Partie biblique :
P21 L9 GB : La dualité des sexes appartient à la constitution anthropologique de l’humanité.
Le qualificatif d’anthropologique est-il bien choisi ? L’anthropologie est un concept du XVIII° concernant l’étude du corps humain, mais aussi un concept récent Lévi Strauss), pas très « biblique » ni talmudique.
Il concède donc que cette dualité sexuée n’est pas que d’ordre biologique, mais qu’elle est aussi sociale et culturelle, et linguistique (puisque les langues distinguent le masculin du féminin). Et proprement « humaine » l’anthropologie distingue les faits spécifiques à l’humain par rapport aux autres animaux.
Par ailleurs, toutes les bibles chrétiennes traduisent le verset 2/23 de la Genèse par : « Et l’homme dit : Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair ! on l’appellera femme, parce qu’elle a été prise de l’homme. »
Alors que les Bibles juives, à partir des textes hébreux de la Torah disent :
Et l’homme dit : « Celle-ci, pour le coup, est un membre extrait de mes membres et une chair de ma chair ; celle-ci sera nommée Icha, parce qu’elle a été prise de Ich. »
(traduction du Rabbinat)
http://www.lexilogos.com/bible.htm
« homme » et « femme », sont des « noms » que l’homme donne. Ils ne traduisent en rien ce qui est distinctif entre l’un et l’autre (le texte nulle part ne fait allusion au sexe)
Par contre il y a dans Ich et Icha « un effet miroir », la lecture d’une racine commune, que ne retranscrivent pas du tout les mots « homme » et « femme » des traductions chrétiennes en français (contrairement, mais dans une moindre mesure qu’avec l’hébreu, aux « man » and « woman » en anglais).
Cette étape n’est donc pas celle de la distinction des sexes, mais celle de la perception d’une altérité (autre moi) semblable. De même le texte nulle part ne fait allusion au sexe, la parenté de nature peut être d’ordre ontologique, - sur un plan spirituel - et non pas nécessairement présupposée biologique, mâle et femelle.
Similitude qui se retrouve clairement exprimée un peu avant au verset 2/18 où « Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; je lui ferai une aide semblable à lui. »
On peut en déduire que bien que différenciés, et possédant l’un et l’autre une existence propre, ils sont substantiellement (par Essence mais aussi par la chair) de même nature. Ce qui permet plutôt d’affirmer qu’au plan spirituel l’homme et la femme sont égaux, car on voit également mal le rapport entre être une aide et la question des sexes, dont ils ne semblaient nullement se préoccuper :
« L’homme et sa femme étaient tous deux nus, et ils n’en avaient point honte. » (2/25)
Je suis donc loin de partager l’interprétation de Gilles Bernheim :
P21 L16 GB : La Genèse ne voit la ressemblance de l’être humain avec D-ieu que dans l’association de l’homme et de la femme (Genèse 1, 27) et non dans chacun d’entre eux pris séparément.
A croire que dans la théologie talmudique l’homme et la femme ne sont pas l’un et l’autre chacun un être spirituel entier (une personne au sens du droit naturel, une monade ) et qu’ils ne pourraient parvenir à l’être sans s’associer l’un à l’autre.
La question du sexe - et de l’enfant - n’apparaît que plus tard dans le récit biblique.
« Adam donna à sa femme le nom d’Eve : car elle a été la mère de tous les vivants » (3/20) Ève n’est donc pas synonyme de « femme », mais est relatif à une qualité de la femme.
« Adam connut Ève, sa femme ; elle conçut, et enfanta Caïn et elle dit : J’ai formé un homme avec l’aide de l’Éternel. » (4/1) ici encore une fois on retrouve cette question de l’aide.