflit me paraît évident, par exemple en cas de rareté. «  »«  »

L’objet bouffe est ici un tiers.
Alors jalousie


D’où la situation exceptionnelle du bébé et de sa mère où le tiers bouffe n’est pas un sujet de jalousie et où il fait partie de la mère. En dépit du lait qui a quelque allure de tiers, la relation reste parfaitement Moi-Toi
La mère ayant, en tout réflexe de réciprocité très appréciée de l’enfant, envie de le croquer
 (on n’observe pas ce croquage chez les animaux. Ils ont très souvent leur petit dans leur gueule mais c’est pour les transporter. (Mais peut-être qu’en les observant bien on remarquerait ce croquage)

C’est pour ça que quand on aime fort quelqu’un on a envie de le croquer.

A remarquer alors que pour les Chrétiens, il y a belle astuce à se nourrir et se désaltérer du Christ avec qui on cherche la relation immédiate. C’est comme avec maman.


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