Ces discussions sur les salaires des patrons sont stupides et dépourvues de sens.
Déjà, en 1850, l’anarchiste Anselme Bellegarrigue disait :
"Mais, j’y pense, vous devez avant tout exonérer les pauvres, les
travailleurs, les prolétaires ; vous arrivez avec une loi contributive
sur les riches. À la bonne heure ! je suis capitaliste et vous me
demandez un pour cent, diable ! comment me tirer de là ? Tout bien
réfléchi, ce n’est pas moi qui utilise mon capital, je le prête à
l’industrie ; l’industriel en ayant grand besoin, ne laissera pas de le
prendre pour un pour cent en plus, c’est donc sur lui que je me
déchargerai de la contribution. L’impôt sur le capital tombe net sur le
nez du travail.
Je suis rentier et vous frappez le coupon, ceci est inquiétant,
par exemple. À tout prendre, cependant, il y a un moyen de s’en tirer.
Qui est-ce qui doit ? C’est l’Etat. Puisque c’est l’Etat, le malheur
n’est pas grand ; l’impôt qui pèse sur le coupon déprécie immédiatement
d’autant la valeur de ce coupon ; le coupon étant déprécié au préjudice
du débiteur qui est l’Etat et au profit du trésor qui est l’Etat ; l’Etat
tire de sa poche pour mettre dans sa caisse et il reste quitte et moi
aussi. Le tour est très joli et j’avoue que vous êtes d’une belle force.
Je suis propriétaire de maisons de ville et vous imposez mes
appartements ; à cela je n’ai rien, absolument rien à dire. Vous vous
arrangerez avec mes locataires ; car vous ne me supposez pas, sans doute,
assez sot pour ne pas me couvrir de l’impôt sur le loyer.
Le mot le plus dépourvu de sens qui ait été prononcé depuis la révolution de février c’est celui-ci : L’IMPÔT SUR LES RICHES ! Mot,
sinon pervers, du moins profondément irréfléchi. Je ne sais ce qu’on
appelle les riches dans un pays comme celui-ci où tout le monde est
endetté et où l’état des mœurs pousse la plupart des propriétaires,
rentiers et capitalistes, à dépenser, par an, plus que leur revenu. En
tout cas, le riche admis, je vous défie de l’atteindre, vos tentatives
sur lui n’indiquent qu’une grossière ignorance des lois élémentaires de
l’économie sociale et de la solidarité des intérêts. Le coup que vous
voudrez porter au riche ira frapper sur l’industriel, sur le prolétaire,
sur le pauvre. Voulez-vous exonérer le pauvre ? N’imposez personne."
Et quand on dit que le patron de Renault touche 7 fois ce que touche le patron de Toyota, il faut peut-être aussi voir ce qu’il reste après impôts et charges diverses.
Ce qui est à déplorer, ce n’est pas la richesse, c’est la pauvreté.