Pourquoi donc avez-vous tant besoin
d’essayer de sauver le catholicisme grâce à ce qui n’a rien de
spécifiquement religieux mais qui a tout à voir avec
l’exercice de la raison, sa rigueur, etc., en un mot avec l’activité
rationnelle, la connaissance ?
Je pense que c’est pour résoudre le
problème effectivement crucial « passer de la notion crue à
la notion sue » qui elle est...crédible. Et ne serait plus un
article de foi. Transfert qui est d’ailleurs le même que celui qui
consistait à accoler le concept de « Logos » à celui de
Dieu voire même directement à celui de Jésus pour sortir déjà du
postulat fidéiste et ripper vers celui de connaissance, de savoir
objectif.
Vous donnez la fâcheuse impression
de ne pas trouver dans le christianisme lui-même suffisamment de
valeur au point de devoir la chercher ailleurs.
Or, le
christianisme ou le catholicisme a sa valeur en lui-même, pas par
les « avancées scientifiques » que vous lui accrochez. Il
n’a nul besoin de « preuves » de son « utilité »
dans le domaine de la constitution du savoir, sinon ça se saurait
s’il était une théorie ou une problématique de savoir ou de
science. Ce n’est pas son objet. Cela n’a jamais été sa finalité,
vous ne trouverez pas la moindre trace d’un tel but (favoriser le
développement scientifique ou l’avancée des connaissances) dans les
évangiles.
Et il a suffisamment à faire à essayer de
transformer l’homme. C’est en cela qu’il est plus utile. Et c’était
là, à mon sens sa nouveauté : au lieu de postuler que l’homme
était au service du-des dieu(x) comme c’était le cas dans les
autres religions, il inverse l’optique et fait du dieu le serviteur
de l’homme : ça c’était radicalement nouveau et c’est ce qui a fait
son succès.
On pourrait beaucoup plus voir une sorte de
fécondation entre le message évangélique et la préoccupation
humanitaire des Droits de l’Homme qui, eux, changent réellement les
choses, gênent réellement les régimes dictatoriaux. L’originalité
et la force du christianisme est dans cette optique éthique ou
morale, dans cette autre façon de considérer l’homme, de lui donner
une super-dignité le tirant du statut d’esclave voire d’animal pour
un faire un équivalent ou un partenaire du Dieu au point d’appeler
ce dernier « Père » pour signifier cette dignité aux yeux
de tous. Il fait ainsi de chaque homme un frère de son voisin et lui
donne ainsi une envergure essentielle.