@ffi et @ tous
Bonjour,
Il ne suffit pas d’asséner une affirmation pour qu’elle devienne vraie. Par ex vous écrivez « Il n’y a guère que la foi catholique qui soit basée sur un « credo ».
Mais les deux autres religions monothéistes commencent par un credo également. Et asséné avec force, et qui affirme une »vérité« c’est-à-dire dans le jargon religieux une affirmation absolue comme étant vraie alors qu’elle n’est qu’une supposition par définition invérifiable : pour l’islam »Il n’y a de dieu qu’Allah et Mohamed est son prophète« et pour le Judaïsme »Adonaï Ekhad« »Dieu est Un« .
Vous remarquerez que par définition tout monothéisme crée de la difficulté sociale voire de l’intolérance puisque il définit que son dieu est le seul, et le seul vrai, donc il dévalue ipso facto, par sa définition, toute valeur aux autres religions qu’elles soient monothéistes ou polythéistes. Alors que la pratique historique des polythéismes grecs puis romain était d’intégrer les autres dieux ou divinités notamment des pays conquis ; on retrouvait ainsi sous des vocables différents par ex la même divinité : Ishtar, Astarté, Artémis, (qui deviendra Diane) et même un prénom comme Esther vient de là.
Il faut bien distinguer les deux sens usuels de »croire« : supposition ( Albert ? je crois qu’il est parti à la Poste) et »je crois en tel dieu« qui est une affirmation de foi dans un dogme, une représentation du monde et de ses finalités, de l’existence de divinités, etc.
La connaissance ne se bâtit que par une démarche scientifique c’est-à-dire qui pratique le doute que l’on qualifie de cartésien (pour rendre hommage à Descartes). La pratique de ce doute s’appelle en termes modernes la »rigueur scientifique« qui est basée sur des protocoles expérimentaux avec formulations d’hypothèses, de critères, de variables dépendantes, de variables indépendantes, avec reproductibilité de l’expérience, etc. Le tout afin de se prémunir contre les approximations, erreurs, croyances, évidences (toujours à remettre en question) stéréotypes et habitudes de pensée ; tout ceci afin d’aboutir à des preuves visibles et mesurables.
Preuves que l’on affine sans cesse : ce n’est pas parce qu’on invalide des données anciennes et imprécises que la connaissance peut être mise sur le même pied d’égalité que la »croyance« , (comme vous le faites) mais c’est la preuve au contraire qu’elle se corrige, s’améliore, s’affine, et est capable de se remettre en question.
Toue autre est le domaine de la croyance qu’elle soit religieuse ou idéologique puisque nous sommes dans l’univers de l’imaginaire et de l’investissement affectif : on croit dans telle divinité et son corollaire (mythes associés, puissance supposée, articles de foi, dogmes, rituels sensés l’influencer, etc.). Le but de ces croyances et de ces systèmes religieux (c’est-à-dire de »représentations affectivement investies« ) est de rassurer l’individu en lui présentant un système qu’il pourrait influencer pour obtenir des faveurs (prières, voeux), s’assurer une vie éternelle, etc.
L’invérifiabilité est ainsi constitutive de toute religion : c’est cela qui paradoxalement permet de la compenser par un »ajout« , la foi, qui devient une sur-affirmation d’un contenu invérifiable, hypothétique mais dont l’investissement affectif (le fait d’y croire) vient compenser la faiblesse constitutive (à savoir sa nature de construction purement imaginaire, de pétition de principe).
Cette »structure« s’applique au communisme ou à d’autres systèmes idéologiques à prétention universelle et totalitaire (c’est-à-dire voulant rendre compte de tout et tout maîtriser). Il suffit de voir l’importance donnée à »l’unité« et à son usage dans le comme-un-isme ou dans le nazisme »hein volk, hein fuhrer, hein reich« . Ou voir également la place qu’y tenait »l’homme nouveau" (aryen dans un cas, nouveau genre humain dans l’autre) pour voir leur visée messianique et leur prétention de refondation universelle et démiurgique.
Cordialement. J.L.