Bonjour,
Vous essayez d’analyser les choses, donc je veux bien ne pas vous faire le procès d’intention de malhonnêteté intellectuelle, et considérer que les oublis de votre article sont causés par un manque d’information. Quelques compléments, donc.
Oui, nous pensons au Front de Gauche que l’Europe est un outil indispensable à la construction d’une politique alternative à la mondialisation libérale et financière. Franchement, si la France n’arrive déja pas à changer l’Europe ; que changera-t’elle toute seule au niveau mondial ? En cela, Mélenchon est cohérent avec lui même : il a d’abord voté Maastricht, croyant que ce n’était qu’une première étape vers l’Europe sociale... puis il a fini par devoir se rendre à l’évidence de traité en traité que cela n’arriverait pas dans les conditions actuelles, et par s’impliquer dans le non en 2005, puis à rompre avec le PS par la suite.
Nous faisons le pari que si un pays comme la France (un des deux piliers de l’Europe) se décide à faire entendre un discours radicalement différent, ça ne pourra rester lettre morte. Mais la stratégie pour y arriver est importante.
A la différence de Hollande et autres socialistes de pacotille qui l’ont précédé dans les autres pays (Papandréou, Zapatero et consorts), l’idée n’est pas d’aller quémander le droit de ceci ou cela, mais de commencer par désobéir à tous ces traités qui nous enferment dans une politique que nous ne voulons pas.
La première étape (annoncée maintes fois pendant la campagne), est de faire la liste des directives européennes auxquelles nous n’obéirions plus, parce qu’étant en contradiction avec le programme pour lequel le peuple nous aura(it) élu, et d’informer les instances européennes que nous ne les appliquerons plus d’orénavant (ils peuvent évidemment toujours attendre les éventuelles amendes qu’ils se décideraient à nous infliger, bien sur).
La seconde, de proposer une autre dynamique (entre autre réforme de la BCE pour qu’elle prête directement aux Etats, ce qui est le socle de la fin de la spéculation, puis nouveau shéma de développement basé sur la coopération entre les peuples au lieu de la compétitivité/compétition : je ne détaille pas, lisez le programme et réécoutez les discours qui en parlent, voire lisez le bouquin de J. Genereux : « Nous on peut ! »).
La désobéissance aux traités n’entraine pas la sortie de l’Europe, ni de l’Euro (comme vous le savez, les règles pour y entrer sont très précises, mais pour en sortir, elles n’existent pas). Par contre, si notre dynamique ne recueille pas l’unanimité (je ne rêve pas), il est possible, dans le cadre des traités de mettre en place des collaborations renforcées entre quelques pays qui le souhaitent sur des points précis. Ca peut permettre de construire un petit noyau qui grandit petit à petit.
Je ne rêve pas, mais je pense qu’un discours qui bannit les politiques d’austérité de la Troïka, porté par la France, ne manquera pas de faire des émules dans les peuples de nombre d’autres pays, à commencer par la Grêce, l’Espagne, voire l’Italie, par exemple, et par créer un effet d’entrainement, rien que par le fait que d’un seul coup, il n’y aura plus de parole unique sur le continent.
Quand je vous entends parler de l’impérialisme que serait le fait « d’imposer » une autre politique, je suis très surpris, car l’attitude du gouvernement allemand aujourd’hui, dans ce cas, vous appelez ça comment ? L’idée pour nous n’est pas d’imposer, mais de proposer une autre voie à creuser, dont les autres peuvent s’emparer s’ils le souhaitent.
Maintenant, si tout cela venait finalement à échouer, il serait encore largement temps de décider de quitter la zone Euro et l’Europe, puisque nous aurons tenté jusqu’au bout toutes les possibilités. Pendant la campagne, cela a été quelque fois évoqué (certes du bout des lèvres, car il faut espérer ne pas en arriver là, parce que, dans ce cas, je ne donne pas cher de notre peau, et jene vois pas comment nous pourrions résister à touts ceux dans le monde qui n’attendent qu’un signe de faiblesse de notre part pour nous imposer une politique bien pire que celle que nous vivons aujourd’hui.
En espérant avoir amener des éléments qui puissent faire avancer votre réflexion. Même si je comprends votre rancoeur face à l’Europe d’aujourd’hui, il ne faut pas se tromper de cible et insulter ceux qui ont la même vision que vous de l’Europe (présente et « idéale »), mais qui ont décidé qu’il n’était pas question de l’abandonner aux forces de la finance sans livrer le combat avant.
Enfin, moi, ce que j’en dis...