Cher FFI,
Vraiment désolé que vous sentiez blessé par mes propos au point de persifler sur ma compétence. Voici pour répondre sur le fond à vos arguments :
Vous écrivez « C’est à dire
que le catholique affirme croire, tandis que le musulman affirme
connaître. » et « le catholique sait qu’il
croit, tandis que tous les autres croient qu’ils
savent. »
Vous aimez bien jouer sur les mots pour
vous donner une virginité que l’histoire vous récuse ; faut-il
vous rappeler Galilée, Giordano Bruno et tous les « Extra
ecclesiam nulla salus » ??? Pour l’Inquisition il n’y
avait pas de différence. Quant aux intégristes (quelle que soit
leur religion) ils se moquent d’appeler leur conviction « croyance »
ou « savoir » c’est leur volonté d’hégémonie et
d’imposition aux autres de leur dogme, qui prime.
« En revanche, toute croyance
politique et idéologique, bizarrement n’est pas concernée... »
Justement si ! C’est ce que je m’évertue à faire comprendre :
toutes les idéologies sont des religions qui s’ignorent (même sans
dieu(x)), avec la même volonté d’hégémonie planétaire, la même
soif d’absolu, le même non-respect des opinions divergentes (pensée
unique, exclusions du Parti, etc.), etc. Et c’est précisément
contre ce genre d’obscurantisme et d’oeillères obligatoires
(qu’elles soient le fait de religions ou d’idéologies) que la
tolérance et la laïcité ont été crées avec les lois sur les
libertés fondamentales (d’opinion-croyances, d’expression, de
communication).
Quant au vieil argument de l’avancée
des sciences grâce au catholicisme faut-il rappeler encore une fois
tous les procès contre Galilée, Ticcho Braé, Giordano Bruno,
toutes les mises à l’index, les condamnations par encycliques et
lettres pastorales, etc. ??? C’est malgré l’église et non
grâce à elle que se sont faites les avancées de la science. Mais
rassurez-vous c’était pareil avec la Faculté des Sciences (pourtant
non religieuse et qui se prétendait scientifique) : elle
s’opposait chaque fois aux nouvelles découvertes scientifiques. Car
ce n’est pas une affaire religieuse ou idéologique, mais mentale :
l’esprit récuse ce qui dans un premier temps lui semble désordre,
nouveau, étrange, c’est-à-dire qui ne rentre pas dans ses schémas
de pensée ou cadres de référence habituels et qui l’obligerait à
changer ses habitudes mentales. On appelle cela « résistance
au changement ».
L’islam peut aussi revendiquer sa
période de grande tolérance et de recherche intellectuelle
(Averroès, Avicenne, etc.) son siècle des « Lumières »
(Cordoue) c’est grâce à lui qu’ont été sauvés des textes grecs
qui ont permis la Renaissance.
Autrement dit c’est bien la volonté
d’ouverture (ou de fermeture) qui importe, quelle que soit la
religion ou idéologie considérée. C’est-à-dire une « volonté
politique » qu’on peut aussi qualifier d’éthique, indépendant
du contenu des religions ou idéologies x ou y ; et cette
volonté politique ou éthique de neutralité et d’ouverture c’est la
laïcité.
Par contre il faut se garder de tout
« mauvais objet » car se donner un « responsable »
de toutes les catastrophes est la plus sûre façon d’introduire
intolérance et violence. Les gens, les organisations gouvernements,
etc., sont tout à fait capables de créer les pires catastrophes
tout seuls (guerre de 14-18, etc.). Ce qui importe, (plutôt que la
manipulation secrète d’un groupe occulte type franc-maçonnerie)
c’est plutôt de voir les intérêts véritables, économiques,
logiques d’empire, conquêtes coloniales, etc.) qui étaient en jeu.
Donc ne comptez pas sur moi pour faire de quelque « objet »
que ce soit (franc-maçonnerie ou autre« complotisme »)
le responsable commode de ce qu’on peut regretter.
N.B. : Si je suis sévère à l’égard des
religions c’est en tant qu’ « appareils » comme je
le suis à l’égard de l’appareil communiste. Les contenus peuvent en
être intéressant. La théorie marxiste ne me semble pas idiote loin
de là et même être d’actualité comme outil d’analyse.
De même le
contenu du message de Yeoshua le Nosri (plus connu sous le nom de
« Jésus-Christ ») me paraît très intéressant en tant
que problématique du changement (comprendre l’esprit de la loi et
non l’appliquer à la lettre comme une machine), c’était aussi
l’optique du rabbi Hillel contemporain de Jésus ; de même le
renversement de perspective (« si quelqu’un veut te prendre par
la force ta chemise donnes-lui aussi ton manteau ») est
magnifique, elle renverse le vol en soutien du malheureux et aide
réellement humaine à l’égard du semblable : celui qui se
retranchait du corps social par le vol elle le réintroduit dans
l’humanité partagée.
Cela n’est pas rien. C’est même peut-être l’essentiel (quelle que soit l’étiquette) parce que cela réintroduit la personne dans le giron de l’humanité.